La crise malgache rapportée dans le monde

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A Madagascar, des gaz lacrymogènes envoyés sur des manifestants dénonçant les coupures d’eau et d’électricité (Le Monde)

Au cours d’une manifestation contre les coupures incessantes d’eau et d’électricité sur l’île de Madagascar, à Antananarivo, le 25 septembre 2025. RIJASOLO / AFP

Interdit par la préfecture d’Antananarivo, le rassemblement qui se tient depuis jeudi 25 septembre dans la matinée a été réprimé par les forces de l’ordre à l’aide de gaz et de balles en caoutchouc.

Gaz lacrymogènes, balles en caoutchouc, domiciles de deux personnalités politiques pris pour cible : la tension est vive, jeudi 25 septembre, dans la capitale malgache, Antananarivo, où les forces de sécurité tentent d’empêcher un mouvement de protestation contre les coupures incessantes d’eau et d’électricité.

Reprenant à leur compte le drapeau pirate tiré de la série japonaise One Piece, signe de ralliement de mouvements de contestation du pouvoir, y compris en Indonésie ou au Népal, les manifestants répondent à un appel à manifester lancé sur les réseaux sociaux. Le rassemblement avait été interdit mercredi sur ordre du préfet d’Antananarivo, arguant du risque de troubles à l’ordre public. La capitale vit depuis jeudi matin au son des détonations de grenades lacrymogènes et des sirènes des forces de l’ordre.

Malgré des richesses naturelles exceptionnelles, Madagascar reste l’un des pays les plus pauvres de la planète. Près de 75 % de la population vivait sous le seuil de pauvreté en 2022, d’après la Banque mondiale.

A la mi-journée, la maison de la sénatrice Lalatiana Rakotondrazafy, nommée au Sénat début 2025 par le président malgache Andry Rajoelina, a été incendiée par les manifestants à Antananarivo. Les pompiers sont parvenus à maîtriser l’incendie tout en étant la cible de jets de pierres par des manifestants en colère. Un peu plus tard, c’est le domicile d’un député de la capitale qui était saccagé.

Important dispositif de sécurité

Andry Rajoelina, âgé de 51 ans, a été réélu fin 2023 lors d’un scrutin boycotté par l’opposition et auquel moins de la moitié des électeurs inscrits ont pris part. Il avait accédé pour la première fois au pouvoir en 2009, à la tête d’un mouvement populaire et à la faveur d’une mutinerie qui avait chassé l’ex-président Marc Ravalomanana.

Jeudi, dès les premières heures de la matinée, le centre d’Antananarivo était quadrillé par un important dispositif des forces de sécurité. Les manifestants, par petits groupes d’une centaine de personnes, ont tenté de déjouer les barrages installés par les forces de sécurité pour rallier le point de rendez-vous dans le quartier d’Ambohijatovo, dans le centre de la capitale.

Des hommes cagoulés du groupe de sécurité et d’intervention spéciale, une unité de la gendarmerie, se déplaçaient à vive allure dans leurs 4 × 4 blancs en tirant des lacrymogènes et des balles en caoutchouc sur les protestataires. « Depuis 10 heures du matin, on n’arrête pas de crier pour revendiquer juste des droits. Et ils nous tirent dessus avec des balles en caoutchouc », déplore Aina, une étudiante de 20 ans qui a souhaité garder l’anonymat, par peur de représailles.

« L’arbitraire » et « la corruption »

La correspondante de l’Agence France-Presse (AFP) a été témoin de l’arrestation de trois manifestants. Sur les banderoles brandies par ces derniers, on pouvait lire : « Laissez-nous faire entendre nos droits », « Stop à une vie faite de bidons jaunes et de noirceur » ou encore « Nous ne voulons pas de troubles, nous voulons juste nos droits ».

Une manifestante d’une soixantaine d’années, qui ayant également requis l’anonymat par peur d’être arrêtée a expliqué à l’AFP que la situation de l’approvisionnement en eau et en électricité était « devenue insupportable », critiquant « l’arbitraire », la « corruption » et « le manque de transparence de nos dirigeants ». De fait, aucune personnalité politique, y compris de l’opposition, n’a été aperçue par l’AFP parmi les manifestants.

« Ce mouvement a été mené pour ramener l’eau et l’électricité à Madagascar. Ici, on a à peu près douze heures de délestage [d’électricité] par jour. Ça veut dire que pendant douze heures de la journée, on sort de la maison, on va travailler, on paye les impôts et on retourne à la maison. Toujours pas d’électricité », ajoute Aina, une pancarte à la main avec l’inscription « Leo be » (« il y en a marre »).

(source: Le Monde avec AFP)


Madagascar : les forces de l’ordre dispersent les manifestants dénonçant les coupures d’eau et d’électricité (Le Figaro)

Le président de Madagascar, Andry Nirina Rajoelina. Eduardo Munoz / REUTERS

Dans la capitale, un important dispositif de sécurité a été déployé autour des banques, supérettes, magasins d’électroménager, ciblés par des départs d’incendies et des pillages.

La capitale malgache était toujours plongée jeudi soir dans le chaos après une journée marquée par des pillages, tirs de gaz lacrymogènes et incendies de domiciles de trois personnalités politiques dans un contexte de colère contre le pouvoir. Reprenant à leur compte le drapeau pirate tiré de la série japonaise «One Piece»  et signe de ralliement de mouvements de contestation anti-régime, y compris en Indonésie ou au Népal, les manifestants répondaient à un appel à la mobilisation lancé sur les réseaux sociaux contre les incessantes coupures d’eau et d’électricité.

En déplacement à New York pour l’Assemblée générale de l’ONU, le président malgache Andry Rajoelina ne s’était toujours pas exprimé sur la situation dans la capitale jeudi soir. Malgré un quadrillage dès les premières heures de la matinée du centre d’Antananarivo par un important dispositif des forces de sécurité, des banques, supérettes, magasins d’électroménager et même une station du téléphérique, symbole du pouvoir, ont été ciblés par des départs d’incendies et des pillages. À la nuit tombée, les saccages se poursuivaient sans rencontrer de présence sécuritaire.

Le rassemblement a été interdit la veille sur ordre du préfet d’Antananarivo, arguant du risque de troubles à l’ordre public. Après une journée à résonner au rythme des détonations de grenades lacrymogènes et des sirènes des forces de l’ordre, il a décrété jeudi soir un couvre-feu jusqu’à vendredi 05h00 locales (02h00 GMT). Signe de l’inflammabilité de la situation, une centaine d’élèves du lycée français étaient bloqués en fin de journée dans l’établissement, interdits de le quitter pour des questions de sécurité. Toutes les écoles de la ville doivent rester fermer vendredi et le vol Air France devant atterrir à Antananarivo jeudi soir a été dérouté vers Maurice.

Violences policières

En dépit de ses richesses naturelles exceptionnelles, Madagascar reste l’un des pays les plus pauvres de la planète. Près de 75% de la population vivait sous le seuil de pauvreté en 2022, d’après la Banque mondiale. Les domiciles de trois parlementaires proches du pouvoir ont été embrasés et des manifestants ont caillassé les pompiers tentant d’éteindre les flammes touchant la maison de la sénatrice Lalatiana Rakontondrazafy, nommée en début d’année par le président. Le président Andry Rajoelina, 51 ans, a été réélu fin 2023 lors d’un scrutin boycotté par l’opposition et auquel moins de la moitié des électeurs inscrits a pris part.

Reporter Sans Frontières a dénoncé jeudi des «violences policières contre au moins trois journalistes» dans un communiqué et a appelé les «autorités à identifier les responsables». Les manifestants, par groupes d’une centaine de personnes, ont tenté de déjouer en début de journée les barrages des forces de sécurité pour rallier le point de rendez-vous dans le quartier d’Ambohijatovo. Peu avant 11H00 (08H00 GMT), les forces de l’ordre, composées de plusieurs unités de la police et de la gendarmerie, ont commencé à tirer des grenades lacrymogènes pour les disperser. La correspondante de l’AFP a été témoin de l’arrestation de trois manifestants.

Arbitraire, corruption, transparence 

Sur les banderoles brandies, on pouvait lire: «Laissez-nous faire entendre nos droits» ou encore, «nous ne voulons pas de troubles, nous voulons juste nos droits». Une manifestante d’une soixantaine d’années ayant requis l’anonymat par peur d’être arrêtée expliquait à l’AFP que la situation de l’approvisionnement en eau et en électricité était «devenue insupportable», critiquant «l’arbitraire», la «corruption» et «le manque de transparence de nos dirigeants». De fait, aucune personnalité politique, y compris de l’opposition, n’a été aperçue par l’AFP parmi les manifestants.

Des hommes cagoulés du GSIS, une unité de la gendarmerie, ont été vus se déplaçant à vive allure dans leurs 4×4 blancs et tirant des lacrymogènes et des balles en caoutchouc sur les protestataires. «Depuis 10H00 du matin, on n’arrête pas de crier pour revendiquer juste des droits. Et ils nous tirent dessus avec des balles en caoutchouc», déplore Aina, une étudiante de 20 ans qui elle aussi a souhaité garder l’anonymat de peur de représailles.

«Ce mouvement a été mené pour ramener l’eau et l’électricité à Madagascar. Ici, on a à peu près 12 heures de délestage (d’électricité) par jour. Ça veut dire que pendant 12 heures de la journée, on sort de la maison, on va travailler, on paye les impôts et on retourne à la maison. Toujours pas d’électricité», ajoute l’étudiante, une pancarte à la main avec l’inscription «leo be» (Y’en a marre, Ndlr).

(source: lefigaro.fr)

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