Académie Malagasy : Hommage à Raymond Ranjeva et Yvette Rabetafika ce vendredi 26 juillet

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Raymond Ranjeva, qui a 82 ans, est une grande figure de l’intelligentsia malgache

L’Académie Malagasy consacre ce vendredi une journée spéciale en hommage au professeur Raymond Ranjeva et à son épouse Yvette Rabetafika Ranjeva. Cette reconnaissance exprime la gratitude et le respect envers les contributions remarquables du couple à l’Académie et à la société intellectuelle malgache.

Raymond Ranjeva, président d’honneur de l’Académie Malagasy, est une figure emblématique du paysage académique et juridique malgache. Premier et unique malgache agrégé de droit des Universités françaises, il a consacré sa carrière à l’enseignement et à la promotion du savoir. Ancien recteur de l’Université d’Antananarivo, il a joué un rôle important dans le développement de l’éducation supérieure à Madagascar.

Sa carrière internationale est tout aussi impressionnante. Raymond Ranjeva a servi en tant que juge à la Cour internationale de justice de La Haye, où il a également occupé le poste de vice-président. À ses côtés, Yvette Rabetafika Ranjeva, membre titulaire de l’Académie Malagasy, a également marqué de son empreinte le domaine académique et culturel.

La journée d’hommage sera marquée par une série de discours et de témoignages de collègues, d’étudiants et de proches, célébrant l’héritage et l’impact durable du couple Ranjeva sur l’Académie et au-delà.

(source:  Rija R. – Midi M/kara)


Madame Yvette Rabetafika, épouse Ranjeva

C’est en familier de la famille que je souscris aujourd’hui à un devoir presque filial, rendant hommage à une personnalité discrète et méconnue, mais certainement pas effacée. «Ce n’est pas à mon mari de parler de sa chère femme», me dit Yvette Rabetafika-Ranjeva, regrettant avec une amertume amusée l’absence de reconnaissance publique de son vivant.

Née en 1942, Rabetafika Yvette Madeleine Razafimalala, épouse Ranjeva, est un pur produit de la formation malgache. Pourtant, son éducation familiale lui permet d’être tout aussi à l’aise au sein de deux autres cultures: la française et l’anglaise. On oublie trop souvent qu’elle fut, en 1966, la première femme Malgache Agrégée de l’Université, fière d’avoir effectué presque toutes ses études à Madagascar, sauf l’année de préparation à l’agrégation d’anglais à Paris.

Son mari, dont on taira pour une fois le nom, affirme que l’agrégation de lettres en langue vivante est une marque suprême d’intelligence : il faut imaginer, dit-il, le supplice d’une Malgache déjà quelque peu brutalisée dans l’apprentissage du français, mais qui n’en doit pas moins être à la fois une parfaite francophone et une parfaite anglophone.

Bien avant ce «couronnement», «Yvette» avait décidé de se consacrer à l’enseignement. Encore étudiante, elle fut chargée de cours dans un collège protestant. À son retour au pays, elle a travaillé dans un lycée public, avant de «monter» à l’Université, où elle a assumé des responsabilités administratives à côté de ses obligations d’enseignant-chercheur.

En cette «journée internationale des Droits des femmes», il n’est ni anodin ni superflu de signaler les sacrifices que concède très souvent l’épouse pour privilégier la carrière du mari. C’est ainsi qu’Yvette Rabetafika, l’épouse, la mère, la grand-mère, a abandonné la rédaction d’une thèse d’État sur Henry St John, vicomte Bolingbroke, un philosophe politique britannique du XVIII° siècle.

Autre première à son actif, celle d’avoir été la première femme ambassadeure de Madagascar. Ce fut comme Représentant permanent auprès de l’UNESCO, poste qui allait lui permettre de contribuer à la restauration à l’identique de la silhouette extérieure du palais de Manjakamiadana, au Rova d’Antananarivo.

Ses autres titres et tâches ont été ceux de membre du Haut Conseil de la Francophonie et de Représentant personnel du Chef de l’Etat auprès de l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie).

Épouse d’un juriste international aux multiples sollicitations, elle a encore ménagé un créneau au sein d’une association militant pour la parentalité responsable et d’autres pour la protection du patrimoine culturel et naturel.

Yvette Rabetafika-Ranjeva est membre de l’Académie Malgache, de l’Académie des Sciences d’Outre-mer et de l’Académie Africaine des Sciences, religieuses, sociales et politiques. Mariée à un catholique, elle revendique un témoignage chrétien à travers l’action pour l’oecuménisme et la diaconie, au sein de l’Eglise Réformée, à Madagascar et aux Pays-Bas où l’avait menée la carrière de son mari (décidément).

Post-scriptum : Ce texte est un manifeste. Il m’était important de rendre hommage à une intellectuelle accomplie alors qu’ailleurs, par exemple Antsohihy, la «journée de la femme» se résume à un concours de «vaiavy be nono sy be vody», Minerve wonderbra et Vénus stéatopyges.

Nasolo-Valiavo Andriamihaja (Chronique)

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