Présidence de la SADC : Marc Ravalomanana appelle à l’action, pas aux apparats

À l’heure où Madagascar prend la présidence tournante de la SADC, l’ancien président Marc Ravalomanana tire la sonnette d’alarme. Il dénonce un exercice de prestige déconnecté des réalités du pays, où pauvreté, déficit démocratique et urgences sociales restent sans réponse.
La présidence tournante de la SADC, qui sera assumée par Madagascar, suscite des interrogations. Prestige ou priorité nationale ? Pour l’ancien président Marc Ravalomanana, le doute n’est plus permis. « Le régime préfère les honneurs du protocole aux urgences sociales », déclare-t-il dans un communiqué diffusé hier. Si les salons du palais brillent de faste et de discours rodés, la réalité quotidienne, elle, reste marquée par une pauvreté extrême.
Aux oubliettes
Pour rappel, la SADC avait joué un rôle clé lors de la crise de 2009, conditionnant le retour à l’ordre constitutionnel à une feuille de route claire : élections inclusives, justice indépendante, pluralisme politique, respect des droits humains. 15 ans plus tard, ces principes semblent relégués aux oubliettes. « L’opposition est muselée, la justice instrumentalisée, les médias publics verrouillés, la société civile affaiblie », déplore l’ancien chef d’État. Les chiffres sont implacables : plus d’un quart de la population vit avec moins de 1,90 dollar par jour, 12 millions de personnes n’ont pas accès à l’eau potable, et seuls 16 % bénéficient d’électricité. « Les écoles tombent en ruine, les hôpitaux manquent de tout, l’inflation étouffe les foyers », poursuit-il. Face à cela, le sommet de la SADC, tenu fin juillet à Antananarivo, aurait pu être un levier. Il n’aura été qu’une vitrine.
Projets tangibles
Marc Ravalomanana insiste : une présidence active aurait dû enclencher des réformes concrètes, une libération des prisonniers politiques, une réforme de la CENI, une ouverture des médias, et une indépendance judiciaire. Il appelle également à des projets tangibles portant sur la modernisation de la JIRAMA, la constitution d’un fonds agricole régional et de stocks alimentaires, l’amélioration de l’accès à l’eau et la santé publique. « Ces mesures sont finançables, sans nouvel endettement », souligne-t-il, plaidant pour la réallocation des budgets du sommet et une meilleure mobilisation des ressources existantes. Car la diplomatie ne se résume pas aux tapis rouges. Elle se juge à l’impact réel sur la vie des citoyens. Un sommet dure trois jours. La pauvreté, elle, s’éternise. Place à l’action.
(source: Julien R. – Midi M/kara)