À Washington, les 10 et 11 septembre 2025, Madagascar a tenté une nouvelle fois de défendre son accès à l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), dont l’échéance approche inexorablement au 30 septembre. Officiellement, la délégation, composée des ministres David Ralambofiringa (Industrialisation et Commerce), Olivier Rakotomalala (Mines), du Directeur général des Douanes Lainkana Ernest Zafivanona et accompagnée de représentants du secteur privé, s’est présentée devant le Congrès américain pour plaider en faveur d’un report de la fin du dispositif. L’ambassadrice malgache à Washington, Lantosoa Rakotomalala, en assure la coordination diplomatique.
Mais derrière ce ballet institutionnel se cache une réalité moins reluisante : le gouvernement malgache se retrouve à négocier dans l’urgence un dossier dont l’échéance était connue depuis longtemps. Le ministère de l’Industrialisation et du Commerce lui-même a dû reconnaître, dans son communiqué, qu’« en cas de suspension de l’AGOA, certaines taxes s’appliqueraient immédiatement ». Les opérateurs, en particulier dans le textile, secteur historiquement moteur des exportations malgaches dans ce cadre, risquent ainsi une perte de compétitivité brutale face à leurs concurrents asiatiques.
Face à cette incertitude, les autorités ont choisi une stratégie surprenante : mettre en avant les « minerais critiques », ressources devenues essentielles pour les États-Unis dans le contexte de transition énergétique et de rivalité géopolitique avec la Chine. La présence du ministre des Mines dans la délégation en témoigne. Mais cette tentative de séduire Washington par le sous-sol malgache soulève de nombreuses interrogations.
Cette approche n’est pas sans rappeler le dossier Base Toliara, projet minier piloté par des américains, mais fortement contesté localement en raison de ses impacts sociaux et environnementaux. Associer la prolongation de l’AGOA à la promesse d’accès aux minerais critiques revient à ignorer ces tensions internes et à exposer le pays à de nouvelles fractures sociales. L’on peine à voir comment cette « monnaie d’échange » renforcerait la souveraineté économique de Madagascar, alors qu’elle risque surtout d’ancrer une dépendance accrue aux besoins stratégiques étrangers. Lire la suite »
