Josep Borrell, sur la guerre Israël-Hamas : « L’Europe ne peut pas fuir ses responsabilités au Proche-Orient »

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L’Union européenne ne doit pas abandonner tout espoir de trouver une solution politique à Gaza, au risque d’être la première affectée par la prolongation du conflit et par la perte de légitimité des règles et des institutions internationales qui s’ensuivraient, avertit le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, dans une tribune au « Monde ».

Près d’un an après l’attaque terroriste du Hamas que l’Union européenne (UE) a fermement condamnée, la situation demeure, à proprement parler, catastrophique tant du point de vue humanitaire que politique. Et hélas aucune perspective ne semble se dessiner.

Dans cette nuit sans fin, le succès de la campagne de vaccination contre la polio de la population palestinienne à Gaza apparaît comme une petite lueur d’espoir. Elle prouve, une fois de plus, que les organisations humanitaires et onusiennes ont un rôle essentiel à jouer pour contenir les effets de cette catastrophe.

L’UE fait tout ce qu’elle peut pour soulager les souffrances des populations civiles. Elle soutient aussi pleinement les efforts constants de l’Egypte, du Qatar et des Etats-Unis pour parvenir à un cessez-le-feu. Mais l’accord de cessez-le-feu, préalable à la mise en œuvre du plan Biden, n’a toujours pas été signé et ne semble pas devoir l’être dans un avenir proche.

Intransigeance et impunité totale

Pourquoi ? Tout simplement parce que ceux qui se font la guerre n’ont aucun intérêt à y mettre fin, comme si leur survie politique était plus importante que tout le reste.

Alors, ils font semblant. De moins en moins, d’ailleurs. Et ceux qui en font les frais sont non seulement les populations civiles palestiniennes, mais également les otages israéliens. Leur intransigeance s’accompagne d’une impunité totale : or si les actes n’ont pas de conséquences, si la violation flagrante du droit humanitaire international reste ignorée, si des institutions comme la Cour pénale internationale sont menacées, si les arrêts de la Cour internationale de justice sont totalement ignorés par les promoteurs d’un ordre fondé sur des règles, à qui peut-on faire confiance ?

Il y a moins de six mois, nous parlions sérieusement du « jour d’après » car nous savions tous qu’il n’y a pas de solution militaire à un conflit éminemment politique. Or, aujourd’hui, le « jour d’après » s’éloigne sans cesse, comme un mirage dans le désert.

(source: lemonde.fr)

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