Les industriels français de l’armement cherchent à s’implanter en Ukraine
En visite à Kiev, le ministre des armées, Sébastien Lecornu, accompagné d’une vingtaine de chefs d’entreprise, a plaidé pour des partenariats avec les Ukrainiens.

L’industrie de défense française s’est livrée, jeudi 28 septembre, à Kiev, à un exercice de promotion inédit. Le ministre des armées, Sébastien Lecornu, accompagné d’une délégation d’une vingtaine d’industriels, s’est rendu dans la capitale ukrainienne à l’occasion de la première édition d’un forum d’armement avec pour objectif de réviser les modalités du soutien militaire français à l’Ukraine, alors que la guerre dure, et que, en France comme chez les autres alliés occidentaux, les stocks s’amenuisent.
« Les cessions [gratuites] ne peuvent être faites à l’infini », a ainsi concédé le ministre lors de cette visite, où il a notamment pu rencontrer le président Volodymyr Zelensky et son nouvel homologue, Rustem Umerov, nommé le 6 septembre à la suite de l’éviction de son prédécesseur pour corruption. « On est arrivé à un moment où l’on doit pivoter. Le partenariat industriel doit devenir la norme, la cession l’exception », précise-t-on dans l’entourage du ministre.
Un « pivot » loin d’être évident pour les industriels français. Malgré son statut de troisième exportateur mondial d’armement, la France n’est pas la mieux placée en Ukraine par rapport aux Etats-Unis, au Royaume-Uni ou à l’Allemagne, qui ont depuis des années investi le terrain. Ces pays ont aussi opéré des choix plus rapides en matière de soutien diplomatique à Kiev ou de livraisons d’armes au début de la guerre, et se trouvent donc en position de force aujourd’hui.
« Ne pas être naïfs »
Dans ce contexte, plusieurs grands groupes européens ont annoncé, depuis l’été, s’apprêter à ouvrir des usines sur le sol ukrainien. C’est le cas du britannique BAE Systems pour la production d’armes légères ou du conglomérat allemand Rheinmetall pour la réparation de chars. Ces annonces illustrent le virage à l’œuvre dans le soutien à l’Ukraine.
Alors que Kiev ambitionne, à terme, d’avoir l’une des premières armées d’Europe tout en développant sa propre industrie de défense pour se prémunir d’une nouvelle attaque de la Russie, les avis sont partagés parmi les industriels sur les possibilités de pénétrer le marché de défense ukrainien. Ce marché en pleine restructuration demeure très poreux à la corruption et, malgré le volontarisme de M. Lecornu, certains patrons s’interrogent sur l’intérêt à investir face aux risques de se voir piller leur savoir-faire.
(source: lemonde.fr)