Lybie

France-Egypte : l’intouchable opération antiterroriste « Sirli »

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Le parquet de Paris a classé une plainte visant le rôle d’une mission militaire française dans la mort de civils.

Le pôle spécialisé dans les crimes contre l’humanité du tribunal judiciaire de Paris n’enquêtera pas à ce stade sur l’affaire « Sirli ». Ainsi en a décidé la procureure de cette unité qui avait été saisie, en septembre 2022, d’une plainte contre X pour crime contre l’humanité, complicité et torture, visant les responsables de l’opération antiterroriste égypto-française portant ce nom.

Conduite durant la seconde moitié des années 2010 dans la zone désertique à cheval entre l’Egypte et la Libye, cette mission semble avoir causé la mort de nombreux civils dans des frappes aériennes. C’est ce qu’affirment les deux ONG américaines à l’origine de la plainte, Egyptians Abroad for Democracy et Codepink, sur la base de documents français secret-défense, divulgués en novembre 2021 par le site d’informations Disclose.

La décision de classement sans suite est parvenue aux avocates des organisations il y a quelques jours. Le courrier de la procureure, daté du 19 décembre, se contente de mentionner, en guise d’explication, une « infraction insuffisamment caractérisée ». Me Louise Dumas, l’un des deux conseils impliqués dans cette affaire, envisage de demander une copie du dossier au parquet pour mieux comprendre les raisons du rejet de la plainte, basée selon elle sur des « éléments très solides ».

Les documents de Disclose, dont le ministère des armées n’a pas contesté l’authenticité, établissent que, à partir de 2016, un appareil de surveillance aérien, opéré par des agents de la direction du renseignement militaire, a traqué les infiltrations djihadistes dans la zone frontalière égypto-libyenne. Une mission menée pour le compte de l’armée égyptienne dans le cadre de la coopération sécuritaire nouée entre Paris et Le Caire, au moment où la Libye était en proie à l’anarchie.

Des informations exploitées par Sissi

Si l’on en croit les rapports rédigés par les militaires français publiés par Disclose, l’opération conjointe a été peu à peu détournée de sa vocation antiterroriste par les autorités égyptiennes, à des fins de répression interne. Les informations fournies par l’avion français auraient été exploitées par le régime du président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, pour cibler des réseaux ordinaires de trafiquants d’armes, de drogue ou de migrants.

Sur la base des documents qu’il s’est procurés, Disclose affirme que « les forces françaises auraient été impliquées dans au moins dix-neuf bombardements contre des civils entre 2016 et 2018. Les frappes détruisant souvent plusieurs véhicules, le nombre de victimes pourrait se chiffrer à plusieurs centaines. » Les mémos révélés par le site montrent que, entre 2016 et 2019, les agents français ont alerté leur hiérarchie à plusieurs reprises des risques de dérive de leur mission. En vain. L’opération « Sirli » a été maintenue et pourrait même être toujours en cours.

(suite dans lemonde.fr)

En Libye, Khalifa Haftar accumule les revers en Tripolitaine

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La perte par le maréchal dissident de sa base militaire d’Al-Watiya à l’ouest de Tripoli confirme la montée en puissance des Turcs dans le pays.

 

Une capture d’écran d’une vidéo, publiée le 27 avril, du maréchal Khalifa Haftar. HANDOUT / via REUTERS TV

Est-ce le revers de trop ? L’estocade à l’impact potentiellement déstabilisateur pour l’ensemble de sa stratégie militaire ? La perte lundi 18 mai par Khalifa Haftar de sa base militaire d’Al-Watiya dans l’Ouest libyen confirme que le vent a bel et bien tourné dans l’offensive que le maréchal dissident a déclenchée en avril 2019 contre le gouvernement d’accord national (GAN) siégeant à Tripoli. Ce nouveau déboire, qui s’ajoute à l’éviction à la mi-avril des forces pro-Haftar des localités littorales de Sabratha et Sorman, situées à moins de 70 km de la capitale, illustre surtout l’efficacité croissante de l’appui militaire que les Turcs fournissent au GAN de Faïez Sarraj.

Après avoir été très fragilisé en fin d’année par la puissance de feu de l’Armée nationale libyenne (ANL) d’Haftar, activement soutenue militairement et financièrement par une coalition de parrains étrangers – Emirats arabes unis, Jordanie, Egypte, Arabie saoudite et Russie – le GAN de Tripoli a pu reprendre l’avantage grâce à un appui sans précédent d’Ankara.

Ce dernier a en effet installé en Tripolitaine un chapelet de défenses antiaériennes tout en introduisant une nouvelle génération de drones – les Anka-S – qui a permis aux forces anti-Haftar de recouvrer la maîtrise du ciel. L’assistance des Turcs est le produit d’un accord sécuritaire et maritime signé fin novembre entre Ankara et Tripoli en une période critique où le GAN de Sarraj semblait désemparé face aux coups de boutoirs très meurtriers infligés dans certaines poches de la capitale par les mercenaires russes de la compagnie de sécurité Wagner, alliés d’Haftar. Bien que reconnu par les Nations unies, le GAN de Tripoli semblait alors très isolé sur la scène internationale.

Nouvelles données militaires

La reprise d’Al-Watiya indique que le rapport des forces a été renversé. « Avec fierté et honneur, nous déclarons la libération de la base militaire d’Al-Watiya de l’emprise des milices criminelles et des mercenaires terroristes [pro-Haftar] », s’est réjoui lundi Faïez Sarraj. La reconquête d’Al-Watiya est emblématique à bien des égards.

( … suite dans le Monde)

Libye : Fayez Al Sarraj dénonce l’inaction de la communauté internationale

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Fayez Al Sarraj, le chef du gouvernement d’union nationale libyen. (ANSA)
Les belligérants libyens en pourparlers à Genève ont élaboré ce lundi un « projet d’accord de cessez-le-feu ». Il doit permettre aux Nations-Unies, qui parrainent ces discussions, de surveiller un retour sûr des civils dans les zones qu’ils ont fuies. La situation en Libye reste néanmoins très incertaine. Le chef du gouvernement d’union nationale, Fayez Al-Sarraj a déploré aujourd’hui l’inaction de la communauté internationale face aux hostilités de son rival, le maréchal Haftar.

«Le monde entier a pu assister à l’escalade des hostilités, aux attaques contre la capitale Tripoli depuis le 4 avril 2019. Et jusqu’à aujourd’hui, nous n’avons pas vu d’action de la communauté internationale» : c’est un Fayez Sarraj amer qui s’est exprimé devant le Conseil des Droits de l’homme de l’ONU à Genève ce lundi. Le chef du Gouvernement d’Union Nationale (GNA), reconnu par les Nations unies a tenu à dénoncer les nombreuses violations des droits de l’Homme qui se poursuivent impunément, selon lui. Sarraj a même qualifié son adversaire, le maréchal Khalifa Haftar, de «criminel de guerre».

Ce dernier a lancé le 4 avril dernier une offensive en direction de la capitale libyenne, avec le soutien de pays comme l’Egypte ou l’Arabie Saoudite. Homme fort de Tripoli, Fayez Al-Sarraj a dénoncé aussi des attaques «aveugles» contre des aéroports ou des hôpitaux, déplorant que ses demandes de commissions d’enquête soient restées lettre morte.

«Nourrir le peuple libyen»

Le chef de la diplomatie libyenne, Mohamed Taha Syala, également présent à Genève a demandé de son côté la reprise des opérations pétrolières dans le pays, bloquées par les pro-Haftar. La communauté internationale doit «ordonner l’ouverture des champs pétrolifères et des ports pour nourrir le peuple libyen» a-t-il souligné.

Dans ce contexte de guerre civile, le projet d’accord de cessez-le feu paraît anecdotique. Il doit être encore validé par les deux parties avant que sa supervision sur le terrain ne soit assurée par les Nations-Unies. Depuis avril dernier les combats dans le pays ont fait plus de 1 000 morts et 140 000 déplacés selon les chiffres de l’ONU.

(vaticannews)

Conflit en Libye : la conférence de Berlin est « un petit pas en avant »

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Conférence sur la crise libyenne

Le 19 janvier, Berlin a tenu une conférence internationale consacrée au règlement de la situation en Libye.

À son issue, il a été décidé de créer une commission de suivi selon la formule 5+5. Le ministre russe des Affaires étrangères par intérim Sergueï Lavrov s’est montré optimiste quant aux résultats de ce sommet international sur la crise libyenne, assurant que la commission militaire instituée assumerait la tâche de parvenir à une trêve solide.

Les principaux pays concernés par le conflit en Libye ont promis de respecter un embargo sur les armes et de ne plus interférer dans ses affaires intérieures, pour tenter de ramener la paix dans ce pays déchiré par la guerre civile.

Pourquoi la Libye est-elle coupée en deux ?

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Huit ans après la mort de Mouammar Kadhafi, en octobre 2011, la situation politique de la Libye reste très instable. La majeure partie du territoire est contrôlée par l’Armée nationale libyenne, qui obéit aux ordres de son commandant suprême, le général Khalifa Haftar, lui-même soutenu par la Chambre des représentants de Tobrouk.

A Tripoli, la capitale du pays, siège un gouvernement d’union nationale, avec à sa tête Faïez Sarraj. Bien que les territoires qui répondent à son autorité se réduisent, Faïez Sarraj reste le seul chef de gouvernement de la Libye reconnu par la communauté internationale. Comment le pays en est-il arrivé là ? Explications, en cartes et en images.