Conseil de sécûrité
Les États-Unis bloquent l’adhésion pleine et entière des Palestiniens à l’Onu

Les Américains estiment que l’ONU n’est pas le lieu pour la reconnaissance d’un État palestinien, qui devrait selon eux être issu d’un accord avec Israël.
Les États-Unis ont mis fin jeudi 18 avril à l’infime espoir d’adhésion pleine et entière des Palestiniens aux Nations unies, opposant leur véto lors d’un vote au Conseil de sécurité, en pleine guerre à Gaza.
Depuis plusieurs semaines, les Palestiniens – qui ont depuis 2012 le statut inférieur de «d’État non-membre observateur» – ainsi que les pays arabes, imploraient le Conseil d’accepter qu’un «État palestinien», déjà reconnu par la majorité des capitales, prenne sa place «légitime» au sein de l’Onu. «Accorder à la Palestine une adhésion pleine et entière aux Nations unies allégerait une partie de l’injustice historique subie par des générations de Palestiniens», avait encore plaidé jeudi devant le Conseil Ziad Abou Amr, haut responsable de l’Autorité palestinienne.
En vain. Les États-Unis, qui ont tout fait pour retarder le vote, n’ont pas hésité à recourir à leur droit de veto, qu’ils utilisent régulièrement pour protéger leur allié israélien. Le projet de résolution présentée par l’Algérie, a recueilli 12 votes pour, 1 contre et 2 abstentions (Royaume-Uni et Suisse).
Une «agression flagrante»
Une décision immédiatement fustigée par l’Autorité palestinienne, qui a dénoncé une «agression flagrante» qui pousse le Moyen-Orient «au bord du gouffre». Ce rejet «ne brisera pas notre volonté, ne stoppera pas notre détermination. Nous n’arrêterons pas nos efforts. L’État de Palestine est inévitable, il est réel», a de son côté lancé en pleurs l’ambassadeur palestinien à l’ONU Riyad Mansour. «N’oubliez pas que quand cette session sera ajournée, en Palestine des innocents continueront à payer de leur vie et de la vie de leurs enfants le prix des actions israéliennes, (…), le prix d’un retard de la justice, de la liberté et de la paix», a-t-il déploré lors d’un discours qui a provoqué des larmes dans la salle du Conseil.
«Aujourd’hui est une triste journée», a déploré le nouvel ambassadeur chinois Fu Cong. «Le rêve du peuple palestinien a été anéanti.» Malgré le veto américain, le soutien «écrasant» des membres du Conseil «envoie un message très clair: l’État de Palestine mérite sa place» à l’ONU, a lancé l’ambassadeur algérien Amar Bendjama, promettant au nom du groupe arabe de présenter à nouveau cette requête ultérieurement. «Oui, nous reviendrons, plus forts et plus bruyants!»
«Oui, nous reviendrons, plus forts et plus bruyants!»
Le mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza et au cœur d’une guerre avec Israël, a également condamné vendredi le veto américain.
Le Conseil de sécurité va financer l’Union africaine
Le Représentant permanent du Mozambique auprès des Nations Unies a salué la résolution 2719.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté jeudi à l’unanimité une résolution portant sur le financement des opérations de soutien de paix conduite par l’Union africaine.
Un projet porté par l’ A3, le Gabon, le Ghana et le Mozambique. Ces opérations doivent inclure des mesures appropriées pour la protection des civils.
Le Représentant permanent du Mozambique auprès des Nations Unies a salué la résolution 2719 : _cette résolution cadre, qui vient d’être adoptée, traduit notre objectif de répondre aux préoccupations de l’Afrique qui sont en suspens depuis de nombreuses années. Il est essentiel de donner des réponses appropriées aux défis croissants et évolutifs en matière de sécurité sur le continent africain. Les défis comprennent les conflits, l’insurrection, l’africanisation progressive du terrorisme et la prolifération des groupes armés extrémistes.
La résolution demande également au Secrétaire général, en consultation avec le Président de la Commission de l’Union africaine, de présenter un rapport conjoint au Conseil de sécurité des Nations Unies tous les six mois sur l’état d’avancement des opérations de maintien de la paix menée par l’Union africaine.
(source: fr.euronews.com)
Les Etats africains sous pression de la Chine à l’ONU
Pékin exerce une emprise croissante sur les capitales africaines afin de les forcer à s’aligner sur ses intérêts diplomatiques.
Quand il est revenu de Sierra Leone à la fin du printemps, l’ambassadeur à l’ONU Alie Kabba avait changé. Lui, le charismatique homme politique aux ambitions présidentielles, ministre des affaires étrangères en 2018 avant de représenter son pays aux Nations unies un an plus tard, est abattu.
Coordinateur du « Comité des dix » (C10) – un groupe de dix pays africains censés défendre la position de l’Union africaine (UA) sur une éventuelle réforme du Conseil de sécurité –, Alie Kabba était bien plus affable quelques semaines plus tôt. Il demandait alors aux Etats membres de l’aider à convaincre les membres permanents du Conseil réticents à une réforme. La Chine et la Russie sont en effet ouvertement opposées à tout changement, qu’il s’agisse d’ajouter de nouveaux membres permanents ou de modifier le droit de veto.
Mais dans la dernière ligne droite de cette discussion, annuelle depuis 2008, l’ambassadeur de la Sierra Leone s’était éteint et ne mettait plus en avant que des positions africaines datées. « Tout le monde a compris qu’il avait subi des pressions de sa capitale, sur ordre de Pékin », lâche un diplomate européen. Cette bataille autour de la réforme du Conseil de sécurité, qui s’est terminée en juin sur un statu quo et une reconduction pour 2022, est le dernier épisode où se cristallisent les relations Chine-Afrique à l’ONU.
Israël-Palestine : l’impuissance internationale
Le conflit israélo-palestinien révèle, comme d’autres crises, une évidence : il n’y a pas de « communauté internationale », mais un monde éclaté, concurrentiel, tourmenté, sans puissance hégémonique.
Editorial. Est-ce par réflexe, faute d’alternative ou par peur du vide et du silence gêné ? Les chancelleries occidentales ont accompagné l’escalade militaire entre les factions armées de Gaza et d’Israël de leurs mots usés et classiques. « Retour au calme », appel au « dialogue ». Ce décrochage entre la sémantique diplomatique et la réalité terrifiante sur le terrain, constaté depuis des années, porte atteinte à la crédibilité des capitales. Le Conseil de sécurité de l’ONU a illustré cette semaine cette impuissance internationale.
Le blocage y a été américain. Une réunion doit enfin se tenir, dimanche. Mais une déclaration de pure forme n’aurait guère d’impact, de toute façon. Le conflit israélo-palestinien révèle, comme d’autres crises, une évidence : il n’y a pas de « communauté internationale », mais un monde éclaté, concurrentiel, tourmenté, sans puissance hégémonique. L’épidémie de Covid-19 a accéléré la désintégration des cadres multilatéraux classiques.
Les Européens, divisés et pétrifiés, ne sont pas audibles. Certains pays – en particulier la France – craignent une nouvelle importation du conflit sur leur sol et une recrudescence des actes antisémites. D’autres, en Europe orientale, bloquent toute initiative dite « anti-israélienne ». Dès lors, l’Union européenne a renoncé à exercer la moindre pression sur Israël, alors que l’occupation se poursuit sans fin,
L’Onu cassée par l’« exceptionnalisme » états-unien
Affaiblis par rapport à leurs compétiteurs russe et chinois, les États-Unis retrouvent leurs réflexes historiques. En matière de relations étrangères, ils abandonnent l’ordre libéral international et reviennent à la doctrine exceptionnaliste. En remettant en cause leur propre engagement au Conseil de sécurité, ils viennent d’ouvrir la voie à une déconstruction du Droit international et à la fin des Nations unies. Cette évolution, qui surprend les Européens de l’Ouest et les plonge dans le désarroi, avait été anticipée par la Russie et la Chine qui s’y préparaient.

L’ancien ambassadeur à l’Onu du président Bush Jr. et actuel conseiller de sécurité nationale du président Trump, John Bolton, est opposé à un aspect particulier des Nations Unies. Il n’est pas question pour lui que quiconque puisse contraindre son pays sur quelque sujet que ce soit. Par conséquent, les cinq puissances membres permanentes du Conseil de sécurité de New York forment un directoire mondial qui dit le droit entre les nations… mais ne peut pas imposer aux États-Unis quoi que ce soit.
Cette opinion, l’« exceptionnalisme », a toujours été celle de Washington, même si le reste du monde ne s’en est pas encore rendu compte [1]. Elle réapparait aujourd’hui dans un contexte international particulier et va bouleverser le monde que nous connaissons.
L’« exceptionnalisme » états-unien se réfère au mythe des « Pères pèlerins » : des Puritains, persécutés en Angleterre où ils étaient perçus comme de dangereux fanatiques, se sont réfugiés aux Pays-Bas, puis aux Amériques où ils arrivèrent à bord du Mayflower (1620). Ils y édifièrent une société nouvelle, fondée sur la crainte de Dieu. Ce fut « la première nation démocratique », une « Lumière sur la colline », appelée à éclairer le monde. Les États-Unis sont donc à la fois un « exemple » pour les autres et ont une « mission », celle de convertir le monde à la Volonté Divine.
Bien sûr la réalité historique est très différente de cette narration, mais ce n’est pas le sujet.
Depuis deux siècles, tous les présidents des États-Unis, sans exception, se sont référés à cette falsification historique. En vertu de quoi,
ils négocient, signent et adoptent des traités tout en émettant des réserves afin de ne pas les appliquer en droit interne ;
ils préjugent qu’ils suivent la « Volonté de Dieu » tandis que leurs ennemis s’y refusent et donc les condamnent pour les mêmes faits avec plus de sévérité qu’eux-mêmes (double standard) ;
ils refusent toute juridiction internationale qui s’applique à leurs affaires intérieures.
Cette attitude porte à quiproquo, d’autant que les Européens sont persuadés être ouverts d’esprit alors qu’ils ne font aucun effort pour comprendre les particularités des autres.