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Antoine Basbous: «Le Liban doit préférer un mandat international à la tutelle iranienne»

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FIGAROVOX/TRIBUNE – Le 4 août 2020, une double explosion avait lieu sur le port de Beyrouth, révélant les fragilités intrinsèques du Liban. Selon le directeur de l’Observatoire des pays arabes, qui raconte l’histoire tourmentée du Liban, il faut désormais le protéger des puissances régionales.

La double explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020 a fait plus de 200 morts et 6500 blessés. , AFP

Antoine Basbous est fondateur et directeur de l’Observatoire des pays arabes.

Dans sa configuration géographique actuelle, le Liban a survécu un siècle à un environnement pour le moins hostile, avant de tomber en ruine et de se déliter. Coincé entre deux voisins impitoyables : Israël et la Syrie, il n’a pas bénéficié d’une réelle protection internationale pour leur résister. Sa faiblesse intrinsèque est due à sa diversité : dix-huit « peuples » cohabitent sur 10.450 km² et tirent souvent leurs forces de leurs parrains respectifs. Au point que le Liban est resté le théâtre de confrontation privilégié entre ses parrains qui aspirent à exercer leur tutelle sur le pays du Cèdre et à le soumettre. La présence et la puissance de ces parrains successifs sont fonction de la fluctuation du rapport de force international.

Si la France mandataire avait proclamé le Grand Liban dans ses frontières actuelles, le 1er septembre 1920, et imprimé sa marque sur la vie institutionnelle, culturelle et sociale du pays, la deuxième guerre mondiale a réduit son influence au Levant. Après l’accès à l’indépendance des pays arabes, le Liban s’est inséré dans le concert régional et, très vite, a été rattrapé par des puissances émergentes qui avaient mobilisé à leur profit des communautés nationales au sein d’une «nation» libanaise peu soudée. Aux multiples ingérences syriennes, a succédé l’hégémonie de Nasser qui a cultivé l’illusion de l’unité arabe. Une mini-guerre avait alors germé en 1958 opposant les Libanais entre eux et leurs parrains respectifs. L’élection du chef de l’armée, Fouad Chehab, à la Présidence de la République avait permis un répit mais sa tentative de créer un État de droit et une méritocratie ne lui a pas survécu.

En effet, une succession de conflits a éclaté à partir de 1969 entre l’OLP d’Arafat et ses adversaires libanais. Tous les pays de la région y ont participé. Le tissu national libanais était largement déchiré au point que le Mufti de la République a décrété en 1976 que l’OLP était l’armée des musulmans libanais, insinuant que l’armée officielle multiconfessionnelle ne les représentait pas.

L’invasion israélienne de 1982, soutenue par une partie des chrétiens qui souhaitaient démanteler l’État palestinien construit par Arafat au Liban, a permis à l’Etat hébreu de s’imposer à peine un an avant de céder la place au duo syro-iranien.

Antoine Basbous

L’OLP n’était pas la seule force qui piétinait la souveraineté du Liban. Outre le rôle central d’Israël et de la Syrie, l’Irak, L’Égypte, l’Arabie, la Libye de Kadhafi tiraient les ficelles ou intervenaient directement dans ce conflit qui n’est toujours pas clos. L’invasion israélienne de 1982, soutenue par une partie des chrétiens qui souhaitaient démanteler l’État palestinien construit par Arafat au Liban, a permis à Tel-Aviv de s’imposer à peine un an avant de céder la place au duo syro-iranien.

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