Gabriel Boric
Au Chili, le « non » massif pour remplacer la constitution héritée de Pinochet
Le président Gabriel Boric a aussitôt annoncé sa volonté de relancer « un nouveau processus constitutionnel ».

CHILI – C’est « non ». Les Chiliens ont massivement rejeté dimanche 4 septembre la proposition de nouvelle constitution qui visait remplacer celle héritée de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990). Le président Gabriel Boric a aussitôt annoncé sa volonté de relancer « un nouveau processus constitutionnel ».
Le verdict de ce référendum à vote obligatoire est sans ambiguïté et dépasse toutes les prédictions des instituts de sondage. Quelque 61,9 % des électeurs, soit plus de 7,8 millions de personnes, ont glissé le bulletin « je rejette », contre 4,8 millions (38,1 %) favorables à la mention « j’approuve », selon les résultats définitifs.
« L’aspiration au changement et à la dignité exige de nos institutions et acteurs politiques qu’ils travaillent avec plus d’engagement, de dialogue, de respect et d’affection, jusqu’à ce que nous arrivions à une proposition qui nous convienne à tous. Nous allons dans cette direction. Vive la démocratie et vive le Chili ! », a écrit le président sur Twitter.
Los anhelos de cambio y dignidad exigen a nuestras instituciones y actores políticos que trabajemos con más empeño,… https://t.co/gHNTcWRCEa
— Gabriel Boric Font (@gabrielboric)Voir le tweet
Ce choix ne fait cependant que suspendre le processus de nouvelle Constitution entamé après le violent soulèvement populaire de 2019 réclamant plus de justice sociale, et rendait coupable de tous les maux du pays celle rédigée sous le régime militaire.
L’opposition conservatrice opposée au texte
« Je m’engage à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour construire un nouveau processus constitutionnel », a aussi solennellement déclaré après les résultats le président de gauche de 36 ans élu en décembre. Lire la suite »
Le Chili choisit la gauche pour lutter contre les inégalités
L’élection à la présidence chilienne de Gabriel Boric (36 ans), au terme d’un scrutin marqué par une forte participation à l’aune du pays, est avant tout la répudiation d’un modèle économique néolibéral décomplexé.

Editorial. Le Chili a tourné une page de son histoire le 19 décembre. En portant Gabriel Boric à sa présidence, à une large majorité qu’un premier tour serré remporté par le candidat d’extrême droite José Antonio Kast ne laissait pas deviner, les Chiliens ont choisi de tourner le dos à une politique jugée responsable de profondes inégalités, épousée avec seulement quelques nuances par les majorités de droite comme de gauche qui se sont succédé au pouvoir depuis la fin de la dictature d’Augusto Pinochet.
L’élection de l’ancien dirigeant étudiant venu de l’extrême gauche, qui sera à 36 ans, en mars, le plus jeune président de l’histoire du pays, ne marque donc pas seulement un saut de génération. Sa victoire alimente en Amérique du Sud, à gauche, l’espoir d’un regain qui dépasserait en 2022 les frontières du Chili. Des élections cruciales sont prévues en mai en Colombie et plus tard au Brésil. Elles pourraient entraîner le reflux de la droite dure incarnée par Ivan Duque comme celle encore plus extrême de Jair Bolsonaro, quelles que soient les contorsions politiques de ce dernier.
Les élections législatives partielles en Argentine, en novembre, ont cependant mis en évidence les difficultés du président péroniste de centre gauche Alberto Fernandez, dont le parti a été devancé par l’opposition de centre droit. L’Amérique latine compte aussi des bastions d’une autre gauche, autoritaire, dictatoriale, au Nicaragua, à Cuba et au Venezuela, qui reste assez peu compatible avec la première.