Al-Qaïda
«La Russie sera vaincue» : le chef d’al-Qaida au Mali pointe Wagner dans une nouvelle vidéo

Dans une vidéo diffusée mardi par le JNIM, Iyad Ag-Ghali fustige les nouvelles juntes au Mali, Burkina et Niger qui ont fait appel à de nouveaux «alliés infidèles», les mercenaires russes.
L’affrontement est entré dans une nouvelle phase». Dans une vidéo diffusée le 12 décembre, Iyad Ag-Ghali, le chef du JNIM (Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans) au Mali, a énoncé ses objectifs au regard de la nouvelle donne au Sahel. Alors que l’armée française s’est retirée de la zone, poussée dehors par les juntes militaires au Mali, Burkina Faso et Niger, le chef islamiste a fustigé ces «pouvoirs traîtres» et leurs nouveaux «alliés infidèles», les mercenaires russes.
Dans cette vidéo – la première depuis 2017 – de plus de 2 minutes, Iyad Ag-Ghaly, l’un des principaux chefs djihadistes au Sahel, dénonce «les massacres des FAMA et de Wagner», ainsi que du capitaine Traoré, chef de la junte au Burkina Faso. Lisant son communiqué derrière son ordinateur hp, le chef islamiste évoque le sort des civils qui, «dans cette période sanglante (…) se trouvent entre l’enclume des extrémistes et le marteau de l’armée, l’apostasie et les mercenaires de Wagner», a traduit le spécialiste arabophone Wassim Nasr. Il affirme que l’alliance avec la Russie sera perdante, tout comme le fut celle avec «la France mécréante», dont la présence «a mené à l’élargissement du djihad
Le chef islamiste clôt son discours par le conflit entre Israël et le Hamas, commencé «il y a 9 semaines» – ce qui permet d’attester de la récence de l’enregistrement. Il remercie notamment les imams maliens qui ont refusé la laïcité et soutenu «les moujahidin de Gaza».
Deux ennemis, l’État islamique et la Russie
Le djihadiste malien tient ce discours alors qu’un nombre toujours croissant d’exactions des forces armées locales et de leurs supplétifs russes est signalé au Sahel. L’ONG Human Right Watch documente régulièrement des exécutions sommaires, disparitions de civils, pillages et tortures.
Après s’être battu pour la cause touareg au sein des rébellions apparues dans les années 1990 au nord du Mali, Yiad Ag-Ghali a versé dans le combat djihadiste en fondant une filiale d’al-Qaida au Sahel, qui veut imposer la charia. Avec l’EIGS lié à Daesh, le JNIM a été combattu par les soldats français des opérations Serval puis Barkhane entre 2013 et 2019, avant que ceux-ci ne soient écartés par les autorités putschistes des États sahéliens.
Depuis le départ des soldats français, Iyad Ag-Ghlai, qui en était l’une des principales cibles, «a une plus grande liberté d’action et d’activité», expliquant cette nouvelle prise de parole, note le journaliste Wassim Nasr sur France 24. Dans le cadre de cette «nouvelle phase» des combats qui s’ouvre, le chef djihadiste annonce donc combattre non seulement l’EIGS, groupe djihadiste concurrent, mais aussi l’allié russe, et déclare ouvrir ses rangs à de nombreuses recrues.
(source: lefigaro.fr)
Au Sahel, un convoi de l’armée française face à la colère populaire
Une centaine de soldats ont été pris pour cible au Niger et au Burkina Faso, signe d’un sentiment antifrançais et du ressentiment lié à la dégradation de la situation sécuritaire.

Ils sont arrivés dimanche 28 novembre à Gao, au Mali, certainement plus fatigués que d’ordinaire mais surtout plus instruits sur les difficultés de la France au Sahel et confus sur le sens de leur mission. En deux semaines d’un voyage qui les a vus traverser la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Niger et le Mali, la centaine de soldats de l’opération « Barkhane » chargés d’escorter un banal convoi de ravitaillement ont pu mesurer à quel point ils étaient tout à la fois étrangers dans cette région et parties prenantes à ses problèmes. Objets de fantasmes nourris par les réseaux sociaux, et de ressentiments profonds face à leur incapacité à enrayer une dégradation de la situation sécuritaire sur place.
A Téra, petite ville de l’ouest du Niger, samedi matin, les invectives, les cris « A bas la France ! », les barrages de pneus, de bois, de morceaux de béton qui depuis plusieurs jours jalonnaient leur périple ont tourné à l’incident tragique. Après des jets de pierres qui ont blessé deux chauffeurs civils du convoi, des manifestants, parmi le millier dénombré, ont tenté de monter sur des camions et d’en incendier certains, selon le récit de l’état-major des armées. « Des tirs au sol » ont alors été effectués, reconnaît tout au plus l’armée française qui n’endosse jusqu’ici la responsabilité d’aucun mort ni blessé.
Enquête
Le ministre nigérien de l’intérieur, Alkache Alhada, avait le jour de l’événement fait savoir qu’une enquête avait été ouverte puisque, « dans sa tentative de se dégager, elle [sans indiquer s’il s’agissait de la force « Barkhane » ou de l’escorte de gendarmes locaux] a fait usage de la force, malheureusement on déplore la mort de deux personnes et dix-huit blessés, dont onze graves ». Un troisième homme a depuis succombé à ses blessures, relatent plusieurs sources à Niamey, où le ministre a été remplacé lundi à l’issue d’un remaniement « prévu avant ces violences », assure un proche de Mohamed Bazoum, le chef de l’Etat et sûrement le meilleur avocat de Paris au Sahel.
Le Conseil de sécurité de l’ONU vote la lutte contre l’EI « menace mondiale sans précédent »
L’ONU invite tous les pays qui en ont les capacités à se joindre, « en conformité avec les lois internationales », à la lutte contre l’EI en Syrie et en Irak. Le Conseil appelle les pays à « redoubler d’efforts et à coordonner leurs initiatives afin de prévenir et stopper les actes terroristes commis spécifiquement » par l’EI ainsi que par d’autres groupes extrémistes associés à Al-Qaida.
Le président français, François Hollande, a salué une résolution qui va « contribuer à la mobilisation des nations pour l’élimination de Daech [un acronyme de l’EI en arabe] ». Pour le ministre des affaires étrangères français, Laurent Fabius, « il importe maintenant que tous les Etats s’engagent concrètement dans ce combat, qu’il s’agisse de l’action militaire, de la recherche de solutions politiques ou de la lutte contre le financement du terrorisme ».
Le Conseil a condamné les attaques à Paris, mais aussi celles qui ont été menées depuis le début d’octobre par l’EI à Sousse (Tunisie), à Ankara, Beyrouth ou contre un avion russe au-dessus du Sinaï. La résolution a été votée au moment où une prise d’otages dans un hôtel de Bamako revendiquée par le groupe djihadiste Al-Mourabitoune, lié à Al-Qaida, a fait au moins 21 morts.