Centrafrique

La Centrafrique officialise un nouveau partenariat militaire avec les Américains

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Les soldats français déployés en Centrafrique s’apprêtent à quitter Bangui, la capitale, en décembre 2022. BARBARA DEBOUT / AFP

Le président Touadéra, qui, après le départ des forces françaises, avait signé en 2018 un accord militaire avec la Russie et fait appel aux mercenaires de Wagner, a confirmé se tourner vers Washington pour diversifier ses partenaires.

Diversifier ses partenariats. C’est ainsi que les autorités centrafricaines, qui faisaient jusqu’à présent appel à Moscou et aux mercenaires russes de Wagner pour le volet militaire, ont justifié, le 24 décembre, la conclusion d’un nouvel accord de sécurité signé avec les Américains. «La République centrafricaine est en train de faire un travail de diversification de ses relations», a déclaré samedi le porte-parole de la présidence centrafricaine, Albert Yaloke Mokpeme. Les États-Unis d’Amérique ont ainsi proposé à la présidence de «former ses soldats», «aussi bien sur le sol centrafricain que sur le sol américain», une offre que le chef d’État Faustin Archange Touadéra a dit avoir acceptée.

Cette déclaration de Bangui vient confirmer les rumeurs lancées quelques jours auparavant par un article de RFI. La chaîne française révélait que des employés de la compagnie américaine de sécurité privée Bancroft seraient actuellement dans la capitale centrafricaine, pour préparer l’installation du groupe à long terme. «Nous sommes dans le cadre de la reconstruction de l’armée nationale. Dans le cadre de cette reconstruction, nous avons fait appel à des partenaires, parmi lesquels la Fédération de Russie, l’Angola, le Maroc, la Guinée, ainsi de suite», a justifié le porte-parole de la présidence. «Tout ce qui peut nous aider à reconstruire notre avenir et à retrouver la pleine force de nos hommes armés et de sécurité, tout ce qui peut nous aider à le faire, nous travaillons avec eux», a-t-il déclaré.

Lutte d’influence russo-américaine

Le projet d’un rapprochement entre Washington et Bangui était en réalité officieux depuis le début de l’année 2023. En février dernier, Le Monde révélait que le président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra, avait reçu une proposition de l’administration américaine en marge du sommet Etats-Unis-Afrique mi-décembre 2022. Selon les informations du quotidien, les États-Unis avaient alors donné à Bangui un délai de douze mois pour se séparer des mercenaires russes, en échange de nouvelles modalités de partenariat dans le domaine sécuritaire.

Cette officialisation n’en est pas moins un retournement dans cette ancienne colonie française, qui, après le départ de l’opération française Sangaris en 2016, s’était tournée résolument vers la Russie pour le volet militaire. Un accord signé avec Moscou en 2018 prévoyait la fourniture d’armes et la formation d’officier centrafricains dans les écoles militaires russes. Le président Touadéra avait aussi fait appel au groupe Wagner dès 2017. En cinq ans, la société paramilitaire russe est passée de l’aide militaire à l’ingérence politique et au pillage économique, mettant la main sur les mines de diamants et d’or, sans omettre l’exploitation forestière et le commerce d’alcool.

Or, après la mort du fondateur et patron de Wagner Evguéni Prigojine, plusieurs médias évoquaient un mouvement de départ dans les effectifs de Wagner – environ 400 mercenaires auraient quitté le pays en juillet, selon plusieurs sources. «Il y a du départ dans l’air. Ils réduisent la voilure», confiait une source à l’AFP en juillet.

Regain d’intérêt américain
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Centrafrique : le groupe Castel sous le coup d’une enquête pour complicité de crimes contre l’humanité

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Le Parquet national antiterroriste a ouvert une enquête préliminaire contre le géant des boissons, dont l’essentiel de la richesse s’est construit en Afrique.

Pierre Castel, dirigeant du Groupe Castel, lors du salon du vin Vinexpo à Bordeaux, en mai 2019. GEORGES GOBET / AFP
C’est le type d’affaire qui donne des sueurs froides à tous les entrepreneurs et industriels qui investissent dans des pays en guerre et se trouvent confrontés à l’épineuse question du moment où il devient nécessaire de suspendre son activité pour ne pas se rendre complice des agissements des belligérants.
Après la confirmation en mai par la cour d’appel de Paris de la mise en examen pour « complicité de crimes contre l’humanité » du cimentier Lafarge, soupçonné d’avoir versé en Syrie près de 13 millions d’euros entre 2013 et 2014 à l’organisation Etat islamique, à d’autres groupes armés et à des intermédiaires, un autre fleuron industriel français se trouve aujourd’hui dans le collimateur de la justice.

Les sommes en jeu et les implications géostratégiques sont sans commune mesure mais, mercredi 29 juin, le Parquet national antiterroriste (PNAT) a ouvert une enquête préliminaire sur de mêmes accusations de « complicité de crimes contre l’humanité » et de « complicité de crimes de guerre » visant cette fois le groupe Castel en Centrafrique.

Aucune plainte n’avait pourtant été déposée au préalable contre ce géant des boissons, parmi les premiers producteurs et négociants mondiaux de vin. Connue en France pour ses marques Listel, La Villageoise ou le caviste Nicolas, la marque a construit l’essentiel de la richesse en Afrique sous l’impulsion de son président-fondateur Pierre Castel, 95 ans et neuvième fortune française – avec sa famille – selon le classement 2021 du magazine Challenges.

« Un arrangement sécuritaire »

La vice-procureure Aurélie Belliot du pôle crimes contre l’humanité, crimes et délits de  (… lire l’intégralité) dans le Monde)