Rohingya
Rohingya : accord signé entre le Bangladesh et la Birmanie pour un retour des réfugiés d’ici 2020
Le Bangladesh et la Birmanie ont conclu un accord portant sur le rapatriement des 650 000 Rohingya réfugiés au Bangladesh dans un délai de deux ans. Ils ont fui une campagne de répression de l’armée birmane depuis fin août.
Les deux pays se sont entendus à Naypyidaw, en Birmanie, « sur le document que devront remplir » les Rohingya, a indiqué mardi 16 janvier le ministère des Affaires étrangères du Bangladesh. « Dans les jours qui viennent, les réfugiés pourront commencer à s’enregistrer. Le processus va pouvoir commencer », a expliqué à l’AFP Mohammad Sufiur Rahman, ambassadeur du Bangladesh en Birmanie. Ce dernier a toutefois écarté un retour des premiers Rohingya fin janvier comme cela avait été annoncé : « c’est impossible ».
Sous pression sur la scène internationale et du Bangladesh qui accueille près d’un million de réfugiés rohingyas à sa frontière sud-est, le gouvernement birman d’Aung San Suu Kyi a promis de rapatrier les réfugiés s’ils peuvent prouver qu’ils y habitaient auparavant. D’après le communiqué du ministère des Affaires étrangères du Bangladesh, cinq camps doivent être construits dans l’État Rakhine, l’ouest de la Birmanie, où vivaient la grande majorité des Rohingya.

Pour les Nations unies, cette minorité musulmane a été victime d’une « épuration ethnique ». De nombreuses associations caritatives et diplomates se demandent de toute façon si les Rohingya traumatisés accepteront de rentrer chez eux.
La plupart des réfugiés rohingyas approchés par l’AFP à l’intérieur des camps confirment qu’ils ne souhaitent pas rentrer chez eux – leur village ont souvent été brûlés et leurs champs confisqués. Ils estiment également que l’État Rakhine n’offre pas de garantie de sécurité.
Victimes de discriminations, ils n’ont pas de papiers d’identité et ne peuvent pas voyager ou se marier sans autorisation. Ils n’ont accès ni au marché du travail ni aux services publics comme les écoles et hôpitaux.
Dans un pays marqué par un fort nationalisme bouddhiste, les musulmans rohingyas représentent la plus grande population apatride du monde depuis que la nationalité birmane leur a été retirée en 1982, sous le régime militaire.
Avec AFP et Reuters
Birmanie: Washington dénonce un « nettoyage ethnique » contre les Rohingyas

Les Etats-Unis considèrent que les violences ayant poussé plus de 600.000 Rohingyas à fuir la Birmanie depuis fin août « constituent un nettoyage ethnique » contre cette minorité musulmane, a déclaré mercredi le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson.
« Les responsables de ces atrocités doivent rendre des comptes », a-t-il ajouté dans un communiqué, accusant « certains parmi l’armée et les forces de sécurité birmanes ainsi que les groupes locaux d’autodéfense ».
Rex Tillerson s’est rendu mi-novembre en Birmanie où il a rencontré séparément le chef de l’armée et la dirigeante du gouvernement civil, Aung San Suu Kyi. Depuis le début de cette nouvelle crise des musulmans rohingyas fin août, les Etats-Unis prennent soin de ne pas blâmer la prix Nobel de la paix, mais évoquent ouvertement la responsabilité de l’armée.
Washington s’était refusé jusque-là, contrairement aux Nations unies, à parler de « nettoyage ethnique ».
En réponse à des attaques de la rébellion rohingya, l’armée birmane mène une campagne de représailles dans l’Etat Rakhine, dans l’ouest de la Birmanie.
Plus de 600.000 Rohingyas ont fui depuis fin août au Bangladesh voisin, dont la moitié sont des enfants, et ont témoigné d’exactions, viols ou meurtres de la part des soldats birmans, accusés de vouloir vider la région des musulmans.
Le chef de la diplomatie américaine a de nouveau condamné les attaques imputées aux rebelles rohingyas. « Mais aucune provocation ne peut justifier les horribles atrocités qui ont suivi », a-t-il martelé.
Il a réclamé une « enquête crédible et indépendante » sur le terrain.
(Huffpost)
Comprendre la crise des Rohingya en Birmanie
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D’où viennent les Rohingya ?
Un peu plus d’un million de Rohingya vivent actuellement dans l’Etat d’Arakan, dans le nord-ouest de la Birmanie. Ces musulmans sunnites vivent dans un pays où plus de 90 % des 52 millions d’habitants sont bouddhistes.
Comme le rappelle Le Monde diplomatique, certains historiens considèrent que les Rohingya descendent de commerçants et de soldats arabes, mongols, turcs ou bengalis convertis à l’islam au XVe siècle.
Dans le pays, l’origine même du nom de « Rohingya » est controversée. Les historiens birmans soutiennent que personne n’en avait entendu parler avant les années 1950. Ceux-ci renforcent la position du gouvernement, qui estime que les Rohingya sont arrivés au moment de la colonisation britannique, à la fin du XIXe siècle, et qu’ils sont donc des émigrés illégaux du Bangladesh voisin.
Pourquoi cette crise revient-elle au cœur de l’actualité ?
