« La complexité du métier de banquier, hautement régulé et si différent du leur, a eu raison des ambitions des GAFA »

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L’abandon par Google de son projet de service bancaire Plex montre que la volonté des Google, Apple, Facebook ou Amazon de se diversifier, apportant la rupture à toutes les activités industrielles qu’ils touchent, peine à se concrétiser, observe Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».

A Berlin, le 31 août 2021. ANNEGRET HILSE / REUTERS

Pertes & profits. Google renonce à devenir banquier. Il a annoncé, vendredi 1er octobre, l’abandon de son projet intitulé « Google Plex ». L’idée, en chantier depuis plus de deux ans, était de proposer aux utilisateurs du système de paiement Google Pay d’ouvrir un compte donnant accès à une carte de crédit et à des services financiers. Pour ne pas froisser les banques, Google brandissait le drapeau blanc de la coopération. Des établissements comme Citi, la Banque de Montréal ou Stanford Federal Credit Union, disposant de peu d’agences bancaires, ont signé avec la star de Mountain View (Californie).

Google se contentera plus modestement de développer des outils numériques au service des banques. Une volte-face qui doit un peu à la crise sanitaire et beaucoup à la crise interne. En mai, le patron de cette division prometteuse des paiements, Caesar Sengupta, a quitté l’entreprise, emmenant avec lui de nombreux cadres impliqués dans le projet. Il a immédiatement fondé la société Arbo Works, supposée « repenser l’industrie financière ». Et d’envoyer le message que cette révolution annoncée ne passera pas par Google.

Elle ne passera pas non plus par Apple, Facebook ou Amazon, les autres membres des GAFA, qui avaient tous construit de splendides châteaux financiers en Espagne. Facebook ne chamboulera pas la monnaie mondiale avec son projet Libra, et Amazon n’a jamais concrétisé son intention de fournir des comptes en banque à ses clients. Apple, lui, s’est contenté de participer au lancement d’une carte de crédit avec Goldman Sachs, en proclamant haut et fort qu’il n’était pas banquier.

Une leçon à méditer

La complexité de ce métier hautement régulé et si différent du leur a eu raison de leurs ambitions. Au-delà, cette histoire bat en brèche l’idée des GAFA conquérant le monde de proche en proche, apportant la rupture à toutes les activités industrielles qu’ils touchent de leur grâce.

(source: Le Monde)

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