Royauté : Harea Tinahy Tsialia Georges Kamamy intronisé roi des Sakalava du Menabe

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A un mois et quelques semaines du rapatriement du crâne sacré du roi Toera (vers 1853–1897) à Madagascar, le nouveau roi du groupe humain « Sakalavan’i Menabe », Harea Tinahy Tsialia Georges Kamamy vient d’être intronisé à Belo-sur-Tsiribihina vendredi. Heure précise, à midi dix-huit.

Une nouvelle page de la monarchie de cette région de Madagascar, chargée de l’une des plus grandes histoires anti-coloniales, s’ouvre.

Le retour imminent de la relique royale sur ses terres se profile à l’horizon. Le nouveau roi coutumier succède à Magloire Kamamy qui a tourné le dos le 7 mai à l’âge de 83 ans. Lors de l’intronisation de vendredi, des bals improvisés ont animé la ville de Belo-sur-Tsiribihina.

(source: Maminirina Rado –  midi-madagasikara.mg)


Madagascar: le peuple sakalava célèbre son nouveau roi, 128 ans après l’assassinat de son aïeul

La communauté sakalava du Menabe, sur la côte ouest de Madagascar, célèbre vendredi 20 juin son nouveau souverain. Georges Kamamy fils est intronisé à Belo sur Tsiribihina. À 61 ans, le nouveau roi aura notamment la charge de porter les cérémonies de restitution par la France du crâne de son aïeul, en août prochain. Car il est l’arrière-petit-fils du roi Toera, décapité par les troupes coloniales françaises. À quelques heures de sa montée sur le trône, il a accordé une interview exclusive à RFI.

C’est sur la Tsiribihina qu’aura lieu ce matin le sacre du roi sakalava Georges Harea Kamamy. Ici, le fleuve où Il sera purifié par les ancêtres avec l’eau de ce fleuve sacré lors d’un rite spirituel propre à cette ethnie majoritaire de l’ouest de l’île. © Sarah Tétaud / RFI

Les rites sakalava démarrent la veille au soir, avec la consommation d’hydromel, la « boisson des rois » pour invoquer la bénédiction des esprits. Puis vendredi, à 10h heure locale, Georges Harea Kamamy doit fendre la foule composée de milliers de Sakalava venus de toute la région pour l’acclamer et voir son visage.

Pieds nus, tête nue, paré d’un pagne dont la couleur et les motifs ne sont révélés qu’au moment de la cérémonie pour éviter de porter malheur, le descendant direct du roi Toera est alors purifié.

« Symboliquement, c’est une initiation. Il n’y aura pas de couronne, il n’y aura pas de remise de sabre. C’est plus spirituel que matériel. C’est une transmission d’énergie de la part des esprits des ancêtres. C’est-à-dire que les esprits des défunts rois sakalava seront là tout à l’heure pour me bénir avec de l’eau de la Tsiribihina, le fleuve sacré chez les Sakalava, raconte Georges Harea Kamamy. Ce qui va se passer aujourd’hui, c’est quelque chose de complètement nouveau pour moi. Parce qu’au-delà de mes 60 ans, je n’ai jamais assisté ni participé à un sacre de roi sakalava. »

Œuvrer pour la restitution des dépouilles sakalava

Au-delà de la cérémonie, le nouvel Ampanito, l’héritier du trône, aura une charge particulièrement singulière, qu’aucun de ses ancêtres n’a jamais dû accomplir : « Le rôle d’un roi sakalava en 2025, à la veille de la restitution, c’est de faciliter, dans les rites traditionnels, le retour de ces 3 crânes sakalava suivant strictement les rites [sacrés] de notre culture. »

Une réparation qui devrait avoir lieu le 29 août prochain, anniversaire présumé de l’assassinat du roi Toera, qui a eu lieu en 1897. La famille royale sakalava devrait alors réceptionner le crâne que les Malgaches identifient comme celui de leur souverain décapité, refermant ainsi une blessure vieille de 128 ans.

 

(source: correspondante RFI à Antananarivo, Sarah Tétaud)

 

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