saint Thomas d’Aquin

Vatican: Réévaluer aujourd’hui la doctrine de la guerre juste

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Frappe israélienne sur un village situé au sud du Liban, ce 23 septembre 2024. (AFP or licensors)

Un catholique peut-il prendre les armes? L’Église se pose la question depuis au moins le IVe siècle quand saint Augustin définissait le premier les critères éthiques d’un engagement militaire. Aujourd’hui, dans un contexte de mondialisation, d’extension des conflits et compte-tenu du développement d’armements toujours plus sophistiqués, le Pape interroge la doctrine de la “guerre juste”, selon lui inadaptée. Décryptage avec le père Bourdin, philosophe politique et historiens des religions.

Entretien réalisé par Marie Duhamel – Cité du Vatican

Ardent défenseur d’une culture de la rencontre et de la fraternité comme «fondement et route pour la paix» -titre de son premier message pour la Journée mondiale de la paix en 2014- le Pape François a assisté depuis 2013 à la guerre en Syrie, à l’avancée de Daech en Irak, à l’agression russe en Ukraine, à la guerre des généraux au Soudan, sans oublier aux conflits du Proche-Orient et aux guerres civiles au Yémen ou en Birmanie. Une «troisième guerre mondiale par morceaux» qui pourrait, craint-il, se muer en «véritable conflit mondial».

«On fait facilement la guerre sous couvert de toutes sortes de raison», écrivait-il en 2020 dans son encyclique Fratelli tutti, dénonçant les prétendues justifications des guerres avancées toutes ces dernières décennies. Or, pour lui, au motif que toute guerre est une défaite pour l’humanité, «il n’existe pas de “guerre juste”», comme il le défendra dès le début de son pontificat puis avec force en mars 2022 devant les membres de la Fondation pontificale Gravissimum educationis.

Dans Fratelli tutti, François juge, «très difficile aujourd’hui de défendre les critères rationnels, mûris en d’autres temps, pour parler d’une possible “guerre juste”». 

Énoncée par saint Augustin, formalisée par saint Thomas d’Aquin et réenvisagée lors de la conquête de l’Amérique latine ou plus tard à l’aune des deux Guerres mondiales, la doctrine de la guerre juste enseigne que, pour entrer en guerre, une autorité légitime doit en prendre la décision en ultime recours, pour le bien commun et non son intérêt propre, et au nom d’une cause juste, telle que la légitime défense -ce que stipule avec précision le Catéchisme- ou pour réparer une injustice. Il faut que des dommages graves et certains soient constatés. Autres conditions nécessaires: une proportionnalité entre les maux évités et les maux provoqués, des chances raisonnables de succès et toujours avoir pour objectif le retour à la paix.

Des conditions que le Pape juge inadaptées au monde actuel, alors que des armes peuvent détruire massivement des populations. «Le concept de guerre juste” est en cours de révision», confirmait début juillet le cardinal Secrétaire d’État Pietro Parolin. 

Entretien avec le père Bernard Bourdin, historien des idées et des religions, il est responsable du troisième cycle et responsable de recherche de la Faculté de Sciences sociales, d’Économie et de Droit, à l’Institut catholique de Paris.

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Saint Thomas d’Aquin – la sainteté de l’intelligence

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En 1244, Thomas entrait, contre l’avis de sa famille, dans l’ordre des prêcheurs de Saint Dominique. Entre Naples, Bologne, Paris, par obéissance pour ses supérieurs, il enseigne dans différentes chairs d’Universités. Son oeuvre majeure, la Somme Théologique qu’il commence en 1268, servira à fonder la pensée théologique de la seconde partie du Moyen Age et lui vaudra le titre de Docteur Commun de l’Eglise.

S’il est surtout connu pour ses écrits notamment sur les anges ou l’eucharistie, le documentaire s’intéresse à d’avantage à l’homme et à sa recherche personnelle de Dieu.

Qui était-il ? Quelle était son aspiration ultime ? « Grâce à la sagesse de Thomas, j’apprends à aimer Dieu », par petites touches, le réalisateur montre un saint Thomas très personnel, celui qui lui a permis « de passer de l’athéisme à la foi chrétienne. »

Saint Thomas d’Aquin – La Sainteté de l’intelligence – UNE COPRODUCTION KTO/CERIGO FILMS 2023 – Réalisée par Jean-Yves Fischbach


Saint Thomas d’Aquin, le Docteur angélique

Le Pape fait l’éloge de saint Thomas d’Aquin dans une lettre

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Dans une lettre adressée aux évêques de Latina, Sora et Frosinone à l’occasion du 700e anniversaire de la canonisation de saint Thomas d’Aquin, du 750e anniversaire de sa mort et du 800e anniversaire de sa naissance, François invite à se mettre à l’école du «docteur angélique» car il est «un bien précieux pour l’Église».

Saint Thomas d’Aquin (1225-1274)

Antonella Palermo – Cité du Vatican

François s’adresse dans cette lettre à trois évêques italiens dont les diocèses recouvrent des lieux liés à la vie de saint Thomas d’Aquin, leur saint patron: Mgr Mariano Crociata, évêque de Latina, Terracina, Sezze, Priverno, Mgr Gerardo Antonazzo, évêque de Sora, Cassino, Aquino, Pontecorvo, et Mgr Ambrogio Spreafico, évêque de Frosinone, Veroli, Ferentino et Anagni-Alatri. Dans cette lettre datée du 19 juin et distribuée le 28 juin aux fidèles de ces diocèses, le Pape invite à réfléchir sur l’héritage humain, sacerdotal et intellectuel de saint Thomas d’Aquin, surnommé le « Doctor Angelicus ».

Une ressource précieuse pour l’Église

Le Pape rappelle d’abord que selon saint Thomas, la grâce divine ne détruit pas la nature, mais permet à son potentiel de s’épanouir. Il constate qu’en «bon dominicain, Thomas s’est généreusement consacré à l’évangélisation, se dépensant sans réserve dans la prière, l’étude sérieuse et passionnée, une production théologique et culturelle impressionnante, la prédication et la réponse aux demandes qui lui étaient adressées par son Ordre, les autorités ecclésiastiques et le monde civil, ainsi que par ses propres connaissances et amis». Tout cela en s’appuyant sur son intelligence mais aussi sur son existence quotidienne.

Construire la synodalité et s’ouvrir à la Vérité

Le Pape invite à puiser dans la sagesse et le témoignage du saint dominicain, et rappelle la définition donnée par Paul VI: «Lumière de l’Église et du monde entier». Il explique ce que signifie honorer en profondeur cette «source toujours vivante»: il s’agit de «se concentrer sur l’étude de l’œuvre de saint Thomas dans son contexte historique et culturel et, en même temps, de la garder précieusement pour répondre aux défis culturels d’aujourd’hui». Il se tourne ensuite vers les diocèses qui gardent sa mémoire vivante sur une «terre bénie, caractérisée par un patrimoine historique, ecclésial et civil unique».

Il leur demande de poursuivre la construction patiente et synodale de la communauté, dans l’ouverture à la «vérité tout entière». La véritable synodalité, rappelle le Saint-Père, «consiste à grandir ensemble dans le Christ en tant que membres vivants et actifs du Corps ecclésial, étroitement unis et reliés les uns aux autres». «Une Église dont la dimension communautaire se nourrit et se manifeste dans la vie sacramentelle et la liturgie, dans la spiritualité, dans la diaconie culturelle et intellectuelle, dans le témoignage crédible, dans la charité et dans l’attention aux plus pauvres et aux plus vulnérables», précise-t-il.

Une spéculation non détachée de l’expérience

«Saint Thomas a aimé la vérité de manière désintéressée», avait écrit saint Jean-Paul II, le qualifiant d’«apôtre de la vérité». Aujourd’hui, «avec son esprit d’ouverture et d’universalité», l’éminent théologien demeure «une source d’inspiration et un maître exemplaire dans son attention à la réalité dans ses multiples dimensions», souligne François dans sa lettre.

«Il faut donc souligner que son formidable héritage est avant tout la sainteté, caractérisée par une spéculation particulière qui n’a cependant pas renoncé au défi de se laisser provoquer et mesurer par l’expérience», poursuit le Souverain Pontife, y compris «par les problèmes inédits et les paradoxes de l’Histoire, lieu dramatique et en même temps magnifique, afin d’y discerner les traces et la direction vers le Royaume à venir. Mettons-nous donc à son école!», encourage-t-il.

Messe à l’abbaye de Fossanova le 18 juillet

Les évêques destinataires de la lettre du Pape informent les fidèles que le mardi 18 juillet prochain, à 18h30, la célébration eucharistique solennelle de l’anniversaire de la canonisation du saint aura lieu à l’abbaye de Fossanova, où saint Thomas rendit son âme à Dieu le 7 mars 1274. Elle sera présidée par le cardinal Marcello Semeraro, préfet du dicastère pour les Causes des saints.

(source: vaticannews.va/fr)

 

Protégé : Notions à « compléter » dans l’éducation et l’enseignement contemporains

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Saint Thomas d’Aquin, le Docteur angélique

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Thomas d’Aquin est reconnu, depuis l’Incarnation du Christ, et à la suite de tous Ses apôtres, comme le plus grand Docteur de l’Eglise de tous les temps, de par les dons singuliers qui lui ont été impartis par son divin Maître pour « porter » l’avenir de l’Humanité vers son but ultime. Il n’est que justice d’essayer de mieux connaître son histoire et le mode de transmission de son enseignement.

Thomas d'Aquin:: "Contemplation" de l'essence divine
Thomas d’Aquin:: « Contemplation » de l’essence divine

Extraits:

TRIOMPHE DE LA CHASTETÉ

Certamen forte dedit illi ut vinceret. SAP., X, 12.

Le Seigneur l’a engagé dans un rude combat, afin qu’il remportât la victoire.

A peine arrivés au château paternel, les deux officiers allèrent visiter le captif, et mirent tout en oeuvre pour lui faire quitter l’habit de Frère Prêcheur. Le trouvant de marbre aux insinuations les plus adroites, comme aux exhortations les plus pressantes, ils pensèrent l’intimider par la hauteur de leurs paroles. « De leur bouche, dit Jean de Réchac, sortaient les vociférations et les menaces comme des éclats de tonnerre.» Leur courroux s’allumant devant l’impassibilité du courageux novice, ils en viennent aux voies de fait, et s’efforcent de lui arracher le vêtement dominicain qu’ils mettent en pièces. Mais le saint jeune homme en recueille les lambeaux avec un pieux respect. Quel pinceau pourrait retracer cette scène sublime? Combien ce spectacle dut réjouir les anges!… Qu’il est beau de contempler cet intrépide champion de la vie religieuse, aux prises avec l’ennemi de sa vocation, défendre son froc de moine, comme le soldat blessé, mais non vaincu, serre dans ses mains crispées l’étendard; confié à sa (76) vaillance, et s’enveloppe des plis glorieux de son drapeau ! Contraints de céder, et voulant à toute force emporter la place, Landolphe et Raynald imaginent un genre d’attaque vraiment diabolique, « capable, dit Guillaume de Tocco, d’ébranler les tours, d’amollir les rochers et de briser les cèdres du Liban, genre d’attaque dans lequel on trouve des combattants nombreux, mais peu de vainqueurs, à cause des difficultés de la lutte ».

Ces indignes frères se disent que c’en sera fait d’une vertu qui a résisté aux séductions, aux menaces et aux mauvais traitements, si l’on parvient à la traîner dans la fange, que cette vocation si tenace s’évanouira au souffle de la volupté. Renouvelant alors une scène dont l’ère des martyrs offre plus d’un exemple, ils introduisent furtivement dans la chambre de leur victime une misérable chargée de lui ravir, avec l’innocence, l’honneur lui-même.

Aux premières paroles de la perfide visiteuse, le saint jeune homme a compris le danger: il frémit, lève les yeux au ciel, court au foyer, et, s’armant d’un tison, poursuit jusqu’à la porte le suppôt de l’enfer. Tremblant à la pensée du péril auquel il vient d’échapper, et rapportant à Dieu l’honneur de sa victoire, il trace une croix sur la muraille avec le tison encore embrasé ; puis, tombant à genoux, il fait cette prière, accompagnée de sanglots : « Bien-aimé Jésus, je sais que tout don parfait, et plus encore que tout autre, celui de la chasteté, dépend de la puissante action de votre providence; je sais que sans vous aucune créature ne peut rien. Défendez par votre grâce, je vous en supplie, la chasteté, la pureté de mon âme et de mon corps. Et si jamais j’ai reçu l’impression, d’un sentiment quelconque capable de ternir ces aimables vertus, ô Maître suprême de mes facultés, arrachez-la loin (77) de moi, afin que je puisse, avec un cœur sans tache, avancer dans votre amour et votre service, en m’offrant tous les jours de ma vie, comme une victime chaste, sur l’autel très pur de votre divine Majesté » (1).

A cette prière succède un sommeil extatique, pendant lequel deux anges descendent du ciel, et ceignant le jeune athlète d’un cordon miraculeux : « Nous venons, disent-ils, de la part de Dieu, te ceindre du cordon de la chasteté perpétuelle. Le Seigneur a exaucé ta prière, et ce que la fragilité humaine ne saurait mériter, Dieu te l’assure par un don irrévocable. »

Ce ne fut point une simple vision, mais une réalité. Les anges serrèrent si fort, que la douleur fit revenir le jeune homme de son extase, et lui arracha un cri involontaire. Des serviteurs accoururent ; mais Thomas, dissimulant la faveur qu’il venait de recevoir, les renvoya courtoisement, et garda son secret jusqu’à la mort. A cet instant suprême, il le fit connaître à son confesseur et ami, Frère Réginald, lequel, pour l’honneur de Dieu et la glorification du Docteur angélique, révéla sous la foi du serment cette incomparable merveille. Lire la suite »