Migrations: l’Europe mise sur la Turquie pour sauver l’espace Schengen
Ce n’est plus qu’une question de jours avant une décision officielle et la mise en branle d’un mécanisme concerté pour essayer d’enrayer les flux massifs d’émigrés vers l’Europe. Les chefs d’Etat et de gouvernements de l’UE, réunis le jeudi 12 Novembre à La Valette (Ile de Malte), ont programmé autour du 30 novembre le sommet décisif avec Recep Tayyip Erdogan, rendez-vous qui est déjà un succès personnel pour le président turc.
La Turquie, à elle seule, est presque assurée d’une aide de 3 milliards d’euros dans les deux ans pour «fixer» sur son territoire les candidats à l’asile européen et démanteler de prospères filières de passeurs. Les pays africains, quant à eux, lieux de mouvements de réfugiés depuis plusieurs années, ne peuvent espérer que 1,8 milliards d’euros de l’Europe.
«Nous entrons dans une nouvelle phase» de la gestion de crise, a reconnu Angela Merkel, pressée de freiner rapidement les arrivées de réfugiés qui submergent son pays depuis l’été. François Hollande s’y associe, puisqu’à ce rythme, la situation deviendrait rapidement «insupportable pour certains pays». Avec à la clef, un coup de plus porté à Schengen, de nouvelles restrictions aux frontières (comme viennent de le faire la Slovénie, la Suède et même l’Allemagne), le discrédit pour l’UE et partout la poussée de l’extrême-droite.
Reste à formuler les détails de la part du contrat qui revient à Ankara. «Des engagements doivent être pris de part et d’autre (…) en vue de mesures rapides», insiste le chef de l’Etat turc. Il n’y a encore ni objectif chiffré sur les réfugiés, ni calendrier de mise en œuvre. «L’offre européenne se précise, la contrepartie turque reste floue», note un responsable européen.