ANC
Corruption et détournements de fonds en Afrique du Sud : le rapport accablant du juge Zondo
Le magistrat a remis les deux derniers volets de son travail d’enquête sur dix années de pillage des ressources de l’Etat. Il n’épargne ni l’ANC ni l’actuel président Ramaphosa.

Cinq mille quatre cent trente-sept pages. Voilà ce qu’il aura fallu à l’infatigable juge Raymond Zondo pour raconter le naufrage d’une nation. Ou comment, selon les travaux du magistrat, pendant près de dix ans, une clique de truands a fait main basse sur l’Etat sud-africain avec la complicité de l’ancien président, Jacob Zuma, détournant plus de 3,5 milliards de dollars (3,32 milliards d’euros). Mercredi 22 juin, le juge à la tête de la commission d’enquête sur ce que l’Afrique du Sud appelle « la capture d’Etat » a remis les deux derniers volets de son rapport dantesque au président Cyril Ramaphosa. Pour ceux qui doutaient encore, le déballage est d’une ampleur inouïe et il n’épargne personne. Pas même l’actuel chef d’Etat.
Avec ces derniers chapitres très attendus, le juge Zondo conclut quatre années de travaux « épuisants ». Entre août 2018 et décembre 2021, la commission a d’abord offert une catharsis collective à l’Afrique du Sud en entendant plus de 300 témoins lors d’auditions retransmises en direct. Un haut responsable a raconté comment il s’est vu offrir un poste de ministre de la bouche des Gupta, la fratrie d’origine indienne accusée d’être le cerveau du hold-up. Des gardes du corps ont évoqué des sacs remplis de cash. Des lanceurs d’alerte ont fait part de leur calvaire. Certains responsables se sont mis à table pendant que d’autres répétaient piteusement : « Je ne me souviens pas. »
Le vice-président Ramaphosa succède à Jacob Zuma à la tête de l’ANC
Il a été élu lundi 18 décembre à la tête du Congrès national africain (ANC), au pouvoir depuis 1994, à la place du très contesté président Jacob Zuma, à deux ans d’élections cruciales pour l’avenir du parti et du pays.
M. Ramaphosa a remporté 2 440 voix, contre 2 261 à sa seule rivale, l’ancienne présidente de l’Union africaine (UA) et ex-épouse de M. Zuma, Nkosazana Dlamin Zuma, selon les résultats proclamés devant la conférence de l’ANC réunie à Johannesburg.

Soutenu par les milieux d’affaires et les centres urbains, le vice-président, militant anti-apartheid de la première heure, semblait se préparer au poste depuis sa tendre enfance.
Négociateur aux côtés de Mandela
Ancien syndicaliste féroce, négociateur de la transition démocratique aux côtés de Nelson Mandela, il était le dauphin préféré de l’icône sud-africaine, avant d’être doublé dans les années 1990 par Thabo Mbeki.
Cet échec l’avait conduit à quitter l’ANC et la vie politique un temps, pour mieux y revenir. Un détour par le secteur privé l’a rendu millionnaire — en 2015, sa fortune était estimée à 378 millions d’euros par le magazine Forbes
Miraculeusement épargné par les scandales qui touchent le chef de l’Etat, le vice-président, érigé en chef des frondeurs, ne retenait plus les coups contre M. Zuma. « Notre mouvement va mal, le pays va mal. Nous avons beaucoup de ressources, mais plusieurs mauvaises personnes sont à des postes clés », avait-il notamment déclaré.
Figure rassurante, Cyril Ramaphosa semblait le plus à même de rassembler et de faire revenir les déçus de l’ANC dans l’escarcelle du parti.
(Le Monde)