Madagascar 2025

L’économie malgache face à une crise politique : quand l’instabilité coûte plus cher que la pauvreté

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(©newsmada.com)

A Madagascar, la politique et l’économie entretiennent depuis toujours une relation d’amour et de méfiance mêlées. Chaque crise politique, qu’elle prenne la forme d’un coup d’État, d’une contestation électorale ou d’un blocage institutionnel, laisse derrière elle des cicatrices économiques profondes. Aujourd’hui encore, le pays se trouve à la croisée des chemins : une économie aux fondations fragiles, portée par quelques secteurs exportateurs, mais freinée par l’instabilité chronique du pouvoir. La crise politique n’est pas seulement un drame institutionnel ; elle est un frein à la croissance, un poison pour la confiance et une bombe à retardement pour l’emploi et les investissements.

Une économie déjà vulnérable avant la tempête

Avant même les tensions politiques récentes, l’économie malgache reposait sur un équilibre précaire. Le pays dépend fortement des exportations de matières premières (vanille, nickel, cobalt, textile), des transferts de la diaspora et de l’aide internationale. Cette dépendance expose l’économie à deux vulnérabilités majeures :
• les fluctuations des prix mondiaux, qui rendent les recettes d’exportation instables ;
• et la fragilité des institutions publiques, qui conditionnent l’accès aux financements extérieurs.
Dans ce contexte, chaque crise politique agit comme un tremblement de terre : les investisseurs reculent, les aides sont suspendues, et la monnaie se déprécie.

L’instabilité politique, ce “coût caché” du développement

La Banque mondiale estime que l’instabilité politique coûte à Madagascar plusieurs points de croissance par an. Mais au-delà des chiffres, c’est la confiance qui s’effondre en premier.
Quand les institutions se fragilisent, les opérateurs économiques adoptent une attitude d’attente :
• Les investisseurs reportent leurs projets, craignant des changements de politique ou de fiscalité.
• Les ménages réduisent leurs dépenses par peur de lendemains incertains.
• Les bailleurs suspendent ou retardent leurs décaissements.
Résultat : la machine économique tourne au ralenti.
Dans les rues d’Antananarivo ou de Toamasina, cette méfiance se traduit par une réalité simple : moins de travail, moins de liquidités, plus de survie.
Les premiers symptômes : inflation, dépréciation, chômage
Lorsqu’une crise politique éclate, ses effets économiques se font sentir rapidement :
• La monnaie locale, l’ariary, se déprécie sous la pression de la fuite des capitaux et de la baisse des exportations.
• L’inflation s’accélère, notamment sur les produits importés (carburant, riz, farine).
• Les entreprises locales, confrontées à la baisse de la demande et à l’incertitude, réduisent leurs effectifs ou suspendent leurs activités.
Le citoyen ordinaire, lui, voit la crise à travers son assiette : le prix du riz augmente, les transports deviennent plus chers, et les petits boulots se font rares.
Autrement dit, la crise politique finit toujours dans le panier de la ménagère.

Le secteur privé pris en otage

Les entreprises malgaches, petites ou grandes, sont souvent les premières victimes collatérales des soubresauts politiques.
Elles doivent composer avec :
• des retards de paiement de l’État,
• une administration paralysée,
• des restrictions bancaires,
• et une insécurité croissante.
Les opérateurs du secteur privé parlent d’un climat des affaires “asphyxié”, où l’incertitude politique est devenue une taxe invisible. Pour les entreprises exportatrices, la crise signifie aussi des ruptures de contrats, des hausses de coûts logistiques, et un accès plus difficile au crédit international.

L’État fragilisé et l’aide internationale suspendue  Lire la suite »