En l’absence du DUP, l’Assemblée et le gouvernement régional ne pouvaient siéger, les pouvoirs législatif et exécutif nord-irlandais devant être partagés à égalité entre les partis unionistes et nationalistes (favorables à la réunification irlandaise). Le nouvel accord, dit « Windsor Framework », décroché par le premier ministre britannique, Rishi Sunak, auprès de la Commission européenne, début 2023, n’a rien fait, dans un premier temps, pour amadouer les unionistes. Pourtant, il prévoit un allégement significatif des contrôles douaniers pour les biens provenant de Grande-Bretagne et à destination du marché nord-irlandais.
Irlande du Nord
Irlande du Nord : Michelle O’Neill, issue du Sinn Fein, élue officiellement première ministre
La vice-présidente du parti nationaliste Sinn Fein est devenue samedi la première cheffe de gouvernement républicaine de la province britannique. Une décision historique.

Michelle O’Neill est devenue officiellement, samedi 3 février, la première républicaine, favorable à l’unification de l’Irlande, à prendre la tête du gouvernement nord-irlandais. Cette élection marque une étape historique pour la province britannique dominée pendant des décennies par les unionistes, et au passé marqué par trois décennies de conflit sanglant.
La cheffe de file du Sinn Fein nord-irlandais, âgée de 47 ans, a été désignée première ministre après le redémarrage des institutions de la province, boycottées depuis deux ans par les unionistes pour s’opposer aux dispositions commerciales post-Brexit, qu’ils dénonçaient comme une menace pour la place de l’Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni.
En 2022, Michelle O’Neill avait porté au sommet le Sinn Fein, ancien bras politique du groupe paramilitaire de l’Armée républicaine irlandaise (IRA), qui a remporté des élections locales, du jamais-vu en Irlande du Nord. Mais il a fallu attendre près de deux ans pour qu’elle puisse prendre la tête du gouvernement, car les unionistes, attachés à la place de l’Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni, bloquaient l’assemblée locale à Belfast. Elle avait notamment remporté l’élection en mettant en avant les thèmes du quotidien, comme l’amélioration des services de santé en Irlande du Nord.
« Un jour historique »
Devant les élus réunis au palais de Stormont samedi, Michelle O’Neill a salué « un jour historique », une « nouvelle ère », et a promis une assemblée « pour tous », rappelant qu’il aurait été « inimaginable pour la génération de [ses] parents » qu’un nationaliste dirige l’exécutif local.
Irlande du Nord : les unionistes acceptent de revenir au pouvoir avec le Sinn Fein
La décision du parti majoritaire chez les protestants met fin à deux années de paralysie institutionnelle à Belfast, consécutive aux contrôles douaniers avec la Grande-Bretagne, conséquence du Brexit. Les unionistes devront gouverner avec les nationalistes irlandais du Sinn Fein, vainqueurs des élections régionales de 2022.

Après deux années de paralysie politique, l’Irlande du Nord devrait enfin pouvoir aller de l’avant. Dans la nuit du lundi 29 au mardi 30 janvier, Jeffrey Donaldson, le chef du Parti unioniste démocrate (DUP), est parvenu à convaincre une majorité de ses membres qu’ils devaient se résoudre à participer de nouveau à l’Assemblée régionale nord-irlandaise (au palais de Stormont) et à accepter les termes d’un accord péniblement négocié avec le gouvernement britannique. Il s’agit d’une bonne nouvelle pour les institutions démocratiques de la province, complexes et toujours fragiles, vingt-cinq ans après le traité de paix du Vendredi saint, qui a mis fin à des décennies de guerre civile entre la communauté protestante et unioniste (en faveur du maintien dans le Royaume-Uni) et la communauté catholique, majoritairement en faveur d’une réunification de l’Irlande.
En février 2022, le DUP avait claqué la porte de Stormont, refusant d’endosser le nouveau statut de l’Irlande du Nord issu du Brexit négocié en 2019 entre le premier ministre, Boris Johnson, et Bruxelles. Contrairement au reste du Royaume-Uni, la province restait partie du marché intérieur européen pour la circulation des biens, aussi un contrôle douanier en mer d’Irlande (avec la Grande-Bretagne) devait-il dès lors être institué. Cette nouvelle frontière était considérée comme une atteinte à leur identité britannique, donc inacceptable, par les unionistes du DUP (mais aussi par ceux du Parti unioniste de l’Ulster – UUP, un parti plus modéré – et les membres du Traditional Unionist Voice – TUV, des unionistes ultras).
Brexit : Londres et Bruxelles parviennent à un accord sur l’Irlande du Nord

Le premier ministre britannique, Rishi Sunak, a salué l’ouverture d’un «nouveau chapitre» , suite à la signature d’un accord pour mettre fin à un différend sur les dispositions post-Brexit en Irlande du Nord.
Le premier ministre britannique Rishi Sunak s’est félicité lundi, lors d’une conférence de presse avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, de l’ouverture d’«un nouveau chapitre» dans la relation entre Londres et l’Union européenne grâce à la conclusion d’un accord pour modifier les arrangements post-Brexit pour l’Irlande du Nord après des mois de tensions. «Le Royaume-Uni et l’Union européenne ont peut-être eu des différends dans le passé, mais nous sommes des alliés, des partenaires commerciaux et des amis et nous l’avons clairement constaté l’année dernière lorsque nous nous sommes unis avec d’autres pour soutenir l’Ukraine», a-t-il insisté.
«Garanties solides»
«Je pense que ce sur quoi nous nous sommes mis d’accord aujourd’hui est historique», a renchéri Ursula von der Leyen, évoquant également «un nouveau chapitre». Signé en 2020, le protocole nord-irlandais réglemente la circulation des biens entre le reste du Royaume-Uni et l’Irlande du Nord, qui dispose de la seule frontière terrestre avec l’Union européenne. Ce protocole voulait éviter une frontière terrestre entre l’Irlande et l’Irlande du Nord qui risquerait de fragiliser la paix conclue en 1998 après trois décennies sanglantes, tout en protégeant le marché unique européen.
L’accord de Windsor va en particulier considérablement réduire les contrôles douaniers nécessaires sur les marchandises de Grande-Bretagne arrivant en Irlande du Nord. Il va aussi réduire l’application de réglementations de l’UE dans la province britannique. «Nous nous sommes mis d’accord sur des garanties solides (…) qui vont protéger l’intégrité du marché unique européen», a insisté Ursula von der Leyen. «Et le plus important, c’est qu’il protège la paix durement obtenue grâce à l’accord du Vendredi saint» qui a mis fin au conflit entre unionistes surtout protestants et républicains en majorité catholiques et dont le 25e anniversaire sera célébré en avril, a-t-elle ajouté.
Saluant l’accord, Michelle O’Neill, la cheffe du parti républicain Sinn Fein, majoritaire au Parlement nord-irlandais, a appelé les unionistes du DUP, qui boycottent depuis un an les institutions locales, à «rejoindre les autres partis et faire fonctionner» les institutions politiques en Irlande du Nord. Selon les unionistes, des «sujets d’inquiétude» persistent cependant. «Des progrès importants ont clairement été obtenus sur de nombreux sujets, dans le même temps il faut reconnaître qu’il reste des sujets d’inquiétudes majeurs», a déclaré Jeffrey Donaldson, Le chef du parti unioniste démocrate, dans un communiqué, ajoutant que son parti allait désormais se pencher sur «les détails» de l’accord avant de décider de mettre fin ou non à son boycott des institutions locales.
(source; lefigaro.fr)