Navalny
Josep Borrell en Russie : Moscou s’étonne du changement de version du chef de la diplomatie de l’UE
A son retour sur le Vieux continent, Josep Borrell a présenté sa rencontre avec Sergueï Lavrov comme «très compliquée». Quelques jours plus tôt, en conférence de presse à Moscou, il évoquait pourtant un dialogue «ouvert et franc».
Deux versions d’une même réunion. Après sa visite à Moscou, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a évoqué le 7 février dans une note de blog une rencontre «très compliquée», à la grande surprise de Moscou, qui constate un net changement de ton depuis les propos tenus en conférence de presse. «Les autorités russes n’ont pas voulu saisir l’occasion d’avoir un dialogue plus constructif avec l’UE. Bien que cela ne soit pas totalement inattendu, c’est regrettable et nous devrons en tirer les conséquences», a écrit l’Espagnol, ancien président du Parlement européen, dans sa note. «Il appartiendra aux Etats membres de décider des prochaines étapes, et oui, celles-ci pourraient inclure des sanctions», a-t-il ajouté.
Josep Borrell a indiqué que sa visite portait essentiellement sur la question du respect des droits de l’Homme, notamment sur le cas de l’opposant Alexeï Navalny (incarcéré pour violation des conditions de son sursis) et qu’à ce sujet, «parfois, la discussion avec mon homologue russe a atteint des niveaux de tension élevés». «Ma rencontre avec le ministre Lavrov et les messages envoyés par les autorités russes au cours de cette visite ont confirmé que l’Europe et la Russie s’éloignent l’une de l’autre. Il semble que la Russie se déconnecte progressivement de l’Europe et considère les valeurs démocratiques comme une menace existentielle», a-t-il soutenu. Moscou «étonné» par la sortie de Borrell A la suite de cette publication du diplomate européen, Moscou s’est dit «étonné» de cette présentation de sa visite en Russie par Borrell, «qui contraste nettement avec ses déclarations faites lors de la conférence de presse» avec Lavrov, explique le ministère russe des Affaires étrangères, cité par l’agence TASS. Le 5 février, à l’issue de son entretien avec Sergueï Lavrov, Josep Borrell avait en effet déclaré que l’Union européenne et la Russie avaient eu un dialogue «ouvert et franc» sur un certain nombre de sujets, dont le soutien de Bruxelles à Alexeï Navalny.
«Personne ne l’a limité ni dans le temps, ni en termes de format. Peut-être, après être revenu à Bruxelles, le chef de la diplomatie européenne a-t-il reçu des éclaircissements concernant ce sur quoi il aurait dû mettre l’accent, mais dans ce cas-là cela ne fait que confirmer par qui et comment est élaborée dans les faits la politique européenne», a souligné le ministère russe. Le Point a par ailleurs révélé le 8 février qu’une pétition lancée par des eurodéputés des pays baltes circulerait au Parlement européen pour demander la démission de Josep Borrell à la suite de cette visite qui aurait, d’après les pétitionnaires, gravement nui à la «réputation de l’Union européenne». Les ministres des Affaires étrangères de l’UE s’entretiendront le 22 février pour décider d’éventuelles nouvelles sanctions contre Moscou, une décision qui nécessite un vote à l’unanimité des Etats membres de l’Union. Bruxelles reproche à Moscou de refuser d’accéder à sa demande de libération d’Alexeï Navalny, ce que la partie russe considère comme une forme d’ingérence dans ses affaires intérieures. Autre point de tension : la Russie a procédé à l’expulsion de trois diplomates de l’UE de Russie (un Allemand, un Suédois, un Polonais) pour avoir participé aux manifestations non-autorisées de soutien à Navalny.
(source: francais.rt.com)
Explulsion of Russian diplomats:
Germany, Poland and Sweden announced the expulsion of Russian diplomats after the Kremlin pushed out envoys from the three countries.
The Kremlin said that the three diplomats had taken part in rallies in support of the opposition leader Aleksei Navalny.
Affaire Alexeï Navalny : les Vingt-Sept partagés entre sanctions et dialogue avec Moscou
Les autorités russes ont rejeté la demande du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, de rencontrer l’opposant emprisonné, lors de la visite à Moscou qu’il devait entamer jeudi 4 février.
Josep Borrell devait commencer, jeudi 4 février, à Moscou, une visite de trois jours aux résultats très incertains. La première d’un haut représentant européen depuis 2017, dans le contexte de la nouvelle condamnation infligée à Alexeï Navalny, dont M. Borrell a jugé mercredi, au nom de l’Union européenne (UE), qu’elle était « inacceptable et politiquement motivée ». Il a demandé « la libération immédiate et sans condition » de l’opposant, ainsi que des citoyens et journalistes arrêtés.
« La relation avec la Russie ne peut se résumer au cas Navalny », dit-on dans l’entourage du haut représentant européen pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. C’est toutefois, comme il le soulignait lui-même le 25 janvier, « pour faire passer un message clair quant à nos positions sur les droits et les libertés » qu’il se rend dans la capitale russe, où il devait notamment rencontrer, vendredi, le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
Pour le principe, le chef de la diplomatie européenne avait demandé, en janvier, à rencontrer M. Navalny. Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, a coupé court, estimant qu’une telle décision n’avait en fait aucune raison d’être. Quant à la nouvelle menace de sanctions agitée à la fin janvier – mais non concrétisée à ce stade – par les ministres européens, elle serait « stupide », a jugé M. Peskov.
Une relation stratégique « complexe »
Le voyage du haut représentant sert aussi à préparer le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Sept qui, en mars, doit en principe se pencher sur la « relation stratégique » avec Moscou et, peut-être, examiner un projet de sanctions additionnelles. Les ministres des affaires étrangères européens se sont dits « prêts à réagir par des mesures appropriées si la situation l’exige ».
Russie: rejet de la candidature de l’opposant Navalny à la présidentielle
La Commission électorale russe a rejeté lundi la candidature à la présidentielle du 18 mars prochain de l’opposant Alexeï Navalny, qui a aussitôt appelé ses partisans à boycotter le scrutin.
Invoquant une condamnation judiciaire dénoncée comme « fabriquée » par l’opposant, la Commission a voté à l’unanimité, lors d’une réunion publique, pour refuser le dossier présenté la veille au soir par le juriste de 41 ans à l’issue d’une journée de mobilisation de ses partisans.
« Nous allons appeler tout le monde à boycotter ces élections, nous ne reconnaîtrons pas les résultats », a aussitôt annoncé Alexeï Navalny à la presse.
Cette décision est loin de constituer une surprise car cette instance avait à plusieurs reprises averti que l’opposant ne pourrait se présenter avant 2028 en raison d’une condamnation en février dernier à cinq ans de prison avec sursis pour détournement de fonds dans une affaire remontant à 2009.
La présidente de la Commission Ella Pamfilova a assuré n’avoir « aucune observation » à faire quant aux documents apportés par Alexeï Navalny, répétant qu’il s’agissait de faire respecter la loi.
« Il est évident que ces affaires ont été fabriquées pour ne pas me laisser me présenter », a dénoncé M. Navalny lors des débats publics précédant la décision, s’appuyant sur une décision de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH).
(AFP)