Reconstruction nationale – L’État rejette la démarche du FFKM

Publié le

L’initiative  du  FFKM  démarre  mal  avec  le  véto  posé  par  l’État.

Par la voie de la porte-parole du gouvernement, l’État botte en touche l’intention du FFKM d’engager un processus de reconstruction nationale. Une initiative que l’Église compte démarrer par un culte, ce jour.

Une fin de non-recevoir. Avec courtoisie, mais directe, Lala­tiana Rakotondrazafy Andriatongarivo, ministre de la Communication et de la culture, et porte-parole du gouvernement, pose un véto étatique à l’intention du Conseil oecuménique des églises chrétiennes de Madagascar (FFKM). Une initiative qui vise «la reconstruction nationale».

Comme chaque vendredi, sauf quelques exceptions, la porte-parole du gouvernement était sur le plateau de la radio Madaga­sikara (RNM), hier. Un des sujets abordés concerne la décision du FFKM de monter au créneau pour initier un processus pour définir «de façon concertée», des solutions aux maux qui rongent la nation. «Avec tout le respect que je dois au FFKM, notamment, aux chefs d’églises, j’estime qu’il n’appartient pas à l’Église de jouer un rôle purement politique», déclare la ministre de la Communica­tion et de la culture.

Lalatiana Rakotondrazafy Andriatongarivo ajoute, «le FFKM devrait s’en tenir à son statut et son rôle de balise morale». À entendre la membre du gouvernement, les tenants du pouvoir lisent dans l’initiative du Conseil oecuménique une façon déguisée pour mettre en œuvre la concertation nationale voulue par l’opposition. Dans l’émission «Tsy ho tompontrano mihono», sur la RNM, hier, c’est sans équivoque que la ministre de la Communication et de la culture y fait référence.

«Ce n’est pas une concertation nationale qui n’a pour objectif qu’une redistribution des sièges au sein du pouvoir qui apportera une solution au problème économique mondial qui impacte Madagascar», avance la porte-parole du gouvernement. Sur sa lancée, elle soutient que «certes, il y a une crise économique à Madagascar, comme dans tous les autres pays du monde. Mais il n’y a pas de crise politique qui justifierait une recomposition des institutions sans passer par les élections».

Solutions concertées

Le FFKM compte donner le coup d’envoi officiel de son initiative par un culte oecuménique à l’EKAR Saint Michel, à Amparibe, aujourd’hui. Face aux appréhensions étatiques, l’Eglise se défend de toute intention politique derrière sa démarche. Selon une voix autorisée au sein du FFKM, c’est justement pour éviter tout amalgame politique qu’aucune invitation n’a été émise aux acteurs politiques pour assister au culte de ce jour. «Nous allons prier pour la nation. Aucune invitation n’a été émise. Tout le monde est libre d’y prendre part ou non», indique-t-elle.

Toujours dans cette optique, l’Église refuse, pour l’instant, de donner un indicatif à sa démarche. Pour l’heure, les mots «concertation nationale», ou bien «assise nationale», ou «conférence nationale», sont écartés des discours. La source avisée insiste sur le fait que «cette initiative découle du constat qu’on ne peut pas laisser le pays et la population s’enliser dans les difficultés actuelles. Des solutions concertées, dans l’intérêt général, doivent être apportées. Il appartient à l’Église d’agir et amener tous les acteurs à travailler, ensemble, dans ce sens».

L’État ne l’entend toutefois pas de cette oreille, à s’en tenir aux propos de la porte-parole du gouvernement. « Et en toute objectivité, qu’est-ce que les concertations nationales, qu’elles aient été initiées par le FFKM ou la communauté internationale ont apporté au pays? », assène la ministre de la Communica­tion et de la culture. L’oppo­sition de son côté est ravie de la démarche du FFKM. Elle y voit, de prime abord, un écho favorable aux multiples appels qu’elle a lancés depuis plusieurs semaines.

«L’État doit respecter la démarche de l’Église et laisser de côté sa fierté», réagit le pasteur Edouard Tsarahame, vice-président de la plateforme d’opposition RMDM. Dans ses multiples déclarations publiques, cette entité motive la nécessité d’une concertation nationale pour mettre en place une conjoncture politique devant mener à des élections acceptées de tous. Bien qu’officiellement, le sujet soit soigneusement maquillé, en coulisse certains de ceux qui insistent sur la concertation nationale escomptent effectivement une redistribution des cartes.

Certains opposants ont dans le viseur le gouvernement, comme avant la présidentielle de 2018 et même le Parlement, ainsi que la Commission électorale nationale indépendante (CENI), et la Haute cour constitutionnelle (HCC). Eviter que sa démarche soit réduite à la politique sera le plus grand défi du FFKM. Ses démarches basées sur les 4F, en 2013 et 2014, se sont soldées en queue de poisson à cause de résolutions résolument politiques, de suite rembarrées sans ménagement par les tenants du pouvoir. Les seuls qui peuvent en donner force exécutoire.

(spurce: lexpress.mg)

Laisser un commentaire