Florence Parly
L’Indonésie achète 42 avions de combat Rafale à la France
Djakarta, qui a signé jeudi un contrat pour les six premiers avions de combat français, cherche à diversifier ses alliances face à une hausse des tensions en Asie-Pacifique.

Des négociations étaient en cours depuis plusieurs mois entre Paris et le plus grand pays d’Asie du Sud-Est, qui n’avait jamais acquis précédemment d’avions de combat français.
Le ministre de la défense indonésien, Prabowo Subianto, a annoncé, jeudi 10 février, la signature d’un contrat pour six Rafale dans une commande totale d’une quarantaine d’appareils. « Nous nous sommes mis d’accord pour l’achat de quarante-deux Rafale », avec « un contrat signé [jeudi] pour les six premiers », a-t-il fait savoir après une rencontre avec son homologue française Florence Parly, à Djakarta.
L’Indonésie cherche à diversifier ses alliances et ses fournisseurs d’équipement militaire face à une hausse des tensions en Asie-Pacifique entre la Chine et les Etats-Unis. La France cherche, de son côté, à resserrer les liens avec l’Indonésie après avoir vu sa stratégie pour s’affirmer dans l’Asie-Pacifique ébranlée l’an dernier par la rupture soudaine par l’Australie d’un gigantesque contrat d’achat de sous-marins français et de l’annonce de l’alliance stratégique Aukus (pour « Australie, Etats-Unis et Royaume-Uni »).
« Le choix que fait l’Indonésie est celui de la souveraineté et de l’excellence technique, avec un avion qui a démontré ses capacités opérationnelles à de nombreuses reprises », a souligné la ministre des armées, Florence Parly, aux journalistes. L’Indonésie a également engagé une coopération avec la France dans le domaine des sous-marins, a-t-elle précisé.
Un équipement vieillissant
L’Indonésie dispose d’un équipement vieillissant, essentiellement des F-16 américains et des Sukhoï russes Su-27 et Su-30, et est en négociations avec de multiples partenaires afin de renouveler ses avions de combat. D’autant plus qu’un contrat que l’Indonésie avait signé en 2018 pour l’achat de onze avions de chasse Sukhoï Su-35 à la Russie ne s’est jamais matérialisé, du fait d’une loi américaine qui prévoit des sanctions automatiques dès lors qu’un pays conclut une « transaction significative » avec le secteur de l’armement russe.
Les ministres de la défense français et indonésien avaient signé un accord de coopération de défense en 2021 à Paris et des négociations sur l’acquisition de Rafale étaient en cours depuis plusieurs mois sur le financement et des compensations. Djakarta négocie en parallèle l’achat d’une trentaine d’avions de combat américains F-15, selon les médias, et participe à un projet de recherche et développement avec la Corée du Sud pour l’avion de combat KF-21.
Dassault a connu une année faste en 2021 avec, dix-huit appareils vendus à la Grèce (dont douze d’occasion), trente à l’Egypte et douze d’occasion à la Croatie et une commande record de quatre-vingts appareils destinés aux Emirats arabes unis.
(source: lemonde.fr)
Au Mali, la junte expulse l’ambassadeur de France sur fond de tensions croissantes
Les autorités maliennes ont donné 72 heures à l’ambassadeur Joël Meyer pour quitter le pays.

SAHEL – Les autorités maliennes, dominées par les militaires, ont décidé d’expulser l’ambassadeur de France, a annoncé la télévision d’Etat ce lundi 31 janvier. Une étape de plus dans la brouille qui oppose Bamako et Paris
“Le gouvernement de la République du Mali informe l’opinion nationale et internationale que ce jour (…) l’ambassadeur de France à Bamako, son excellence Joël Meyer, a été convoqué par le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale (et) qu’il lui a été notifié la décision du gouvernement qui l’invite à quitter le territoire national dans un délai de 72 heures”, a annoncé un communiqué lu par la télévision d’État.
La France, acteur majeur de la lutte contre le jihadisme au Sahel
Les autorités maliennes ont justifié cette décision par les récentes déclarations “hostiles” de responsables français à leur encontre.
Cette convocation marque un nouveau durcissement des tensions entre le Mali et la France, l’ancienne puissance coloniale engagée militairement au Mali et au Sahel depuis 2013. Les relations n’ont cessé de se détériorer depuis que des colonels ont pris par la force en août 2020 la tête de ce pays plongé depuis 2012 dans une profonde crise sécuritaire et politique.
La France, elle, continue d’être un des acteurs les plus engagés face à la menace jihadiste dans la région. Au Sahel, un soldat français a notamment perdu la vie dans une attaque au mortier survenue fin janvier contre une base militaire à Gao. Au même moment, au côté des forces burkinabées, les militaires français avaient mené différentes offensives, tuant une soixantaine de jihadistes.
La junte “irresponsable” pour Paris
Ce qui n’empêche donc pas les tensions de rester très vives entre le pouvoir malien et Paris. Le 25 janvier dernier, la ministre des Armées Florence Parly déclarait que la junte multipliait “les provocations”. Son collègue des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian deux jours après, qualifiait la junte d’“illégitime” et ses décisions d’“irresponsables”, après que les autorités maliennes ont poussé le Danemark à retirer son contingent de forces spéciales.
L’expulsion de Joël Meyer, 60 ans, en poste à Bamako depuis octobre 2018, “fait suite aux propos hostiles et outragés du ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères tenus récemment, à la récurrence de tels propos par les autorités françaises à l’égard des autorités maliennes en dépit des protestations maintes fois élevées”, dit le communiqué lu à la télévision malienne, canal de communication privilégié des autorités.
“Le gouvernement du Mali condamne vigoureusement et rejette ces propos qui sont contraires au développement de relations amicales entre nations”, ajoute le texte, dans lequel Bamako “réitère sa disponibilité à maintenir le dialogue et poursuivre la coopération avec l’ensemble de ses partenaires internationaux, y compris la France, dans le respect mutuel et sur la base du principe cardinal de non-ingérence”. Le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop avait prévenu vendredi que son pays n’excluait “rien” dans ses relations avec la France.
Le Mali de plus en plus isolé
La junte est entrée ces derniers mois en résistance face à une grande partie de la communauté internationale et des partenaires du Mali, qui pressent pour un retour des civils à la tête du pays.
La France et ses alliés européens s’alarment aussi de l’appel fait, selon eux, par la junte aux mercenaires de la sulfureuse société russe Wagner, groupe réputé proche du Kremlin, accusé d’exactions en Centrafrique et engagé sur d’autres théâtres. La junte persiste à démentir.
La junte, qui entend se maintenir plusieurs années à la direction du Mali, s’est braquée face aux pressions en invoquant la souveraineté nationale. Les officiels maliens s’en sont eux-mêmes durement pris à la France, ainsi qu’à la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui a infligé le 9 janvier une série de sévères sanctions diplomatiques et économiques au Mali.
La France dénonce des propos « indécents » sur un abandon du Mali
Ses accusations reviennent à “s’essuyer les pieds sur le sang des soldats français”, a déploré la ministre des Armées.

INTERNATIONAL – La France a fermement rejeté ce lundi 27 septembre les accusations “inacceptables” et “indécentes” d’“abandon” du Mali portées par le Premier ministre malien à la tribune de l’ONU, qui reviennent à “s’essuyer les pieds sur le sang des soldats français”, dont un est mort vendredi.
“Il n’y a pas de désengagement français, je tiens à commencer par rétablir des contre-vérités (…) Quand on a 5000 soldats et qu’on se désengage de trois emprises, et qu’on a l’intention d’en laisser encore plusieurs milliers, lorsqu’on déploie au Sahel des blindés dernier cri (…) ce n’est pas l’attitude normale d’un pays qui a l’intention de s’en aller”, a fait valoir la ministre des Armées Florence Parly lors d’une conférence devant des étudiants de Sciences-Po Paris.
Le Premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga a accusé samedi à l’ONU la France d’un “abandon en plein vol” avec la réorganisation de sa présence militaire au Sahel, et ainsi défendu la décision de Bamako d’engager des discussions avec la société paramilitaire privée russe Wagner.
“C’est beaucoup d’hypocrisie, c’est beaucoup de mauvaise foi, beaucoup d’indécence surtout parce que ces propos ont été tenus le samedi 25 septembre, or le vendredi 24 septembre un 52e militaire français a donné sa vie pour combattre le terrorisme au Sahel”, s’est indignée Florence Parly.
“Consultations avec les autorités sahéliennes et maliennes”