Les Iles éparses de nouveau à l’ordre du jour des Nations Unies
Pour rappel, deux groupes de l’élite malgache, le Syndicat des Corps du ministère des Affaires étrangères (Syncormae), et le Syndicat des enseignants chercheurs de l’enseignement supérieur (SECES) sont montés au créneau pour revendiquer le rattachement des « Îles Éparses » à Madagascar.
Lors d’une conférence-débat, organisée au ministère des Affaires étrangères (MAE) l’année dernière, l’intervenant Harimanana Raniriharinosy, maître de conférences en droit international à l’Université d’Antananarivo et expert en relations internationales, (aussi candidat du parti Arema de l’ancien président Ratsiraka aux élections communales d’Antananarivo en 2015), a démontré que « la France a volé indûment ces îles » recélant d’importants trésors naturels dans la ZEE (zone économique exclusive) à Madagascar. Les Nations unies, lors de sa 99e séance plénière, le 12 décembre 1979, ont clairement reconnu que ces îles appartiennent à Madagascar.
Dans sa résolution 34/79, l’Assemblée générale de l’ONU a « invité le gouvernement français à entamer sans plus tarder des négociations avec le Gouvernement malgache en vue de la réintégration de ces îles qui ont été séparées arbitrairement de Madagascar ». Une résolution violée par la France jusqu’ici. Et cela rappelle étrangement le procès en cours entre l’île Maurice (défendue par la femme de George Clooney) et le Royaume Uni (défendue par la femme de Tony Blair) pour le cas des îles Chagos dont la base de Diego Garcia est louée aux américains).
Carte des îles éparses de l’Océan Indien (Wiki)
La question de la « cogestion » avec la France, chuchotée dans certains milieux, est plutôt déplacée, alors que le président de la République, Hery Rajaonarimampianina, l’a évoqué lors d’une conférence de presse après une audience auprès du président français François Hollande. Les autorités malgaches se basent sans doute sur le cas de l’île de Tromelin « cogérée » par la France et Maurice. Mais selon le Professeur Harimanana Raniriharinosy, « le principe de cogestion, concernant les îles éparses, évoquée actuellement par les autorités malgaches, n’existe pas en matière de droit international ». Le cas de Tromelin ne saurait être une référence, même si ce nouveau principe a été favorisé par le Sommet de la Commission de l’Océan Indien qui s’est tenu à Saint-Denis de La Réunion en 1999 et qui évoque une cogestion des îles éparses entre la France, Madagascar et Maurice. Ce qui a été donc effectif pour ce qui concerne Tromelin depuis que les deux pays, la France et Maurice, avaient entériné l’accord de cogestion en 2010.
Actuellement, c’est sur la base de ce principe de cogestion de Tromelin que les autorités malgaches semblent se référer en vue d’une cogestion également des îles Glorieuses, Juan de Nova, Europa et Bassas da India. Mais alors une question se pose à tous: est-ce que cela n’implique pas automatiquement une renonciation du droit de Madagascar à jouir pleinement d’une partie de son territoire ? Car ces îles avaient été reconnues par la France Métropole, à l’époque coloniale, mais détachées arbitrairement par un décret français, le 1er avril 1960, soit deux mois avant l’octroi de l’indépendance de Madagascar.
Ce dossier épineux, très suivi par l’opinion publique malgache et les états-majors politiques, d’ici et d’ailleurs, constitue sans nul doute un enjeu majeur pour démentir le fameux slogan « l’Océan Indien, zone de paix », en particulier pour les ressortissants français de la région !
Car, faut-il le rappeler, ces îles éparses représentent des intérêts économiques et géopolitiques incommensurables (3 à 5 milliards de m3 de gaz et 6 à 8 milliards de m3 de pétrole) se rapportant à la pleine et entière souveraineté nationale malgache. En effet, elles permettent d’avoir le contrôle de l’autoroute maritime du canal de Mozambique, par où passent quelques 5000 navires par an, dont des pétroliers. 30% de la production pétrolière mondiale y passent. Cela représente environ 700 millions de tonnes de brut. Ces îles regorgent également de ressources marines et sous marines énormes. On a surtout parlé de gaz et d’énormes réserves de pétrole, mais d’autres ressources liées à l’environnement existent bel et bien, en particulier des nodules polymétalliques.
R.M.