Fermeture d’Al-Jazira

Fermeture d’Al-Jazira en Israël : le gouvernement Nétanyahou accuse la chaîne qatarie de « menacer la sécurité du pays »

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Du matériel audiovisuel de la chaîne d’information qatarie Al-Jazira est saisi par les services de sécurité israéliens, à l’Hôtel Ambassador, à Jérusalem, le 5 mai 2024. JAMAL AWAD / REUTERS

La diffusion de la télévision a été interrompue, ses bureaux fermés et son matériel saisi à la suite d’une décision prise à l’unanimité contre la chaîne d’information.

A Jérusalem, le dispositif matériel d’enregistrement et de diffusion d’Al-Jazira était réduit à sa plus simple expression. Dans une chambre d’un hôtel de Jérusalem-Est (partie de la ville conquise par Israël lors de la guerre des Six-Jours, en 1967, puis officiellement annexée en 1980), une opération des services de sécurité israéliens a eu lieu, dimanche 5 mai, pour y saisir le matériel destiné à réaliser les directs de la chaîne d’information en continu qatarie.

Quelques heures plus tôt, le gouvernement avait voté, à l’unanimité, la décision de « fermer en Israël » la chaîne, selon une annonce du premier ministre, Benyamin Nétanyahou, sur le réseau X, canal choisi également par le ministre de la communication, Shlomo Karhi, pour signaler qu’il avait signé une injonction entrant « en vigueur immédiatement », destinée à faire en sorte qu’Al-Jazira « ne puisse plus opérer d’Israël ». Il accusait au passage la chaîne de « menacer la sécurité du pays. ».

Le directeur du bureau d’Al-Jazira en Israël et dans les territoires palestiniens occupés, Walid Al-Omari, a déclaré sur la chaîne qatarie que la décision israélienne comprenait l’« arrêt de la diffusion d’Al-Jazira en Israël, en arabe et en anglais, et la fermeture des bureaux d’Al-Jazira à l’intérieur des frontières d’Israël », ainsi que la « saisie du matériel » et la coupure de l’accès aux sites Internet de la chaîne en Israël. L’ordre de saisie du matériel détaille les éléments visés, qui incluent des caméras, microphones, ordinateurs, équipements de transmission et téléphones portables.

Présence à Gaza

Cette action était attendue depuis plusieurs semaines. Le 1er avril, une loi avait été votée à une très large majorité par le Parlement (Knesset), à Jérusalem, permettant de faire cesser la diffusion en Israël de tout média étranger, dans le cas où il serait estimé que ce média porterait atteinte à la sécurité de l’Etat.

Le texte, dit « loi Al-Jazira », accorde au premier ministre la possibilité d’interdire la diffusion de contenus et d’ordonner la fermeture de bureaux de médias concernés, une première dans l’histoire de l’Etat hébreu. Cette disposition, valable quarante-cinq jours, est reconductible.

Les massacres d’ampleur commis par le Hamas en territoire israélien, lors d’une opération menée de Gaza, le 7 octobre 2023, ayant causé la mort de 1 200 personnes, sont le premier élément de conflit avec la chaîne qatarie, accusée par les autorités israéliennes de bienveillance à l’égard des participants aux tueries. Puis, alors que commençait une campagne de bombardements intensifs de la bande de Gaza et que s’organisait une opération militaire dans le territoire, hermétiquement fermé à la presse internationale, Al-Jazira, présente dans l’enclave, était devenue la principale fenêtre sur l’action armée israélienne d’ampleur et sur ses conséquences.

(source: lemonde.fr)