Paris et Washington exhortent la classe politique libanaise à des « réformes »
Un an après la double explosion dans le port de Beyrouth, une conférence promet plus de 300 millions d’euros d’aides humanitaires. Emmanuel Macron dénonce les dirigeants libanais qui font « le choix du pourrissement ».

La date n’a pas été choisie au hasard. Un an après l’explosion cataclysmique qui dévastait le port de Beyrouth et les quartiers voisins, et alors que le souvenir des victimes a été célébré par les Libanais, mercredi 4 août, la France a tenu une troisième conférence d’aide internationale pour le pays du Cèdre. Quelque 370 millions de dollars (312 millions d’euros) ont été promis, dont 100 millions d’euros par la France. Organisé avec les Nations unies, ce rendez-vous en visioconférence a rassemblé une quarantaine de pays et d’organisations. Paris comme Washington ont de nouveau appelé à des « réformes », dans un pays en plein effondrement.
Ces engagements financiers n’enrayeront pas la dégradation fulgurante du pays, ils couvrent une période assez courte – les douze prochains mois. Mais l’aide promise doit répondre aux besoins urgents identifiés par les Nations unies. Cette nouvelle enveloppe constitue un peu d’oxygène. Une mise sous perfusion. Elle concerne, entre autres, la santé, l’éducation et la sécurité alimentaire – ce terme-là, les Libanais n’avaient jamais pensé qu’il s’appliquerait à leur pays, qui se targuait d’être décrit comme la « Suisse du Moyen-Orient ». La dépendance de familles aux colis alimentaires est pourtant devenue une bouleversante réalité.
Les modalités de distribution de l’aide ne changent pas. Dès la première conférence internationale, organisée le 9 août 2020 à l’initiative d’Emmanuel Macron, quand le Liban se trouvait dans un état de sidération après la double explosion survenue dans le port de Beyrouth, la nécessité d’un « monitoring étroit » par les Nations unies avait été évoquée. Cette supervision se poursuit. Le soutien direct aux associations est privilégié par Paris, afin, dit-on, de ne pas nourrir le système politique clientéliste.
« Faute historique et morale »
Dans son allocution, le président français a eu des mots cinglants pour les dirigeants libanais, qui « semblent faire le choix du pourrissement ». Il a déploré une « faute historique et morale » et fustigé les « dysfonctionnements injustifiables » de la classe politique. (… lire l’intégralité)