Au XVIIIème siècle, lors de la guerre de Crimée, le Tsar fut le premier chef d’État à reconnaître le double rôle politique et spirituel du calife. Constantinople avait perdu militairement, mais son sultan conservait un pouvoir sur les âmes des Tatars.
Les sultans s’étaient auto-proclamés successeurs de Mahomet au nom de la place qu’ils avaient conquise dans l’Histoire du monde musulman par la puissance de leur sabre. En l’absence de rivaux, ils assumaient la direction spirituelle de ces fidèles, y compris hors de leur Empire.

À la fin de la Première Guerre mondiale, lorsque celui-ci fut définitivement vaincu et dissout, Mustafa Kémal se trouva bien embarrassé de cet héritage. Il tenta de séparer le pouvoir temporel qu’il avait pris en main, du pouvoir spirituel, qu’il essaya vainement de transmettre successivement à une personnalité arabe, puis à une autre indienne. En définitive, il ne trouva d’autre issue que d’abolir le Califat, le 5 mars 1924, afin de pouvoir moderniser la Turquie [1]
Pour le roi d’Angleterre et chef de l’Église anglicane, George V, il devenait possible de récupérer le califat dans une de ses colonies et par là même de s’emparer du pouvoir spirituel sur l’ensemble des musulmans. C’est ce que tenta vainement le roi Fouad Ier en Égypte colonisée.