docteur de l’église

Le cardinal John Henry Newman sera proclamé docteur de l’Église

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Une note de la salle de presse du Saint-Siège indique que le titre sera prochainement décerné au cardinal qui vécut au XIXe siècle, après que Léon XIV a confirmé l’avis de l’assemblée plénière des cardinaux et évêques, membres du dicastère des Causes des Saints.

Alessandro De Carolis – Cité du Vatican

C’est l’un des grands penseurs modernes du christianisme, protagoniste d’un parcours spirituel et humain qui a marqué l’Église et l’œcuménisme du XIXe siècle, auteur de réflexions et de textes qui montrent comment vivre la foi est un dialogue quotidien «cœur à cœur» avec le Christ. Une vie consacrée avec énergie et passion à l’Évangile -qui a culminé en 2019 avec la canonisation- qui va bientôt valoir au cardinal anglais John Henry Newman la proclamation de docteur de l’Église.

La nouvelle a été annoncée jeudi 31 juillet, par un communiqué de la salle de presse du Saint-Siège, qui rapporte que lors de l’audience accordée au cardinal Marcello Semeraro, préfet du dicastère pour les Causes des Saints, Léon XIV «a confirmé l’avis favorable de la session plénière des cardinaux et évêques, membres du dicastère pour les Causes des saints, concernant le titre de docteur de l’Église universelle qui sera prochainement conféré à saint John Henry Newman».

«Des ombres et des silhouettes à la Vérité»

«Guide-moi, douce Lumière; dans les ténèbres, guide-moi. La nuit est noire, la maison est loin : guide-moi… Ta puissance m’a toujours béni; aujourd’hui encore, elle me guidera à travers les marais et les landes, jusqu’à ce que la nuit s’évanouisse et que l’aube sourie sur mon chemin». John Henry Newman, né en 1801, a 32 ans lorsqu’il revient en Angleterre après un long voyage en Italie et que cette prière poignante monte dans son cœur. Depuis huit ans, il est prêtre anglican, mais il est surtout l’un des esprits les plus brillants de son Église. C’est un homme qui fascine par ses paroles, prononcées et écrites. Lire la suite »

L’épiscopat polonais demande que saint Jean-Paul II devienne docteur de l’Église

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Le président de la Conférence des évêques de Pologne, Mgr Stanisław Gądecki, a demandé au Pape François, au nom de l’épiscopat du pays, que saint Jean-Paul II soit proclamé docteur de l’Église et co-patron de l’Europe. Sa requête a été appuyée par le cardinal Stanisław Dziwisz ce 22 octobre, en la fête liturgique du Souverain Pontife polonais, dont il fut le secrétaire particulier.

Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican 

Saint Jean-Paul II deviendra-t-il un jour le 37e docteur de l’Église catholique et le 6e saint patron de l’Europe? 

L’année 2020 semble un horizon opportun pour envisager sérieusement ces reconnaissances exceptionnelles. Cette année-là seront célébrés le centenaire de la naissance du Souverain Pontife polonais et le 15e anniversaire de sa mort. Dans la lettre qu’il a adressée au Pape François, Mgr Stanisław Gądecki, archevêque de Poznan et président de la conférence épiscopale polonaise, a souligné que «le pontificat du Pape polonais était rempli de décisions révolutionnaires et d’événements importants qui ont changé le visage de la papauté et influencé le cours de l’histoire européenne et mondiale». D’où la pertinence de ces deux requêtes.

Mgr Gądecki estime que «la richesse du pontificat de saint Jean Paul II […] est née de la richesse de sa personnalité – poète, philosophe, théologien et mystique -, qui s’est réalisée dans plusieurs dimensions, depuis le travail pastoral et pédagogique, en guidant l’Église universelle, jusqu’au témoignage personnel de la sainteté de la vie». L’archevêque de Poznan met également en valeur la contribution de Jean-Paul II à la réunification de l’Europe, après plus de cinquante ans de divisions symbolisées par le Rideau de fer. Il observe qu’«après l’annonce unificatrice et culturelle de l’Évangile par les saints Cyrille et Méthode et saint Adalbert, plus de mille ans plus tard, les fruits de leurs activités – non seulement sur le plan social mais aussi religieux – ont trouvé protection et continuité dans la personne du Pape polonais».

Un gardien des valeurs européennes

Le cardinal Stanisław Dziwisz s’est fait l’écho et le soutien de cette demande depuis Varsovie, ce 22 octobre, où il participait au Congrès du mouvement « Europa Christi ». Dans son discours, l’archevêque émérite de Cracovie a souligné Lire la suite »

Sainte Catherine de Sienne

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Catherine de Sienne, une analphabète: Première femme docteur de l´Église, patronne de l´Europe, cette religieuse dominicaine du 14e siècle fut aussi bien une femme de prière qu´une femme d´action, aussi bien une femme recluse qu´une femme publique.

La Foi prise au mot vous propose d´évoquer une très belle figure de mystique, de femme et de théologienne :

Catherine connut en à peine 33 ans plus de vies que n´importe qui : recluse et visionnaire, elle fut aussi une femme publique accompagnant le pape et l´aidant à réformer l´Église ; femme de prière et de contemplation, elle laissa derrière elle un nombre considérable d´écrits et de lettres.

Alors qui fut Catherine de Sienne ? C´est la question que Régis Burnet posera à ses deux invités : le frère François Daguet, professeur de théologie, qui appartient au couvent des dominicains de Toulouse, et Christiane Rancé, romancière, essayiste et journaliste.

Catherine de Sienne ou la conduite du monde

Vie et Oeuvres

An English recap version of her unique extraordinary Life and role in saving Christ’s Church during the XIVth century.


 

La Vie de Sainte Catherine de Sienne
Appendice

ELOGE DE CATHERINE COMPOSÉ PAR LE BIENHEUREUX RAYMOND POUR SERVIR DE PREMIER PROLOGUE A L’HISTOIRE DE LA SAINTE.

L’Ange de l’Apocalypse. Cet Ange est la figure de Catherine et de Notre-Seigneur. Pourquoi Notre-Seigneur est descendu sur terre. L’œuvre du Verbe Incarne. Il se donne aux petits pour confondre les orgueilleux. Catherine est une merveille de grâce. Comment le bienheureux a connu la sainte. Cette sainte est un  » ange de la terre « . Comment elle descend du ciel et y remonte. Comment  » elle a la clef de l’abîme « . Caractère merveilleux de ses écrits. Éloquence irrésistible de ses paroles. Comment  » elle possède la chaîne des vertus ». Elle se croit responsable de tous les maux du monde. Comment elle porte en son cœur  » la chaîne des fidèles « . On peut la comparer aux plus grands saints. Comment elle lie Satan.

 

LAUS DEO OMNIPOTENTI ET BEATAE VIRGINI MARIAE
Voix inspirée est la voix de l’Aigle ( St Jean l’Evangéliste) , qui, porté par de L’Ange son vol, au sommet du plus sublime des cieux, manifeste à l’Église militante les secrets du divin Conseil et nous dit au livre de ses révélations (Apocalypse, chap. xx) :  » J’ai vu un Ange, descendant du ciel, avec la clef de l’abîme et une grande chaîne dans sa main. »

Ces paroles, quelle que soit l’explication qu’en aient donnée jusqu’ici les saints Docteurs, me semblent pouvoir, avec assez de convenance, servir de thème à notre Notre-Seigneur. Sujet; car l’angélique vierge, dont nous avons l’intention de raconter la vie plus céleste qu’humaine, a incontestablement révélé les mystères de l’infinie Sagesse, à beaucoup d’âmes ignorantes des voies du salut; et elle a présenté, par ses paroles et ses exemples, la chaîne qui lie Satan à tous ceux qui ont voulu entendre; on devrait même dire qu’elle la leur a donnée.

Que si, par cet Ange descendant du ciel, nous entendons l’Ange du Grand Conseil, le Seigneur Jésus-Christ, descendu du ciel, nous dit l’Apôtre, aussi réellement qu’il y est remonté ( Eph 4, 10), rien encore dans ce sens, qui soit étranger à notre sujet. Les œuvres dont nous allons parler, ne sont-elles pas en effet de Celui-là même que nous savons bien avoir trouvé dès le commencement ses délices parmi les fils et les filles des hommes (Pr 8, 31), objets de son éternelle prédilection. C’est Lui qui, au témoignage de l’Aigle (Is 22, 22), a de toutes manières la clef de David, cette clef qui ouvre ce que personne ne fermera et ferme ce que personne n’ouvrira plus. C’est Lui aussi, qui nous atteste avoir la clef de la mort et de l’enfer (Apoc 1, 18). Il n’est donc pas étonnant qu’il porte la chaîne qui lie Satan.

Mais ce même Seigneur des anges, ici désigné sous le nom d’Ange, a tellement aimé d’amour éternel le genre humain, que, dans un sentiment d’ineffable miséricorde, il a voulu attirer notre nature dans l’unité de sa propre personne. Voilà pourquoi, comme on l’a dit, n’ayant cependant nul besoin de ces joies, il s’est si excellemment délecté parmi les enfants des hommes, qu’il s’est efforcé de n’employer que des instruments humains, pour l’exécution de ses éternels décrets. De là vient que toujours, dès le commencement des siècles, il a sanctifié et choisi certains hommes, pour manifester ses plus secrets mystères. De là vient que toujours il a accompli ses merveilles et ses oeuvres surnaturelles par le ministère d’hommes en qui il se complaisait. De là vient que, voulant donner aux habitants de la terre une loi d’origine céleste, il n’a élu comme Médiateur qu’un homme, pour le mettre à la tête de son peuple choisi De là vient enfin que, saisi d’amoureuse passion pour cette nature humaine, il l’a prise dans son intégrité, du sein d’une Vierge humaine, gracieuse entre toutes. Revêtu de cette nature, comme de l’ornement de sa charité, il s’est, par elle et avec elle, indivisiblement uni aux hommes. Puis, après avoir réalisé cette oeuvre toute merveilleuse et toute aimable, il a embrassé si étroitement le genre humain que, non content de lui offrir une fraternité si admirable, il s’est livré comme rançon pour le salut des hommes. Il a donné en nourriture aux âmes humaines son propre Corps et son propre Sang, jusqu’à la fin des siècles, et il a promis aux fidèles d’être lui-même leur récompense.

Par tout ceci, chaque chrétien peut apprendre à quel degré souverain de dignité le genre humain a été élevé et quelle est la hauteur du sommet sur lequel tout adorateur du Christ se trouve établi. Plus haut que les sommets angéliques, brille aujourd’hui la dignité de l’homme, et Dieu, s’il m’est permis de parler ainsi, s’étant abaissé un peu au-dessous de l’ange, l’homme s’est trouvé exalté au-dessus des hiérarchies célestes. « Vous l’avez abaissé, dit le Prophète, un peu au-dessous des anges, mais vous l’avez couronné de gloire et d’honneur et vous l’avez établi sur les oeuvres de vos mains. Vous avez tout mis à ses pieds. ( Ps 8, 7.8) ». Saint Paul expose ces paroles dans son Épître aux Hébreux et, les appliquant au Christ; il nous dit: « Dès lors que Dieu lui a tout soumis, il n’a rien laissé qui échappe à son empire (Hb 2,8).

Essayez de comprendre maintenant, ô sage qui m’entendez, la confiance avec laquelle, l’âme fidèle, éprise de son Sauveur, peut aller à lui, l’abandon qu’elle peut mettre à le suivre, le nombre et la douceur des dons qu’elle peut espérer recevoir de Celui qui s’étant livré tout entier pour elle, retient cependant l’univers sous sa puissance. O aveugle apathie! O trop obstinée dureté de nos temps modernes! O froideur des esprits d’aujourd’hui, plus froide que neige et glace! Comme elles avaient jusqu’ici couru ferventes, sur les pas de l’Agneau, les fiancées du Christ dans la foi! Quelle promptitude à le suivre, partout où il allait, fût-ce jusqu’à la croix! Combien de fidèles, non seulement de tout sexe, mais de tout âge, de toute condition, méprisant le monde et ses biens comme la plus vile des boues mettaient toute la joie de leur esprit à offrir leur propre corps à toutes les épreuves de la souffrance. C’était à travers les épines des tribulations et les ronces des douleurs corporelles, qu’en ces temps heureux, ces âmes volaient plus qu’elles ne couraient, à la suite de l’Éternel époux, passant, l’esprit tranquille, à travers les horreurs de la mort, jusqu’à la vie sans limites. Combien aussi foulaient aux pieds tout bien passager, domptaient leur propre chair par un long martyre, fixaient sur les joies célestes le regard de leur intelligence, édifiaient la sainte Église, par leur doctrine comme par leurs exemples, et, après de longs combats, couronnaient l’intégrité de leur vie d’ici-bas, par une heureuse entrée dans celle du ciel. Et pourquoi tout cela? Si ce n’est, parce que Celui qu’on a si souvent appelé l’Ange du Grand Conseil, était devenu la proie de leurs cœurs. Avec sa clef de David, ils avaient fermé et la terre et ouvert au ciel l’abîme de leurs pensées; et avec la grande chaîne qu’ils avaient reçue de lui, ils avaient vaincu et lié Satan, l’adversaire.

En ces temps-là, c’était chose commune et fréquente, mais dans nos temps difficiles, où, selon la prophétie de l’Apôtre ( 2 Tim 3,2), il n’y a plus guère que des égoïstes, ce même Ange ne nous a pas retiré tout à fait l’aide de son  » Grand Conseil  » et de son secours. Il sème çà et là à travers la chrétienté quelques âmes, peu nombreuses il est vrai, pour lesquelles il multiplie si copieusement et avec tant de munificence ses dons merveilleux que les témoins de ces grâces en sont dans la stupeur, et que l’esprit des autres se refuse à y croire. Chose plus étonnante et qu’on doit noter, ce me semble, cette abondance de grâces parait de nos jours faire plus particulièrement son œuvre dans le sexe faible, chez des femmes. Peut-être est-ce pour confondre l’orgueil des hommes, de ceux-là surtout, qui, pleins de l’estime d’eux-mêmes, ne rougissent pas de se dire savants, alors qu’ils ne savent rien, sages alors qu’ils n’ont en rien goûté aux douceurs de la Sagesse divine. O honte ! ils sont devenus aujourd’hui tellement insensés, nous dit l’Apôtre (Rm 1, 22), qu’ils font de vains efforts pour savoir sans science, pour être sages sans sagesse. Ce sont ces hommes, si je ne me trompe, que l’éternelle Sagesse semble avoir résolu de confondre, par l’humble doctrine et les oeuvres merveilleuses de saintes jeunes filles, afin qu’en sa présence nulle chair ne se glorifie et que l’insensé apprenne où est l’intelligence, où est la vertu, où est la vraie lumière, où est la paix!

Voilà pourquoi une admirable jeune fille, une vierge toute sainte, oeuvre de la Sagesse incarnée, est venue au monde en Toscane, à Sienne, vieille cité de la vierge, ainsi nommée à cause de l’antiquité de son titre basilical. Quand je considère attentivement la doctrine de cette sainte, quand j’admire les actes de sa vie et son bienheureux trépas, j’en suis tout saisi, et laisserais libre cours à mes larmes, plus volontiers qu’à mes paroles. Quel coeur, en effet, ne se sentirait défaillir au spectacle de dons si merveilleux du Très-Haut? A voir cette vierge, si frêle dans son sexe, d’âge si tendre, fille du peuple, s’élever sans le secours d’aucun Docteur ou guide humain à de si hauts sommets, dans la pratique des vertus parfaites, acquérir de telles lumières et une telle perfection de doctrine, et cela, sans sortir de la maison paternelle, qui donc ne serait pas stupéfait? Qui donc pourrait contenir son admiration et ses larmes, larmes de joie et de louange tout à la fois.

Dans ma souveraine indignité, sans aucun mérite précédent, bien plus, malgré mes démérites, j’ai reçu de la Miséricorde d’en-haut, qui ne veut la mort de personne, la grâce de connaître, pendant plusieurs années, cette sainte vierge alors sur la fin de sa carrière. J’ai été admis dans sa familiarité et elle m’a même choisi pour confesseur, ce qui m’a permis de participer et d’être initié à tous les secrets que le Seigneur lui a confiés et révélés. Dès lors je ne puis pas, à la façon du mauvais serviteur, Dieu m’en garde, tenir enveloppé dans un suaire le précieux talent que la générosité du Très-Haut m’a confié. Je veux l’apporter au trésor public, en multiplier ainsi le profit pour les âmes, et, riche de ces usures si agréables à Dieu, le rendre en temps fixé au Seigneur Sauveur.

Et puisque la parole de Jean convient, si je ne me trompe, à mon sujet, je la reprends et je crie de toute mon âme aux siècles présents et futurs : «  Oui, j’ai vu, moi qu’on appelle habituellement Raymond, et que Catherine appelait parfois Jean, à raison, je pense, des secrets qu’elle m’a révélés, j’ai vu, dis-je, l’ange descendant du ciel avec la clef de l’abîme et une chaîne dans sa main; je l’ai vu, j’étais là. Le Seigneur avait déjà fait sans doute beaucoup de merveilles, avant que je ne connusse personnellement cette vierge, mais j’ai tout appris d’elle-même, dans l’intimité de la confession, ou d’hommes et de femmes absolument dignes de foi et témoins oculaires. J’ai donc vu et entendu, de telle sorte que moi et mes autres témoins nous pouvons nous écrier avec l’Évangéliste Jean :  » Ce que nous avons vu et entendu du Verbe de vie  » habitant en cette admirable vierge « cela, et pas autre chose; voilà ce que nous vous annonçons ( 1 Jn 1,1)  » Comme le disaient Pierre et Jean, nous ne pouvons point ne pas dire les choses que nous avons vues et entendues et ne pas les annoncer à tous (Act 4,20). Considérons donc avec soin, chrétiens fidèles, ce verbe créé, que le Seigneur a fait et qu’il nous a montré, à nous pécheurs, et je suis le premier de ces pécheurs, moi qui vous ai dit plus haut que j’avais vu.

Qu’ai-je donc vu? J’ai vu certainement un ange descendant du ciel, car la femme dont je parle n’était pas une femme, mais un ange sur terre, ou, si vous aimez mieux, on devrait plutôt l’appeler homme céleste que femme. N’a-t-elle pas fait œuvre angélique et céleste, celle qui, renonçant complètement à tous les plaisirs du corps, illicites ou licites, avait toujours sa pensée dans les cieux et les paroles d’éternelle vie sur les lèvres, celle qui sans nourriture, sans boisson, sans sommeil, accablée de plusieurs graves maladies, non seulement vivait, mais demeurait joyeuse, mais travaillait sans défaillance et sans relâche aux œuvres de Dieu et au salut des âmes. Qui dira que pareille vie est de la terre et de l’homme? Et je ne parle pas des autres prodiges et miracles que Dieu accomplissait par elle devant nous, ce n’est pas ici le lieu d’en donner les détails. Avec la grâce de Dieu, je les raconterai plus loin en grande partie. Qu’y a-t-il donc d’étonnant à ce que nous l’appelions un ange, celle qui, par la pureté de sa chair et de son esprit, a imité la nature angélique, et qui remplissait sans cesse l’office des anges, sous le commandement du Roi des anges.

C’est à bon droit aussi que nous la présentons comme « descendant du ciel « , car tout en ayant habituellement sa très sainte conversation dans les cieux (Phil 3,20), elle descendait souvent sur la terre, par une humble connaissance d’elle-même et par sa compassion pour le prochain. Mais il est écrit de l’Époux que Celui qui descend est aussi le même qui remonte (Eph 4,10) et la véritable épouse emploie toutes ses énergies à mettre ses pas dans les pas de l’Époux. Après être descendue, cette admirable vierge remontait donc comme les anges de l’échelle de Jacob pour contempler la face du Seigneur trônant au sommet de l’échelle, et pour recevoir dans cette ascension les abondantes bénédictions qu’en descendant elle répandait sur les habitants de la terre. C’est, pour ainsi dire, grâce à cette échelle de Jacob qu’elle a accompli toutes ces oeuvres, car, nous le verrons plus loin avec l’aide de Dieu, en tout ce qu’elle a demandé au Seigneur et en tout ce qu’elle a fait, elle a eu recours à la médiation de la glorieuse Marie Mère de Dieu, et du Fruit de son sein, l’Humanité du Sauveur. Or l’échelle de Jacob est le symbole de cette double médiation.

De plus, l’ange qui descend, comme nous l’avons dit, nous apparaît « avec la clef de l’abîme « , car cette vierge angélique, dépassant toute pensée humaine, a sondé les profondeurs de la divine Sagesse et nous les a ouvertes et révélées, autant que le peut faire une âme encore en route pour le ciel. Qui donc, en lisant ses lettres, adressées à travers toute la chrétienté à des personnes de condition et de dignité si diverses, n’admirerait pas, tout étonné, l’élévation de leur style, la profondeur de leurs pensées et leur utilité extraordinaire pour le salut des âmes? Elle y parle dans son langage vulgaire, puisqu’elle ne connaît pas la littérature, mais elle est entrée dans les puissances du Seigneur avec une clef qui en pénètre les mystères et son style, attentivement examiné, parait plutôt être de Paul que de Catherine, d’un Apôtre que d’une jeune fille. Elle dictait ses lettres couramment, sans la moindre hésitation de pensée, si bien qu’elle semblait lire, dans un livre placé devant elle, tout ce qu’elle disait. Je l’ai vue souvent dicter à deux Secrétaires à la fois des lettres différentes, adressées à diverses personnes, et traitant de matières qui n’avaient rien de commun. Aucun des secrétaires n’avait à attendre le moindre instant sa dictée et aucun ne recevait de la sainte quelque parole qui fût étrangère à son sujet. Comme j’en manifestais mon étonnement, plusieurs qui l’avaient connue avant moi et l’avaient très souvent vue dicter, me répondirent qu’elle occupait quelquefois trois ou quatre secrétaires en même temps, de la façon que j’ai dit, avec la même célérité et la même sûreté de mémoire. Pareil fait chez une femme dont le corps était si brisé par les veilles et l’abstinence, est pour moi le signe d’un miracle et d’une grâce infuse surnaturelle, bien plus que l’effet de n’importe quelle faculté naturelle.

D’ailleurs, si l’on examine le livre qu’elle a composé, dans le dialecte de son pays, sous la dictée évidente de l’Esprit-Saint, qui donc pourrait imaginer ou croire que ce soit là l’oeuvre d’une femme? La sublimité du style est telle qu’on peut à peine la rendre en latin, je m’en aperçois bien aujourd’hui aux efforts que me demande cette traduction. Les pensées en sont si élevées et si profondes qu’à les entendre exprimées en latin vous les attribueriez tout d’abord à Aurelius Augustin, Quant à leur utilité pour l’âme qui cherche son salut, il n’est pas possible de la dire en quelques paroles claires et courtes. Le lecteur attentif apprendra dans ce livre toutes les ruses les plus subtiles qu’emploie l’antique ennemi, de tous les moyens. que nous avons de vaincre Satan et de plaire au Très-Haut, tous les bienfaits qu’accorde le Sauveur aux créatures raisonnables, toutes les fautes qui dans notre siècle pervers se commettent habituellement, ô douleur, contre ce même Sauveur, et les remèdes à ces fautes. Les secrétaires de la sainte m’ont affirmé qu’elle n’avait rien dicté de tout cela pendant qu’elle jouissait de l’usage de ses sens, mais seulement aux heures d’extase, alors qu’elle parlait avec son Époux. Voilà pourquoi ce livre est composé sous la forme de Dialogue entre le Créateur et l’âme raisonnable qu’il a créée et qui marcha vers Lui.

Mais, pour cette même raison, bien que ces écrits soient à recommander de toute façon, bien que je ne puisse les louer comme ils le méritent, ils sont cependant peu de chose à côté de la parole vivante qu’elle nous faisait entendre étant encore parmi les hommes. Le Seigneur lui avait donné une langue si bien instruite qu’elle savait toujours que répondre. Ses paroles brûlaient comme des torches, et nul de ceux qui les entendait ne pouvait se dérober complètement à l’ardeur de leurs traits enflammés. A en croire tous ceux qui ont connu la sainte, qu’ils aient suivi ou non ses conseils. Personne n’est jamais venu l’entendre avec quelque mauvaise intention que ce soit, fût-ce celle de s’en moquer, sans en revenir un peu ou tout à fait contrit, totalement on en partie corrigé. Qui donc, à ces signes, ne reconnaîtrait pas le feu de l’Esprit-Saint qui habitait en elle? Qui donc pourrait désirer une autre preuve de l’action du Christ qui parlait par Catherine. L’arbre se reconnaît à ses fruits (Mt 12, 33), nous dît la Vérité incarnée, qui nous assure aussi que l’homme bon tire du trésor de sa bonté de bonnes paroles ( Mt 12, 35). Vous auriez pu voir souvent ceux qui entraient chez notre sainte, pour rire et se moquer, en sortir tout en larmes, et ceux qui venaient l’âme pleine d’orgueil et la tête haute, s’en aller gémissant et la tête basse. D’autres, sages à leurs propres yeux, et fort instruits des sciences humaines, après l’avoir entendue, mettaient un doigt sur leurs lèvres et, tout stupéfaits, murmuraient en eux-mêmes :  » Comment celle-ci sait-elle les lettres, sans avoir étudié (Jn 7, 15)  »  » D’où vient à cette pauvre femme une telle sagesse? Qui a pu l’instruire si parfaitement et lui enseigner de si hautes vérités? « Tout cela montrait bien à tout esprit sensé qu’elle avait la clef de l’abîme, c’est-à-dire des profondeurs de la Sagesse éternelle et qu’illuminant les esprits enténébrés, elle ouvrait aux aveugles les trésors de la lumière éternelle.

Le texte de Jean, thème de ce prologue, se terminait par ces mots:  » Avec une grande chaîne dans sa main « . Nous pourrions signaler tout d’abord le rapprochement facile à faire, entre le nom de chaîne et celui de Catherine ( en latin catena et catarina), mais nous arrêterons-nous à jouer sur les mots? Allons plutôt au fond du mystère qu’ils signifient. Une chaîne est une totalité composée d’anneaux divers, tellement liés l’un à l’autre qu’ils ne peuvent être séparés sans être brisés. Cette chaîne est pour nous le symbole d’un double don fait à la terre, à savoir: des fidèles dont l’ensemble forme l’Église et des saintes vertus, dont la réunion assure le salut et la vie de chaque âme; et le sens mystique de ce symbole a bien son importance. Les vertus, en effet, sont tellement liées l’une à l’autre qu’on ne peut en avoir une complètement sans avoir les autres, et cependant chacune d’elles a sa condition spéciale, qu’aucune autre ne peut avoir (St Thomas, Somme théologique, 2ème partie, 1 ère section, question LXV ). De même, les fidèles sont tellement unis dans une même foi et une même charité qu’on cesse d’être fidèle en se séparant de cette unité. Cependant chaque fidèle reçoit nécessairement des grâces tout à fait spéciales de cet Esprit qui  » distribue à chacun ses dons comme il l’entend ( 1 Co 12, 11)  » et chaque fidèle aussi a sa propre nature et sa propre personnalité. Ne voyez-vous pas maintenant comment la chaîne symbolise bien l’une et l’autre de ces deux totalités, comment cette chaîne était bien aux mains de Catherine, qui avait reçu du Seigneur la totalité des vertus et qui portait avec tant d’amour en son cœur 1’universalité des fidèles. Mais cette idée me paraît trop brièvement exposée, et je veux, je dois l’expliquer plus au. long.

J‘ai vu moi-même, bien que je sois rempli de vices, j’ai vu souvent des personnes vertueuses, mais je ne me souviens pas avoir vu et je ne pense pas voir jamais un ensemble de vertus, qui, par son excellence, égalât celui qui éclatait en cette vierge. Parlons d’abord de l’humilité, qui est la base et le sel de toute autre vertu. Catherine était si humble que non seulement elle se mettait au-dessous de la plus vile des âmes, et désirait sans cesse être considérée comme la dernière de toutes, mais qu’elle croyait fermement être la cause de tous les maux d’autrui. Toutes les fois qu’elle pensait aux iniquités et aux malheurs du monde en général, ou de chaque individu en particuliers elle s’en prenait à elle-même en se disant : C’est toi qui es la cause de tous ces maux; ils viennent de tes péchés, rentre donc en toi-même, et pleure tes fautes aux pieds du Seigneur jusqu’à ce que tu mérites d’entendre comme Madeleine, la parole du pardon:  » Tes péchés te sont remis ( Lc 7, 48).  » Considérez attentivement, cher lecteur, non seulement cette humilité, mais encore ses profondes racines. C’était peu pour notre sainte de se mettre au-dessous de tout le monde, d’obéir à tous, de supporter patiemment toutes les injures. Fidèle à l’enseignement du Sauveur elle se considérait encore, après cela, comme une servante inutile ( Lc 17, 10) elle allait plus loin, elle s’accusait coupable devant le Seigneur plus que les autres, et même pour ses propres persécuteurs. C’est ainsi que non seulement elle se croyait au-dessous de tous, plus méprisable que tous, mais encore nécessairement redevable à tous. De là vient que, s’interdisant tout jugement défendu ou permis sur le prochain repoussant tout souci de sa propre réputation et se méprisant souverainement elle-même, elle se prosternait aux Pieds de tous. Voyez-vous, cher lecteur, comment cette conduite, ne laissant aucune prise à l’orgueil, assurait avec une souveraine sagesse la défaite de l’amour-propre et mettait fortement à l’abri de toute atteinte, l’amour du prochain, perfection de la Loi? Remarquez-vous comment la charité et l’humilité s’enchaînaient avec art dans une action commune? et cette chaîne ne vous paraît-elle pas suffisante pour captiver et lier Satan le superbe, ainsi que l’ajoute Jean, dans le texte cité.

Mais ce que je viens de dire va peut-être soulever quelques doutes en votre esprit. Je veux les prévenir, car vous pourriez soupçonner que cette obscurité couvre quelqu’inexactitude. J’ai dit plus haut, que Catherine désirait se mettre au-dessous de la plus vile des âmes et être considérée comme la dernière de toutes. Cette assertion, donnée sans explication, vous paraîtra peut-être incroyable ou peu sérieuse. Vous devez d’abord comprendre, que sans dépasser complètement la mesure d’un prologue, je ne puis expliquer en détail tout ce que j’y affirme. Il suffit que ces affirmations trouvent au cours de cette histoire leur justification. Sachez cependant dès maintenant que notre vierge s’est volontairement soumise, et a obéi très longtemps à toutes et à chacune des personnes de sa maison, même aux servantes, ainsi qu’à plusieurs miséreux et malades de l’hospice. Jusqu’à sa mort, elle n’a jamais voulu vivre en dehors du joug de l’obéissance, comme cette histoire vous le montrera plus loin. Une pareille soumission vis-à-vis du prochain vous fait assez comprendre, je pense, qu’elle se croyait au-dessous des autres; mais, pour effacer de votre esprit toute hésitation, je veux vous rapporter la réponse qu’elle m’a faite, un jour où je lui demandais comment, sous le regard de la vérité, elle pouvait s’estimer et se dire la cause de tous les maux du monde. Elle affirma davantage encore cette proposition, me dit qu’il en était tout à fait ainsi et ajouta :

 » Est-ce que si j’étais tout embrasée du feu de l’amour divin, je ne prierais pas mon Créateur, avec un cœur de flammes, et Lui qui est souverainement miséricordieux ferait miséricorde à tous mes frères et leur accorderait à tous d’être embrasés du feu qui serait en moi? Quel est l’obstacle à un si grand bien? mes seuls péchés assurément. Car nulle imperfection, ne peut venir du Créateur, qui ne peut rien avoir en lui d’imparfait, il faut donc que ce mal vienne de moi et par moi. Oui, quand je considère le nombre et la qualité des grâces dont il m’a si miséricordieusement comblée pour me conduire à cet état que j’ai dit ; et quand les maux dont je suis témoin me montrent clairement que mes iniquités m’ont empêchée d’y arriver, je m’emporte contre moi-même et je pleure mes péchés, mais sans désespérer, car j’espère toujours davantage, qu’il nous pardonnera à moi et aux autres ».

Voilà ce qu’elle m’a répondu, avec une incomparable ferveur, et moi, j’admirais cette nouvelle manière de conserver en même temps l’humilité et la charité, en se rendant responsable des péchés notoires du prochain. Il me venait bien à l’esprit quelques objections, je préférai me taire que de répondre encore quelque chose, à celle qui enseignait si magistralement la vertu. J’ai vu de suite, et plus je réfléchis plus je vois, comment dans ce seul acte, l’humilité, la foi, l’espérance et leur reine à toutes, la charité sont admirablement et excellemment enchaînées. C’était l’humilité, qui avait suggéré à Catherine cet admirable moyen de s’attribuer les fautes du prochain et de ne point le mépriser. Puis la foi lui montrait combien la bonté et la miséricorde du Seigneur l’emportent sur la malice des pécheurs, et combien est actif le feu qui habite dans les âmes des serviteurs de Dieu. L’espérance la réconfortait et lui permettait de venir en toute confiance, malgré tant et de si grands péchés, implorer miséricorde pour elle et pour les autres. Enfin, le tout était l’oeuvre de cette Charité qui ne connaît pas de déclin ( 1 Co 13, 8). A cela venait s’ajouter une contrition parfaite du péché, la satisfaction des larmes du coeur et du corps, un zèle souverain des âmes, un souci du salut de tous, qu’on ne saurait assez louer. Que vous en semble-t-il maintenant, ô bon lecteur? Ne voyez-vous pas, dans la première œuvre, que je vous ai présentée, de cette sainte vierge une merveilleuse chaîne de vertus? Comprenez-vous, comme il s’applique bien à Catherine, notre texte disant, qu’elle avait une grande chaîne dans sa main? Et nous avons eu raison d’affirmer qu’elle avait une double chaîne, chaîne des vertus, mais aussi chaîne des âmes fidèles dont se compose l’Église, car elle les portait parfaitement toutes les deux dans son cœur. Peut-être vous semble-t-il cependant que nous ne vous en avons montré qu’une, bien qu’avec un peu d’attention vous ayez pu voir qu’il était question de l’une et de l’autre.

Pour dissiper toute obscurité, nous allons vous dire quelle était l’ardeur de l’amour de Catherine pour chaque fidèle en particulier et plus encore pour la chrétienté tout entière. Toutes ses pensées, ses paroles, ses actions, toute sa vie, et le mouvement de cette vie, ne rendent plus aucun son et n’ont plus aucun sens, si vous en enlevez la compassion et l’amour pour le prochain. Qui donc pourrait dire, comme il convient, les aumônes qu’elle distribuait aux pauvres, les soins qu’elle donnait aux malades, les sentiments de dévotion et de confiance qu’elle inspirait aux mourants, pour les consoler et les réconforter. Qui donc aussi pourrait compter les affligés qu’elle a consolés, les pécheurs qu’elle a convertis, les justes qu’elle a encouragés, les méchants qu’elle a patiemment supportés, les attractions toutes de charité qu’elle exerçait sur tous ceux qui venaient à elle, charmes célestes qui lui servaient à procurer très efficacement le saint de tous et de chacun; qui donc encore pourra jamais savoir les fleuves de larmes, les soupirs intimes, les prières instantes, les gémissements et les sanglots avec lesquels, jour et nuit, sans relâche, au prix de sueurs incroyables, elle travaillait auprès de son Époux, au salut de tous. Ecoutez sur ce point le témoignage de plusieurs personnes, qui l’ont entendue pendant ses extases, alors que l’ivresse débordante de son esprit agit ait la langue de son corps. Elle parlait à voix basse à son Époux et lui disait:  » Comment donc, Seigneur, pourrais-je consentir à ce qu’un seul de ceux que vous avez créés, comme moi, à votre image et à votre ressemblance, vienne à périr et à être enlevé de vos mains? Non, je ne veux absolument pas voir périr un seul de mes frères, un seul de ceux qui me sont unis par une même naissance à la nature et à la grâce. Je veux qu’ils soient tous enlevés à l’antique ennemi, et que vous, Seigneur, vous les gagniez tous pour l’honneur et la plus grande gloire de votre Nom  » Le Seigneur lui répondit, ainsi qu’elle me l’a secrètement confessé:  » La charité ne peut se tenir en enfer, elle le détruirait complètement; il serait plus facile de supprimer l’enfer que d’y faire habiter la charité.  » Pourvu que votre vérité et votre justice fussent manifestées, répartit alors la sainte, je voudrais bien qu’il n’y eût plus d’enfer, ou qu’au moins, désormais, nulle âme n’y descendit. Si tout en vous restant unie par la charité, je pouvais me placer à l’ouverture de l’enfer, et la fermer de telle sorte que personne n’y entrât plus, ce serait pour moi la plus grande des joies, car ainsi tous ceux que j’aime seraient sauvés.

Voilà qui vous permettra, lecteur, de conclure avec évidence, si je ne me trompe, que l’âme de notre vierge était heureusement et parfaitement enlacée et ornée de ces deux chaînes d’or, dont nous avons parlé et qui sont si agréables à Dieu. Je ne puis pas ici tout raconter en détail, à moins de convertir mon prologue en traité, et il me suffit de vous avoir esquissé à grands traits, mais en toute vérité, les excellences de notre sainte. Je désire cependant vous apprendre encore que si vous aviez vu et entendu ce que j’ai vu et entendu, votre esprit aurait admiré comment Catherine imitait l’humilité et la pureté de la glorieuse Vierge Marie, l’austérité et la pauvreté de Jean-Baptiste, la pénitence et le détachement de Marie-Madeleine, les intuitions et la sainteté de Jean l’Évangéliste. Vous auriez vu vraiment en elle la foi de Pierre, l’espérance d’Étienne, la sagesse et la charité de Paul, la patience de Job, la longanimité de Noé, l’obéissance d’Abraham, la mansuétude de Moïse, le zèle d’Élie, les miracles d’Élisée. Comme Jacob elle contemplait, comme Joseph elle annonçait l’avenir, comme Daniel elle révélait les mystères, comme David elle louait jour et nuit le Très-Haut. Et je n’exagère pas en parlant ainsi, bien cher lecteur, je n’exagère rien. Vous verrez plus loin, en lisant chaque chapitre, que, dans ce court sommaire je n’ai mis nulle exagération. L’imitation du Sauveur lui-même et de sa glorieuse Mère se reconnaît en effet facilement, dans chacun de ses saints et la signaler n’est pas une exagération, car imiter selon la mesure qui nous est donnée, ce n’est point égaler, et l’imitateur n’a pas nécessairement la perfection et la plénitude de celui qu’il imite. Voilà pourquoi le Docteur des Gentils ( 1 Co 2,1 ), excitant ses propres disciples à l’acquisition des vertus chrétiennes, leur disait :  » Soyez mes imitateurs, comme je le suis du Christ.  » Dans ces paroles, si vous y faites bien attention, ce n’est pas à son imitation mais à celle du Christ Jésus, que l’Apôtre invite les fidèles. Quand donc j’ai dit plus haut  » vous auriez vu, en elle, la foi de Pierre, etc…  » avouez qu’on ne peut tirer de là aucune conclusion déplacée; car on peut appeler en toute vérité foi de Pierre, celle d’une âme qui croit parfaitement au Christ; et ainsi en est-il des autres dénominations. Ici cependant, je dois le dire, et vous le verrez vous-même avec l’aide de Dieu, les vertus précitées et liées aux noms des saints énumérés plus haut, se sont retrouvées dans l’âme de notre vierge, à un degré si nouveau et si parfait que votre esprit reviendra bientôt du premier étonnement que lui auront peut-être causé mes paroles.

Je vous ai donc montré comment notre ange virginal avait en sa main les deux chaînes, dont chacune est un lien pour Satan. Avec l’une, c’est-à-dire avec celle des vertus, l’ange montait au ciel, puis il descendait du ciel pour opérer le salut des fidèles, qui forment la seconde chaîne. Rien d’étonnant à ce que ces deux chaînes aient tenu Satan captif, commue l’ajoute saint Jean. Aucun théologien instruit ne doute que le royaume de Satan n’ait pour limites la volonté des hommes mauvais, qui se livrent à lui. Jamais en effet Satan, condamné par sa faute, captif de sa propre damnation, ne pourrait régner par ses propres forces, si les fautes des méchants ne soumettaient pas leurs esprits à sa volonté perverse. Voilà pourquoi il est écrit, qu’il est  » roi sur tous les fils d’orgueil ( Job 41, 25) « . C’est l’orgueil qui engendre ceux sur lesquels il règne, car jamais il n’eût pu régner, si l’orgueil n’eût perverti quelque volonté. Mais de même que l’établissement de son règne ne dépend pas de sa volonté, mais de la volonté des autres, de même la ruine de son pouvoir est bien plus liée à la volonté des autres qu’à la sienne. Quiconque le veut vraiment peut donc facilement détruire, pour sa part, le royaume de Satan; et quand je dis quiconque le veut, j’entends celui qui fait vouloir la grâce donnée par Jésus-Christ. Aussi notre Maître et Seigneur, à la veille de souffrir et de mourir pour effacer nos fautes et nous infuser sa grâce, disait-il lui-même à ses disciples, comme aux Juifs :  » Voici maintenant le jugement; voici que le Prince de ce monde va en être banni ( Jn 16, 11)1.  » Et, en effet, la grâce allait nous arriver méritée par cette Passion, pour rendre les volontés des hommes vertueuses, et leur permettre de détruire complètement le royaume de Satan et de chasser celui-ci de ses demeures.

Ces mêmes vertus, qui, moyennant la grâce, chassent Satan, arrivent aussi à l’enchaîner; car l’âme fidèle, en qui la grâce réside, devient chaque jour plus forte et plus sainte, par l’augmentation de ses mérites et de sa grâce, et avec la main du Fort, non seulement elle chasse Satan l’adversaire ( Lc 2, 21), mais elle l’enchaîne et le tue. Les âmes des fidèles reçoivent parfois des grâces si puissantes qu’elles bannissent Satan, non seulement de leurs propres esprits, mais encore de ceux des autres; elles font plus encore, elles obtiennent du Seigneur, par leurs prières et leurs mérites, que Satan soit lié, c’est-à-dire qu’il ne puisse pas causer à ceux, dont il a été chassé, plus d’ennuis que leur salut ne le demande. Enfin, le Seigneur donne quelquefois à de telles âmes une puissance si grande qu’elles chassent même les démons des corps des possédés. Chasser le démon d’un corps n’est pas, il est vrai, chose plus difficile que de le chasser d’une âme, mais cette guérison corporelle fait plus d’effet au regard des hommes qu’une guérison spirituelle; Dieu s’en sert pour faire éclater à tous les yeux une sainteté dont il connaît les vertus et la perfection surabondantes; et cette manifestation est aussi glorieuse pour lui que salutaire aux hommes.

Revenons maintenant à notre première pensée. La vierge dont nous avons l’intention de raconter la vie a donc reçu de Dieu et pleinement possédé la chaîne des vertus, puis, grâce aux liens d’une parfaite charité, elle s’est très étroitement attachée à cette autre chaîne, qui est l’ensemble des fidèles, et, avec ces deux chaînes, elle a lié Satan. Avec la première elle annihilait le pouvoir du démon contre elle-même; avec la seconde, elle empêchait ce même démon de nuire, autant qu’il l’eût désiré, à tous les fidèles, et spécialement à ceux auxquels elle avait donné la vie dans le Christ ( 1 Co 4,15). C’est là une vérité qui, avec la grâce de Dieu, vous apparaîtra plus claire que le jour au cours de cette histoire. Je ne faisais donc qu’exprimer simplement une réalité quand je disais en commençant avec l’Évangéliste Jean:  » J’ai vu un Ange, descendant du ciel, avec la clef de l’abîme et une grande chaîne dans sa main. «  ; puis l’Apôtre ajoute:  » Il saisit le dragon qui est appelé Diable et Satan, et il le lia pour mille ans. « Je n’insiste pas sur cette dernière partie du texte, de peur d’être trop long; mais je vous en prie, lecteur, rappelez-vous bien ces paroles et vous verrez plus loin, avec la grâce de Dieu, comment elles se sont pleinement vérifiées dans la vie de cette vierge, qu’on ne pourra jamais assez louer. Vous le verrez surtout, si vous étudiez attentivement le principe, le progrès et le terme de sa course vers Dieu. Voilà donc, autant que le Seigneur m’a permis de l’exposer, ce que j’avais à vous dire des paroles inspirées de l’Aigle, prises pour thème de notre sujet; passons maintenant au récit des actes de cette sainte vierge.

Catherine de Sienne ou la conduite du monde

Vie et Oeuvres

 

Catherine de Sienne: Vie et Oeuvres

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Sainte Catherine de Sienne
docteur de l’église catholique
1347 – 1380

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Les Dialogues de Sainte Catherine de Sienne se composent de 4 traités:
Traité de la Discrétion de Sainte Catherine de Sienne
Traité de la Prière de Sainte Catherine de Sienne
Traité de la providence de Sainte Catherine de Sienne
Traité de l’obéissance de sainte Catherine de Sienne
Traité de la Perfection de Sainte Catherine de Sienne
Prières de Sainte Catherine de Sienne

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Lettres de sainte Catherine de Sienne – lettres 1 à 19
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La Vie  de sainte Catherine de Sienne par Raymond de Capoue
première partie        seconde partie        troisième partie        appendice
les Raisons du titre de docteur de l’Eglise de sainte Catherine de Sienne

Merci à Dominique Stolz, moine bénédictin suisse, de l’abbaye de saint Benoit Port Valais qui a réalisé cette magnifique édition umérique.  https://www.abbaye-st-benoit.ch/  cliquez sur Bibliothèque

Bibliographie :

Lucienne PORTIER, CATHERINE DE SIENNE, LE DIALOGUE, Coll. Sagesses Chrétiennes Cerf 1992

Sainte Catherine de Sienne, LE LIVRE DES DIALOGUES suivi de lettres. Préface et traduction de Louis Paul-GUIGUES, éditions du Seuil 1953

LE DIALOGUE DE SAINTE CATHERINE DE SIENNE, traduction nouvelle de l’italien (reproduction offset) par le R.P. J. HURTAUD, O.P., éditions P. TEQUI 1976.

LETTRES DE SAINTE CATHERINE DE SIENNE, tome I et II, traduites de l’italien(reproduction offset), par E. CARTIER, éditions P. TEQUI, 1976.

LE LIVRE DES DIALOGUES, suivi d’un choix important de lettres, trad., intr. et table analytique de L.-P. Guigues, Seuil, Paris (1953) 1981.

Comtesse de FLAVIGNY, SAINTE CATHERINE DE SIENNE, Paris 1895

Bienheureux Raymond de Capoue, VIE DE SAINTE CATHERINE DE SIENNE, traduit par le R.P. HUGUENY, éd. P. LETHIELLEUX, Paris 1903. (Rééditon Téqui 2000).

Johannes Joergensen, SAINTE CATHERINE DE SIENNE, éd. BEAUCHESNE, Paris 1919

J. Leclercq, Sainte Catherine de Sienne, Casterman, Tournai-Paris 1947.

S. Undset, Catherine de Sienne, (trad. du norvégien) Biblis, Bruxelles 1953.

Arrigo Levasti, La vie de Sainte Catherine de Sienne, combattante de la paix, éd. du Seuil, 1953, 438pp.

SAINTE CATHERINE DE SIENNE, JESUS-CHRIST NOTRE RESURRECTION, Oraisons et élévations, traduit de l’Italien par Augustin Bernard, éditions du Cerf, 1980

LES ORAISONS, trad. et intr. de L. Portier, coll. « Sagesses chrétiennes », Cerf, Paris 1992.

Dominique de Courcelles, LE « DIALOGUE » DE CATHERINE DE SIENNE, Ed. du Cerf, 1999, Coll. « Classiques du Christianisme », 140pp., 95 ff

Bernard Sesé, CATERINE DE SIENNE, coll. « Petite vie de… », Paris, DDB, 2000, 1185 pp. (68 FF).

DIVERS

Catherine de Sienne, une femme dans l’Eglise, Fêtes et Saisons n° 349, Cerf, 1980

Catherine de Sienne, Dieu est amour n°73, Téqui, Paris 1985.

Collectif, L’Eglise et les hommes, t.2, coll,. « Les chemins de la foi », Droguet-Ardent/Fayard, 1984, article de N. Echivard, Sainte Catherine de Sienne, pp. 111-131.

C. Feldmann, Les rebelles de Dieu, (trad. de l’allemand), Ed. Paulines, Montréal 1987, présentation en style journalistique de plusieurs saints, dont Catherine : pp. 43-83.

A. Champdor, Catherine de Sienne et son temps, A. Guillot, Lyon 1982.

Collectif, Catherine de Sienne, La vie spirituelle n° 640-641, Cerf, Paris 1980.

Collectif, Catalogue de l’exposition « Catherine de Sienne », édité par le Conseil Général du Vaucluse et réalisé par un comité scientifique présidé par A. Vauchez et J. Chiffoleau, Avignon (Petit Palais), 1992.

Collectif, Catherine de Sienne et Thérèse d’Avila, la vie spirituelle n°718, Cerf, Paris 1996.

J. M. Perrin, O.P., CATHERINE DE SIENNE, CONTEMPLATIVE DANS L’ACTION, Téqui, Paris 1980.

Ch. van der Plancke, « De la peur qui enchaîne à la crainte qui délivre. Catherine de Sienne (1347-1380) », dans Lumen Vitae, 1994/2, « Traverser les peurs », pp. 177-187.

Denise Pépin, CATHERINE RACONTE…

C. van der Plancke et A. Knockaert, Prier 15 jours avec SAINTE CATHERINE DE SIENNE, éditions Nouvelle Cité.

LE ROSAIRE, Textes de Sainte Catherine de Sienne, édité par le Monastère de Chambarand.

NE DORMONS PLUS, IL EST TEMPS DE SE LEVER, Catherine de Sienne (1347-1380), Elisabeth J. Lacelle, éd. Cerf – Fides 1998

Francine de Martinoir, CATHERINE DE SIENNE ou la traversée des apparences, Editions du Rocher 1999

A paraître prochainement du même auteur, un ouvrage sur Catherine et le Pape

Emilia Granzotto, CATHERINE DE SIENNE, UNE SAINTE DE NOTRE TEMPS, Médiaspaul, 1999, 87p.

Bénédicte Jeancourt , CATHERINE N’A PEUR DE RIEN, in rev. Grain de soleil n°122, mars 2000, éd. Bayard Presse.
Petite vie de  sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

Vierge et docteur de l’Eglise. fête le  29 avril.

Catherine Benincasa ( sainte Catherine de Sienne ) est née à Sienne (Italie) le 25 mars 1347, dimanche des rameaux et Annonciation. En 1352,  sainte Catherine de Sienne a une vision du Christ-Pontife et  sainte Catherine de Sienne fait vœu de virginité. A l’âge de quinze ans, Sainte Catherine  de sienne revêt l’habit des sœurs de la Pénitence de Saint Dominique (les Mantellate). L’origine de ce groupement remonte à saint Dominique qui avait réuni et organisé des laïcs en une milice chargée de récupérer et de défendre les biens de l’Eglise usurpé par des laïcs et de résister aux hérétiques. Les Soeurs de la pénitence de saint Dominique à l’époque de  sainte Catherine de Sienne  ne réunissait normalement que des veuves, mais avait la permission d’entendre les Offices dans les églises des Frères Prêcheurs. Elles suivaient une règle qui n’était pas vraiment religieuse puisque ces soeurs ne prononçaient pas de voeux.

Après la mort de sa soeur Bonaventura, va commencer la vie d’ascèse de  sainte Catherine de Sienne . En 1368, après le retour à Dieu du père de  sainte Catherine de Sienne  et du mariage mystique  de  sainte Catherine de Sienne avec le Christ,  sainte Catherine de Sienne  sauve ses frères pendant un coup d’état à Sienne. Deux ans après,  sainte Catherine de Sienne  donne son coeur à Jésus pour l’Eglise. De la même année datent les premières lettres de  sainte Catherine de Sienne  et les premières conversions opérées par  sainte Catherine de Sienne .  sainte Catherine de Sienne  provoque quelques émotions dans sa cité et dans l’Ordre des dominicains.  sainte Catherine de Sienne  doit comparaître devant le Chapitre général des dominicains à Florence en 1374. sainte Catherine de Sienne  rencontre alors le Bienheureux Raymond de Capoue qui deviendra son directeur spirituel.

Avignon

A partir de 1375 commence une période de la vie de  sainte Catherine de Sienne durant laquelle  sainte Catherine de Sienne prend de manière plus publique, la défense des intérêts du Pape et  sainte Catherine de Sienne manifeste son souci de l’unité et de l’indépendance de l’Eglise, ainsi que du retour du Pape d’Avignon à Rome.  sainte Catherine de Sienne  rencontre le pape Grégoire XI à Avignon. En septembre 1376,  sainte Catherine de Sienne  retourne à Sienne et Grégoire XI prend le chemin de Rome.  sainte Catherine de Sienne  continue son service d’ambassadrice du pape auprès des villes italiennes toujours en pleine ébullition. En 1378, après le décès de Grégoire XI, Urbain VI est élu pape. 5 mois après cette élection tumultueuse et les maladresses de l’élu, malgré les appels à la patience et les mises en garde de sainte Catherine de Sienne, survient le Grand Schisme d’Occident et l’élection de l’antipape Clément VII (Robert de Genève).  sainte Catherine de Sienne  se bat pour que soit reconnu Urbain VI. La même année 1378,  sainte Catherine de Sienne commence la rédaction de ses Dialogues, qui, rapporte une tradition, auraient été composés en cinq jours d’extase, du 9 au 14 octobre.  sainte Catherine de Sienne  vient s’établir définitivement à Rome. Deux ans après, après avoir reçu dans une vision, la nef de l’Eglise sur ses épaules, dans l’église du Vatican,  sainte Catherine de Sienne  meurt à Rome à l’âge de 33 ans. Bien que ne sachant pas écrire et ne connaissant pas le latin,  sainte Catherine de Sienne  laisse derrière elle une œuvre considérable. L’importance de l’ œuvre de  sainte Catherine de Sienne pour la langue italienne moderne est reconnue.

Appartenant au tiers-ordre dominicain,  sainte Catherine de Sienne est canonisée en 1461 par le pape Pie II,  sainte Catherine de Sienne est patronne de l’Italie et  sainte Catherine de Sienne a été déclarée docteur de l’Eglise par le pape Paul VI, le 4 octobre 1970 en même temps que Sainte Thérèse d’Avila.
Bibliographie de sainte Catherine de Sienne venant de http://www.home.ch/~spaw2744/catherine

Biographie: Saint Augustin, Docteur de l’Eglise

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Qui était Augustin, Evêque d’Hippone?

Saint Augustin, né le 13 novembre 354, est l’un des trois enfants de Patrice et Monique, petits exploitants agricoles à Thagaste (aujourd’hui Souk Ahras, aux confins de l’Algérie et de la Tunisie). Augustin, son frère et sa sœur vécurent là une enfance heureuse. Il n’aimait pas l’école et ses brutalités. Mais son intelligence y brilla rapidement ; et ses parents firent tout ce qu’ils pouvaient pour favoriser sa réussite, dont ils espéraient profiter eux aussi. Il fit donc d’excellentes études primaires, secondaires, et finalement universitaires à Carthage ; et il devint bientôt professeur de lettres.

Saint Augustin dans son cabinet de travail (Botticelli, Ognissanti) (vers 1480).

Sa mère, la future sainte Monique, était une bonne chrétienne. Son père, Patrice, était quant à lui un païen qui ne fit pas obstacle à ce que la mère donnât une éducation chrétienne aux enfants. Bébé, Augustin reçut le sacrement des catéchumènes : le signe de la croix sur le front, les grains de sel sur les lèvres, ce qu’on appelait naguère les «rites préliminaires» du baptême. Plus tard, vers sept ans, il tomba gravement malade ; en danger de mort, il réclama instamment le baptême. Mais il se rétablit et on différa la cérémonie. Il y avait, en effet, à l’époque, deux catégories de chrétiens, les «fidèles», qui avaient reçu le baptême et promis de vivre en chrétiens, et les «catéchumènes» qui préféraient se tenir confortablement sur le seuil, en se disant qu’il serait toujours temps de faire le nécessaire plus tard.

Augustin fut donc toujours chrétien : il avait bu, dit-il dans ses Confessions, le nom de son Sauveur avec le lait de sa mère et il le retenait au fond de son cœur d’enfant. Mais il est bien probable qu’il n’y pensa guère au cours des années un peu folles de son adolescence.

Entre sagesse et passion

A 17-18 ans, étudiant à Carthage, il se lia à une compagne qui lui donna un enfant. Ils le prénommèrent Adéodat, «Dieudonné». Adéodat reçut le baptême à 15 ans, en même temps que son père, dans la nuit pascale de 387. Mais il mourut prématurément vers l’âge de 18 ans.

Entre temps, enthousiasmé par un dialogue philosophique de Cicéron, tiraillé entre son amour de la Sagesse (la philosophie) et ses passions de jeune homme ardent et ambitieux, Augustin se lança dans une longue quête de la Vérité. Il tenta de lire la Bible, mais fut rebuté par le mauvais latin de vieilles traductions. Il lisait tout ce qu’il trouvait d’ouvrages philosophiques, séduit tantôt par le scepticisme, tantôt par l’épicurisme. Il était en recherche.

Il fut ensuite séduit par la secte des manichéens, qu’il fréquenta pendant presque neuf ans.Le manichéisme était une religion orientale, fondée par Mani, qui professait un dualisme radical: l’opposition du Bien et du Mal, de la Lumière et des Ténèbres etc… Cette secte qui prétendait offrir une explication rationnelle du monde, eut une grande influence sur les cercles aristocratiques du IVè siècle en Afrique du Nord. Après sa conversion, à travers les Confessions et dans les autres ouvrages, saint Augustin s’attacha à combattre vivement le manichéisme dans et hors de l’ Eglise.

A l’âge de 29 ans (en 383), il quitte Carthage pour Rome, puis pour Milan, résidence impériale, où il obtient une chaire. Il devient fonctionnaire : c’est le sommet de sa carrière ! Jeune, ambitieux, Augustin court après les honneurs, la richesse, le mariage. Il voudrait obtenir un poste de gouverneur de province pour commencer, puis entrer dans l’ordre sénatorial… Sa mère l’a rejoint à Milan et s’entremet pour lui trouver une riche épouse : il faut (déjà) de l’argent pour entrer en politique ! Augustin se résigne à répudier celle qui est sa compagne depuis seize ans : il dit que son cœur en fut déchiré…

La conversion et le baptême

Dès son arrivée à Milan, Augustin avait fait une visite de courtoisie à l’évêque, Ambroise, qui le reçut paternellement. Il prit l’habitude d’aller l’écouter le dimanche, d’abord pour évaluer le talent de l’orateur. Mais son coeur s’ouvrit peu à peu à la vérité du discours. Il découvrit le sens spirituel de l’Ancien Testament. Ce fut un événement de première importance : Augustin pouvait se trouver désormais chez lui dans la Bible.

A la lecture des philosophes platoniciens qui lui conseillaient de se retourner de l’extérieur vers l’intérieur, autrement dit de se «convertir», il entra en lui-même, sous la conduite de Dieu, et découvrit la pure spiritualité de l’âme et de Dieu, son créateur.

Mais Augustin s’interrogeait toujours sur la personnalité du Christ. Il l’imaginait comme un homme d’une éminente sagesse, qui, au témoignage des Évangiles, avait mangé et bu, dormi et marché, s’était réjoui et attristé, avait conversé avec ses amis, avait donc mené une vraie vie d’homme. Mais il n’avait aucune idée du mystère du «Verbe fait chair», jusqu’à ce que Simplicien, un grand intellectuel chrétien, lui présentât le Prologue de l’Évangile de Jean comme un condensé de la doctrine chrétienne : le Christ est à la fois le Verbe, la Parole de Dieu en Dieu, et la Parole faite chair, l’homme Jésus Christ, Médiateur de Dieu et des hommes. Ce fut un autre moment important : Augustin découvrit la cohérence de la pensée chrétienne.

Mais il lui restait encore à mettre sa vie en conformité avec le christianisme. Ce ne fut pas sans mal ! Vint un jour un crise décisive dans le jardin de sa résidence à Milan. Après un moment de forte agitation, il s’abattit sous un figuier et laissa libre cours à ses larmes. C’est alors qu’il entendit une voix d’enfant qui chantonnait : «Prends, lis ! prends, lis !» Il se saisit du livre des lettres de Paul, l’ouvrit au hasard et lut : «Pas d’orgies et de beuveries, pas de coucheries et de débauches, pas de disputes et de jalousies ; mais revêtez-vous du seigneur Jésus-Christ ; et n’ayez souci de la chair pour en satisfaire les convoitises» (Romains 13, 13-14). Cela suffit pour dissiper les ténèbres du doute.

A la fin de l’année universitaire, Augustin, sa famille et deux jeunes disciples firent retraite dans une villa, dans les collines au nord de Milan, qui était mise à leur disposition par un collègue. Ils passèrent là des mois paisibles, s’adonnant à des entretiens philosophiques, à des méditations personnelles, à des prières aux accents des Psaumes qui enthousiasmaient Augustin.

En mars 387, ils revinrent à Milan pour l’inscription sur le registre des candidats au baptême. Augustin, un de ses amis et son fils Adéodat suivirent la catéchèse d’Ambroise. Au cours de la nuit pascale du 24-25 avril 387, comme les autres, Augustin fut baptisé par Ambroise dans la piscine baptismale.

La retraite anticipée

Augustin n’avait désormais plus rien à faire en Italie. Il prit le chemin du retour avec sa famille. En automne 387, ils étaient à Ostie, en attente d’embarquement pour l’Afrique. C’est là qu’Augustin et Monique, accoudés à une fenêtre, connurent ensemble un moment de bonheur mystique, l’«extase» ou la «contemplation» d’Ostie. Cinq jours après, Monique fut prise de fièvre et mourut au bout de neuf jours, à l’âge de cinquante-six ans.

De retour au pays, en 388, Augustin et ses compagnons s’installèrent dans la maison familiale à Thagaste. De retour en Afrique du Nord, il fonde une petite communauté contemplative. Il est appelé comme prêtre, puis comme évêque à Hippone. Il combat continuellement les déviations de la foi chrétienne. Il meurt en 430, pendant le siège de sa ville Hippone par les Vandales. Docteur de l’Église, il est l’un des quatre «Pères de l’Église d’Occident» avec saint Ambroise, saint Jérôme et Grégoire Ier.

Ses oeuvres majeures