Ilontsera

ONG Ilontsera : Alerte sur la « détérioration des libertés fondamentales »

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« La liberté de presse est en danger », souligne l’ONG Ilontsera.

L’Observatoire des médias et de la communication, Ilontsera, s’inquiète de la situation actuelle des libertés médiatiques dans le pays.

Dans un contexte marqué par des tensions socio-politiques croissantes et une montée des dérives médiatiques, l’ONG Ilontsera, Observatoire des médias et de la communication, exprime son inquiétude face à une « détérioration inquiétante des libertés fondamentales ». Liberté de la presse, liberté d’expression, droit à une information fiable : ces piliers d’un État démocratique vacillent, alerte l’organisation, dans un communiqué publié hier. La désinformation, les manipulations et les propagandes prennent de l’ampleur, reléguant les règles élémentaires du journalisme au second plan. Des faits récents comme « l’affaire d’empoisonnement à Ambohimalaza », les cas d’intoxications alimentaires à travers le pays, la crise sanitaire à Ikongo ou encore l’affaire controversée des cinq Boeing illustrent cette dérive.

Instrumentalisation

Ilontsera déplore une récupération politique systématique de l’actualité. Les faits sont parfois amplifiés, tronqués ou détournés, alimentant un climat de confusion. Le principe de présomption d’innocence est souvent bafoué. L’information devient un levier de déstabilisation, au détriment d’un débat démocratique apaisé. L’inaction des autorités face à ces dérives renforce une forme d’impunité, tant médiatique que politique. Pour faire face à cette situation, Ilontsera appelle à un sursaut. L’éducation aux médias doit être renforcée afin de développer l’esprit critique des citoyens. Les professionnels de l’information doivent, quant à eux, être mieux formés, notamment dans un contexte où les réseaux sociaux et les outils numériques peuvent facilement servir de relais à de fausses informations.

Contre-pouvoir. L’ONG appelle la société civile à jouer un rôle plus actif dans la défense des libertés médiatiques. Une presse libre, indépendante et responsable demeure un contre-pouvoir essentiel. Mais à Madagascar, cette liberté est menacée, à la fois par les pressions politiques et par les dérives internes du secteur. Ilontsera salue le courage de certains journalistes qui, malgré les pressions, continuent d’exercer avec intégrité. Toutefois, sans cadre juridique clair, sans volonté politique, et sans dialogue entre médias, responsables publics et citoyens, le pays risque de sombrer dans une zone grise où l’information devient une arme. « La liberté de presse est en danger », conclut l’organisation.

(source: Julien R. – Midi M/kara)

Ilontsera : Pour une loi sur l’accès à l’information

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À Madagascar, la presse n’est toujours pas sortie de sa période critique, marquée par une pression croissante et un affaiblissement inquiétant des garde-fous institutionnels censés protéger le droit à l’information. Cette situation, selon l’Observatoire des Médias et de la Communication à Madagascar, Ilontsera, traduit une véritable crise de gouvernance de l’information dans le pays, avec un affaiblissement notable des mécanismes de soutien aux médias. Dans une déclaration rendue publique le 3 mai dernier à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, Ilontsera tire la sonnette d’alarme et propose des mesures concrètes et urgentes pour préserver l’espace médiatique malgache et renforcer le rôle des journalistes dans la démocratie. Face à l’érosion progressive de la liberté d’expression et à la précarisation des médias, des solutions concrètes peuvent et doivent être envisagées pour inverser la tendance.

La première urgence soulignée par Ilontsera est juridique. Il est impératif de légiférer sur l’accès à l’information publique, estime cette organisation. En l’absence d’un cadre clair, les journalistes se heurtent à l’opacité administrative et s’exposent à des poursuites simplement pour avoir tenté d’informer. Instaurer un droit d’accès aux documents publics offrirait non seulement une garantie démocratique, mais permettrait aussi de sécuriser l’exercice du journalisme dans ses fonctions essentielles. Pour l’Observatoire, ce droit est un pilier fondamental d’une gouvernance transparente et responsable. Un avant-projet de loi sur l’accès à l’information à caractère public a été déjà élaboré par différents acteurs, dont le ministère de la Communication, sous l’initiative du Comité pour la sauvegarde de l’intégrité, en 2018, mais le projet de texte n’a jamais vu le jour jusqu’à présent malgré les différentes interpellations des professionnels de l’information.

Mais garantir l’information ne suffit pas : encore faut-il que les citoyens puissent l’analyser et en comprendre les enjeux. Ilontsera insiste, en effet, sur l’importance d’une éducation aux médias et à la pensée critique dès l’école. En formant les jeunes à décrypter l’information et à développer leur esprit critique, Madagascar pourra former une génération de citoyens éclairés, capables de faire face aux dérives informationnelles. Le renforcement des programmes de formation continue des journalistes est une autre priorité identifiée. Il s’agirait, selon Ilontsera, de créer des ponts entre les ONG, les universités et les réseaux régionaux ou continentaux, pour doter les professionnels des médias des outils nécessaires à la couverture de sujets sensibles tels que la démocratie, la citoyenneté, ou encore la gouvernance.

L’Observatoire Ilontsera appelle aussi à un soutien accru aux radios communautaires, qui jouent un rôle essentiel dans les zones rurales et isolées. Ces médias de proximité sont souvent les seuls vecteurs d’information pour une grande partie de la population, et participent pleinement à l’animation d’une écologie médiatique pluraliste. La liberté de la presse ne saurait se résumer à une date symbolique dans le calendrier. À Madagascar, elle est l’un des derniers remparts face à l’arbitraire. En cette Journée mondiale, l’heure n’est plus à la dénonciation seule, mais à l’adoption de mesures concrètes, pour garantir aux journalistes leur liberté, et aux citoyens leur droit fondamental à l’information.

(source: Rija R. – Midi M/kara)