Donald Tusk
Pologne : Donald Tusk, chef de file des pro-européens, élu Premier ministre par le Parlement
Donald Tusk, chef d’une coalition des forces pro-européennes en Pologne, a été élu premier ministre lundi 11 décembre par un vote du Parlement. L’élection de l’ancien président du Conseil européen était quasiment assurée après l’échec du premier ministre sortant. Même si la coalition de forces pro-européennes a remporté les législatives du 15 octobre, c’est au pouvoir nationaliste sortant que le président Andrzej Duda, son allié, avait d’abord confié la tâche de constituer un gouvernement, retardant de près de deux mois la fin des huit ans du camp nationaliste populiste au pouvoir. Analyse.
500 000 manifestants contre le gouvernement polonais, et plus
Manifestation monstre à Varsovie : pourquoi l’opposition polonaise fait bloc autour de Donald Tusk
Une grande marche prévue depuis des mois à l’appel de Donald Tusk, le leader de Plateforme civique, le plus grand parti d’opposition libérale, s’est tenue à Varsovie le dimanche 3 juin, soit la date anniversaire des premières élections polonaises partiellement démocratiques de 1989. Et le cortège, fort de 500 000 manifestants, s’est mué en un référendum contre le parti populiste et nationaliste Droit et justice (PiS) au pouvoir, son chef Jaroslaw Kaczynski et ses alliés. « La démocratie en danger ! », « Non à une Pologne autoritaire ! » clamaient, dans une marée de drapeaux blanc et rouge, les pancartes et les banderoles brandies par un demi-million de manifestants, venus de l’ensemble du pays. L’ancien président Lech Walesa, bête noire du régime actuel, défilait aux côtés de Donald Tusk et du maire de Varsovie Rafał Trzaskowski, ex-candidat malheureux à la présidentielle. Les dirigeants de la majorité des partis d’opposition avaient encouragé leurs partisans à rejoindre la grande marche de protestation. L’opposition était pourtant jusque-là divisée, et seuls 100 000 participants étaient attendus.
À l’origine de cette unification imprévue ? Le PiS, qui a cru bon, à quatre mois de législatives cruciales, d’adopter une loi fort décriée, instituant une commission d’enquête sur l’influence russe, qui prévoit de bannir pendant 10 ans de toute fonction officielle ou mandat les personnes jugées coupables d’en être complices.
Une mesure dont l’objectif est transparent : le leader du PiS Jaroslaw Kaczynski ne cesse d’accuser Donald Tusk d’intelligence avec l’ennemi allemand ou russe, le tenant, entre autres forfaitures, responsable de l’accident de l’avion présidentiel polonais, en avril 2010, où périt son frère jumeau Lech. L’opposition a aussitôt jugé que la loi, baptisée « Lex Tusk », visait à exclure du scrutin le leader de l’opposition. Or, Donald Tusk, après avoir été Premier ministre polonais de 2007 à 2014, a tout de même présidé le Conseil européen de 2014 à 2019. Et il n’est évidemment pas d’usage, dans l’Union européenne, d’empêcher un adversaire politique de se présenter à un scrutin en le criminalisant, comme cela s’est récemment passé en Turquie avec le maire d’Istanbul, ou depuis des années en Russie contre toute opposition.
Les réactions internationales ne se sont du reste pas fait attendre. Le commissaire européen à la Justice Didier Reynders et le porte-parole du département d’État américain Matthew Miller se sont dits « préoccupés » par l’adoption de cette loi, qui pourrait « interférer avec des élections libres et équitables » à l’automne et « servir à bloquer les candidatures de personnalités politiques de l’opposition sans procédure régulière ». Le président de la république Andrzej Duda, qui avait motivé sa décision de signer la loi par l’existence d’une commission similaire en France (N.D.L.R. : alors que la commission parlementaire française, crée à la demande de l’opposition, reflète la répartition des forces politiques au sein du parlement, et n’a aucun pouvoir exécutif), fait mine aujourd’hui de vouloir l’amender. Le premier ministre Mateusz Morawiecki, lui, persiste et signe et suggère d’adopter une telle loi au niveau européen.
(source: Mariannet.net)
Contre un « Polexit », des dizaines de milliers de Polonais ont défilé dans les rues
Menés par Donald Tusk, les manifestants ont défendu leur appartenance à l’UE après la décision de la Cour constitutionnelle contestant la primauté du droit européen.
MANIFESTATION – Des dizaines de milliers de Polonais sont descendus dans la rue dimanche 10 octobre au soir pour défendre l’appartenance de leur pays à l’Union européenne, après une décision vendredi de la Cour constitutionnelle polonaise contestant la primauté du droit européen.
Cette décision, refusant tout contrôle européen sur les lois polonaises, pourrait marquer un premier pas vers une sortie de la Pologne de l’UE. C’est contre cette idée d’un “Polexit” que les Polonais se sont mobilisés dimanche, à l’appel du chef de l’opposition et ancien président du Conseil européen Donald Tusk.
“Des dizaines de milliers de personnes à Varsovie et dans plus de 100 villes et villages en Pologne sont venues protester contre ce que ce gouvernement fait à notre patrie”, a lancé Donald Tusk à une foule immense munies de drapeaux bleus européens dans la capitale (voir la vidéo ci-dessus).
“Défendre une Pologne européenne”
Plus tôt dans la journée, il avait appelé ses compatriotes à “défendre une Pologne européenne”. “Nous devons sauver la Pologne, personne ne le fera pour nous”, avait-il ajouté sur Twitter.
“Je suis ici car je crains que nous quittions l’UE. C’est très important, surtout pour ma petite-fille”, a déclaré Elzbieta Morawska, 64 ans, qui défilait à Varsovie.
“Le Royaume-Uni vient de quitter l’UE et c’est une tragédie. Si la Pologne part maintenant, ce sera également une tragédie”, estimait Aleksander Winiarski, 20 ans, qui étudie en Angleterre et manifestait également dans la capitale.
La Pologne et d’autres pays d’Europe centrale et orientale ont rejoint l’Union européenne en 2004, 15 ans après que le mouvement syndical de Lech Walesa avait contribué à renverser le régime communiste.
L’appartenance à l’Union reste très populaire, si l’on en croit les sondages, mais les relations entre Varsovie et Bruxelles se sont nettement tendues depuis l’arrivée au pouvoir en 2015 du parti populiste Droit et Justice (PiS).
“Polexit légal”
Les heurts portent notamment sur les réformes de l’appareil judiciaire voulues par le gouvernement, et dont l’UE estime qu’elles vont nuire à l’indépendance de la justice et risquent de conduire à un amoindrissement des libertés démocratiques.
Le plus récent de ces conflits est la décision vendredi 7 octobre de la Cour constitutionnelle polonaise qui a contesté la primauté du droit européen sur le droit polonais, jugeant plusieurs articles des traités européens “incompatibles” avec la Constitution du pays.
La Cour, largement favorable au pouvoir actuel, a également averti les institutions européennes de ne pas “agir au-delà de leurs compétences” en s’ingérant dans les réformes du système judiciaire polonais. Bruxelles avait immédiatement réagi, par la voix de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
“Nos traités sont très clairs. Toutes les décisions de la Cour de justice de l’UE s’imposent à toutes les autorités des États membres, y compris aux tribunaux nationaux. Le droit de l’UE prime sur le droit national, y compris sur les dispositions constitutionnelles”, a-t-elle dit, précisant que “c’est ce à quoi tous les États membres de l’UE ont adhéré”.
Avant le jugement, l’UE avait prévenu que l’affaire pourrait avoir des “conséquences” pour le versement à la Pologne des fonds européens de relance après le Covid. Les analystes voient dans cette décision polonaise un début de “Polexit légal” – ce que le gouvernement a toutefois démenti.
(source: huffingtonpost.fr)
Europe. Donald Tusk réélu : “Varsovie en guerre ouverte contre l’UE”
Malgré l’opposition féroce de Varsovie, l’ex-Premier ministre polonais a été réélu président du Conseil européen le 9 mars. Une défaite cuisante pour le PiS, le parti ultraconservateur et nationaliste au pouvoir, constate la presse d’opposition. Une victoire pour Berlin, estime la presse de droite
La reconduction du Polonais Donald Tusk à la tête du Conseil européen – le sommet des chefs d’État des vingt-huit, bientôt vingt-sept États membres de l’UE – augmente encore la fracture entre l’Union et Varsovie. Élu à 27 voix contre une, Tusk a pu bénéficier du grand soutien de la France et de l’Allemagne.
Furieuse, la chef du gouvernement conservateur nationaliste, Beata Szydlo, a déclaré que la Pologne “n’acceptera pas les conclusions de ce sommet”, censé traiter des questions sur l’immigration, l’économie, la défense et la situation tendue dans les Balkans occidentaux.