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Bachar Al-Assad : le mandat d’arrêt délivré par la justice française, aboutissement du précieux travail des militants syriens

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Le président syrien et son frère Maher Al-Assad, chef d’une unité d’élite, sont poursuivis pour crimes contre l’humanité, dans le cadre de l’enquête menée par le tribunal judiciaire de Paris sur l’attaque chimique de la Ghouta, la banlieue de Damas, en août 2013.

Le président syrien Bachar Al-Assad, lors d’une réunion d’urgence de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique, à Riyad, le 11 novembre 2023. AFP

Pour l’avocat Mazen Darwish, ancien directeur du Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression (SCM) et membre de la Fédération internationale pour les droits humains, c’est un « jour historique : une nouvelle victoire pour les victimes, leurs familles et les survivants, et un pas sur la voie de la justice ». Et, surtout, l’aboutissement d’un long combat commencé il y a dix ans.

La justice française a émis le 14 novembre un mandat d’arrêt international contre le président syrien, Bachar Al-Assad, accusé de complicité de crimes contre l’humanité pour les attaques chimiques perpétrées en août 2013 contre les populations de la Ghouta orientale, une vaste zone périurbaine et agricole située près de la capitale, Damas, alors contrôlée par une rébellion en guerre contre le régime.

Outre Bachar Al-Assad, les mandats visent son frère, Maher, chef de facto de la 4e division, unité d’élite de l’armée et garde prétorienne du régime, ainsi que deux généraux, Ghassan Abbas, directeur de la branche 450 du Centre d’études et de recherches scientifiques où ont été développées les armes chimiques, et Bassam Al-Hassan, officier de liaison et chef de la sécurité. Tous sont considérés comme étant au cœur de la chaîne de commandement qui a pris la décision de bombarder ces zones civiles. Les attaques du 5 août à Adra avaient fait au moins 450 blessés. Le 21 août, le bombardement de Douma marquait une étape supplémentaire dans l’escalade de la terreur : plus de 1 000 personnes avaient péri, des milliers d’autres avaient été blessées.

(source: lemonde.fr)

En Chine, Xi Jinping et Bachar al-Assad annoncent nouer un « partenariat stratégique »

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À l’occasion de sa première visite en près de vingt ans dans l’Empire du milieu, le président syrien, Bachar al-Assad, a rencontré son homologue chinois, Xi Jinping. Ce dernier a annoncé, vendredi, un « partenariat stratégique » entre les deux pays.

Le président chinois Xi Jinping et le président syrien Bachar al-Assad à Hangzhou, en Chine, le 22 septembre 2023. © SANA / Reuters

Pour Damas, cette visite marque un coup diplomatique. La Chine et la Syrie ont noué un « partenariat stratégique », a annoncé, vendredi 22 septembre, le président chinois, Xi Jinping, lors d’une rencontre avec son homologue syrien, Bachar al-Assad. Ce dernier est isolé sur la scène internationale et en quête de fonds pour la reconstruction de son pays.

Il s’agit de la première visite en Chine en près de 20 ans pour le président syrien, qui avait été, en 2004, le premier dirigeant de son pays à s’y rendre depuis l’établissement des relations diplomatiques avec Pékin en 1956.

Le président chinois a reçu son homologue à Hangzhou (dans l’est), en marge des Jeux asiatiques. « Aujourd’hui, nous allons annoncer conjointement l’établissement d’un partenariat stratégique Chine-Syrie qui sera une étape importante dans l’histoire des relations bilatérales », a déclaré Xi Jinping, selon des images de la télévision d’État CCTV.

Bachar al-Assad se tenait face à lui, entouré d’une délégation de neuf personnes, dans une salle ornée d’une immense fresque représentant la Grande Muraille de Chine et où des drapeaux chinois et syriens étaient dressés.

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La ministre des Affaires étrangères se dit favorable à un procès du président syrien Bachar el-Assad

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«La lutte contre les crimes, contre l’impunité fait partie des valeurs de la diplomatie française», a souligné Catherine Colonna, alors que Bachar el-Assad fait son grand retour sur la scène du monde arabe.

La ministre française des Affaires étrangères s’est dit favorable mardi à un procès du président syrien Bachar el-Assad, rappelant «les centaines de milliers de morts» et «l’utilisation des armes chimiques» imputés à son régime durant la guerre civile déclenchée dans le pays en 2011.

À la question d’un journaliste de France 2, souhaitez-vous qu’il soit jugé? Catherine Colonna a déclaré : «la réponse est oui». «La lutte contre les crimes, contre l’impunité fait partie des valeurs de la diplomatie française», a-t-elle souligné. «Chaque fois que j’ai à m’exprimer sur la question syrienne, dans nos priorités, il y a cette lutte contre l’impunité», a-t-elle insisté.

« Il faut se rappeler qu’il y a eu des centaines de milliers de morts. »

Catherine Colonna, ministre des Affaires étrangères

Le président syrien, Bachar el-Assad, a fait son retour sur la scène régionale, en participant vendredi au sommet de la Ligue arabe après en avoir été exclu pendant plus d’une décennie. Pour autant, la France n’entend pas changer sa politique vis-à-vis de Bachar al-Assad. «Il faut se souvenir de qui est Bachar el-Assad. C’est un dirigeant qui a été depuis plus de dix ans l’ennemi de son peuple», a déclaré Catherine Colonna. «Il faut se rappeler qu’il y a eu des centaines de milliers de morts, l’utilisation d’armes chimiques», a-t-elle poursuivi.

La ministre française a souligné que la levée des sanctions européennes n’était «certainement pas» à l’ordre du jour, de même que le changement de position de la France vis-à-vis du président syrien. «Tant qu’il ne change pas, tant qu’il ne prend pas des engagements de réconciliation, de lutte contre le terrorisme, de lutte contre la drogue, (…) qu’il ne respecte pas ses engagements, il n’y a pas de raison de changer d’attitude à son endroit», a-t-elle également estimé. «Je pense que c’est à lui à changer, ce n’est pas à la France de changer son attitude», a-t-elle conclu.

(source: lefigaro.fr)

Tigrane Yégavian: «Qui se soucie encore des chrétiens d’Orient ?»

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FIGAROVOX/ENTRETIEN – Le géopolitologue appelle à dépasser les considérations religieuses et politiques à propos des chrétiens d’Orient. Selon lui, ils méritent un soutien inconditionnel, en tant que créateurs d’unité dans des sociétés de plus en plus divisées.

«Les chrétiens d’Orient n’entrent pas dans les codes actuels, ce n’est pas une cause qui émeut le grand public.» Tigrane Yégavian. ROBERT ATANASOVSKI/AFP

Tigrane Yegavian est géopolitologue spécialiste du Caucase et du Moyen-Orient, il est également chercheur au Centre Français de Recherche sur le Renseignement. Il a notamment publié Minorités d’Orient les oubliés de l’Histoire aux éditions Le Rocher en 2019

FIGAROVOX. – Malgré l’importance de la défense des minorités dans les sociétés occidentales, on entend peu parler de la situation dramatique des chrétiens au Moyen-Orient et de leur perte de droits. Le sujet est-il devenu tabou en France ?

Tigrane YÉGAVIAN. – Ce que je trouve avant tout désolant, c’est qu’il y ait une telle politisation d’un débat qui ne devrait pas l’être. Il faut noter qu’à la fin du XIXe, les principaux soutiens de la cause des Arméniens et des Chaldéens opprimés par les Turcs ottomans, étaient surtout des gens de gauche tels que Jean Jaurès, Anatole France, Charles Péguy… Et c’est plus récemment que les chrétiens de droite se sont emparés de ces questions. Même dans les années 90, la cause arménienne était défendue par le parti socialiste et communiste. Mais on voit très clairement qu’après 2014 et l’invasion de l’Irak par l’État islamique qui expulse les chrétiens et extermine les Yézidis, il y a une vague d’émotion au sein de la classe politique de droite. Celle-ci va donc s’emparer du sujet, et parfois l’instrumentaliser, comme l’a fait Reconquête. Tandis que la gauche, elle, a abandonné cette cause, et s’est surtout illustrée par une indignation à géométrie variable. Le refus d’Arte de dialoguer avec l’Œuvre d’Orient, association tout à fait respectable, est hautement significatif.

Mais au-delà de la politisation et de l’hystérisation du sujet qui nuisent à sa visibilité et empêchent une concertation pacifique, il y a aussi un effet de mode. C’est-à-dire que les chrétiens d’Orient n’entrent pas dans les codes actuels, ce n’est pas une cause qui émeut le grand public. S’il s’agissait de féministes LGBT qui affrontaient Daesh, là on en aurait plus parlé, il y aurait eu un narratif susceptible de toucher les gens. Les chrétiens d’Orient ont le malheur d’être chrétiens…

« Ces chrétiens sont les derniers à tisser des liens sociaux supra-confessionnels, grâce à leur tissu scolaire et hospitalier, dans des pays menacés de division et d’effondrement. »

Le problème de ces chrétiens c’est que pendant plusieurs siècles ils ont été protégés par les Occidentaux, notamment au XIXe, après ils ont essayé de s’émanciper en devenant des citoyens, ce qui n’a pas marché du fait de l’islamisation des sociétés arabes, et maintenant ils se retrouvent au pied d’un troisième paradigme, ils ne savent pas comment faire pour garantir et pérenniser leur avenir, ils cherchent leur place. Je pense que l’on est arrivé à un moment charnière de leur histoire, un point de bascule. Il est nécessaire de les aider, en tant que minorité, à trouver une nouvelle place dans ces sociétés. Mais en Occident on ne parle d’eux qu’à Noël, ou lorsqu’il y a un attentat en Égypte, en Irak

On manque aussi de nuance lorsque l’on parle de ce sujet, notamment dans le conflit syrien. On a tendance, en France, à avoir une vision binaire et expliquer que les chrétiens soutiennent le régime de Bachar el-Assad. Les chrétiens sont tout à fait conscients de la nature autocratique de ce régime, mais ils n’ont aucune confiance en l’Occident pour garantir leur sécurité, c’est donc une sorte de «moindre mal».

FIGAROVOX. – La chaîne de télévision franco-allemande Arte a refusé la diffusion d’un spot publicitaire de l’Œuvre d’Orient. Selon l’Œuvre d’Orient la chaîne se « réfugie derrière son cahier des charges franco-allemand pour refuser la diffusion de ce spot et couper la voix aux chrétiens d’Orient ». Cette critique est-elle justifiée ? Comment expliquez-vous le refus de la chaîne ?

Tigrane YÈGAVIAN. – Il me semble y avoir de la mauvaise foi de la part d’Arte, parce qu’ils sont à la pointe pour toutes les causes «droits de l’hommistes», y compris celles qui défendent les minorités religieuses. La cause des Ouïghours ou des Rohingya, par exemple, font l’objet d’une couverture médiatique bien plus importante chez Arte que dans le reste du service public. Il y a donc une forme de deux poids deux mesures et d’hypocrisie dans le traitement de ce sujet, surtout de la part d’une chaîne du service public qui avait pourtant produit en 2016 un documentaire sur les chrétiens d’Orient.

On se retrouve donc, aujourd’hui, dans une forme de blocage qui ne peut être motivé, à mon sens, que par des raisons politiques. Comme si les chrétiens d’Orient gênaient, ne rentraient pas dans les bonnes cases, alors que l’Œuvre d’Orient est une organisation institutionnelle tout à fait neutre, et extrêmement bien installée dans le paysage français depuis 1856. Cette association n’a pas d’agenda politique, c’est une organisation non-gouvernementale qui coopère depuis longtemps avec le ministère des affaires étrangères et d’autres acteurs publics. De même, les spots publicitaires de l’Œuvre d’Orient ont souvent été relayés par les médias traditionnels, tels que Radio France.

Mais je pense qu’il y a eu une radicalisation et une politisation du sujet des chrétiens d’Orient, et que des associations telles que SOS chrétiens d’Orient ont une part de responsabilité, bien qu’elles fassent un travail tout à fait louable. Et pour une chaîne comme Arte, très «droits de l’hommiste», défenseur de la démocratie libérale, antirusse, qui a donc une ligne éditoriale assez marquée, cette politisation peut gêner. L’Œuvre d’Orient défend les chrétiens d’Orient, non pas parce qu’ils sont chrétiens, mais parce qu’ils ont une mission spéciale. C’est-à-dire que ces chrétiens sont les derniers à tisser des liens sociaux supra-confessionnels, grâce à leur tissu scolaire et hospitalier, dans des pays menacés de division et d’effondrement.

Comment les chrétiens d’Orient perçoivent cette absence de mobilisation et ce silence relatif de l’Occident ?

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Bernard Kouchner et Patrice Franceschi : « Si nous laissons la Turquie envahir le Kurdistan syrien, on peut être certain du retour de l’Etat islamique »

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Alors que la Turquie multiplie les menaces contre les Kurdes de Syrie, l’ex-ministre des affaires étrangères et l’écrivain Patrice Franceschi demandent à l’Occident, dans une tribune au « Monde », d’adopter une position ferme pour décourager Ankara de lancer une nouvelle opération militaire.

Une fois de plus, nous voilà au Rojava, la patrie charnelle des Kurdes de Syrie. Cette fois, pour fêter avec eux le dixième anniversaire de l’autonomie de leur région conquise en 2012 sur le régime de Damas, lors des « printemps arabes ». Un anniversaire sous haute tension. Si la terre kurde est chauffée à blanc par un soleil implacable, elle l’est davantage encore par les annonces réitérées de la Turquie d’une nouvelle et imminente invasion. Ce serait la quatrième en six ans – et jusqu’à présent, les menaces du président turc, Recep Tayyip Erdogan, ont été toujours suivies d’effet. Tout montre que le dirigeant d’Ankara reste déterminé à en finir avec les Kurdes, tant ils s’opposent avec acharnement à ses projets expansionnistes comme à sa volonté de réinstaller les islamistes sur leur territoire.

Dans chaque ville de l’immense plaine qui court du Tigre à l’Euphrate, ces fleuves mythiques de l’ancienne Mésopotamie, les Kurdes et leurs alliés arabes et chrétiens des Forces démocratiques syriennes (FDS) fêtent cet anniversaire sur fond de désarroi. Si tous se souviennent avec fierté de leur victoire contre Daech [l’acronyme arabe de l’organisation Etat islamique, EI]– quand nous autres, Français, les soutenions pleinement au sein de la coalition internationale –, ils n’en oublient pas pour autant les 36 000 tués et blessés que cela leur a coûté pour vaincre notre ennemi commun. Alors, ils honorent leurs morts avec émotion, mais se demandent quel prix humain il leur faudra encore consentir si, comme à l’automne 2019, nous les abandonnons aux mains de la Turquie, notre allié de l’OTAN qui sait si bien jouer de sa position dans le conflit ukrainien pour nous imposer ses vues immédiates, au détriment de nos intérêts à long terme.

Partout au Rojava, on se prépare avec tristesse mais détermination à une nouvelle guerre meurtrière, dont les prémices sont les innombrables exactions auxquelles se livrent les Turcs depuis leur frontière : bombardement de villages, d’écoles, de cimetières, d’églises et assassinats ciblés de responsables militaires par les drones qui ne cessent de sillonner le ciel. Sept de ces dirigeants, dont une majorité de femmes, ont été tués rien qu’au cours de notre séjour d’une dizaine de jours, fin juillet.

Indifférence

Sur les réseaux sociaux kurdes, ces évènements sont souvent relatés avec un titre teinté d’une ironie tragique, tant ils se déroulent dans l’indifférence du monde entier : « La Turquie achève bien les Kurdes. »

Comment en est-on arrivé là ? Tout avait pourtant bien commencé. Entre la célèbre bataille de Kobané, en 2014, et la chute du califat, fin 2018 – avec l’anéantissement de Rakka, sa capitale, en 2017 –, les territoires conquis sur Daech par les FDS, avec l’appui de la coalition menée par les Américains, s’étaient étendus sur une surface égale à quatre fois celle du Liban. L’été 2019 avait été le point d’orgue de cette épopée libératrice : après des années de combat sans merci, la paix régnait enfin et une nouvelle société s’installait, dirigée par ce qu’on s’était mis à appeler l’« administration autonome du nord et de l’est de la Syrie ».

(source: lemonde.fr)

 

Un ex-dignitaire du régime syrien condamné en Allemagne

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C’est un verdict historique que vient de prononcer, ce jeudi, le tribunal de Coblence. Les criminels du régime de Bachar El-Assad risquent désormais la prison.

En arrivant sur le territoire allemand en 2014, comme un simple réfugié anonyme fuyant la guerre, Anwar Raslan pensait pouvoir tirer un trait sur son passé de colonel des services de renseignement syrien. Jeudi 13 janvier, l’homme de 58 ans, ex-pilier du système de répression du régime de Bachar El Assad, a été condamné à perpétuité pour crimes contre l’humanité par un tribunal de Coblence. En l’espèce, la justice allemande s’est substituée à la Cour pénale internationale, échappant à un probable veto de la Russie au Conseil de sécurité de l’ONU, alliée de Damas.

« Pour la première fois, un membre de haut rang du régime syrien a été condamné pour crimes contre l’humanité », s’est félicité Patrick Kroker, l’avocat du Centre européen pour les droits humains et constitutionnels (ECCHR), qui a assisté 14 parties civiles. C’est un verdict «historique » a renchéri le directeur exécutif de Human Right Watch, Kennet Roth.

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L’architecture politique du nouveau Moyen-Orient

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Le Moyen-Orient de l’après-guerre contre la Syrie se profile. Tout devrait changer : la Syrie adhérerait à la Coalition militaire conduite par la Russie et serait de facto protégée par elle. Le Liban serait placé sous tutelle conjointe russo-US, mais occupé militairement par la France. L’Iraq remplacerait le Liban en tant que médiateur régional. L’Iran serait admise en Méditerranée.

Moscou et Washington préparent la réorganisation du Levant qu’ils ont dessinée lors de la rencontre de Genève (dite « Yalta 2 »), le 16 juin dernier. Il s’agit de tirer les conclusions de la terrible défaire militaire occidentale en Syrie sans pour autant humilier les États-Unis.

Selon cet accord de paix, la Syrie serait placée en zone russe, tandis que la Liban serait partagé entre Occidentaux et Russes.

Les sommets de Bagdad et du Caire

On se dirige vers un retrait prochain des armées états-uniennes d’Iraq de sorte que ce pays devienne un médiateur, une zone neutre, en lieu et place du Liban. L’Iraq a donc convoqué un sommet à Bagdad avec sept de ses voisins (Arabie saoudite, Égypte, Émirats, Iran, Jordanie, Koweït, Turquie). La France est parvenue à se joindre aux participants à la fois en tant que représentante des Occidentaux et qu’ancienne puissance coloniale.

L’ancien directeur des services secrets iraquiens et désormais Premier ministre, Moustafa al-Kazimi, a montré sa grande connaissance des dossiers régionaux et sa faculté à maintenir l’équilibre entre l’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite. Malgré plusieurs contacts au cours de l’année écoulée et une rhétorique plus conciliante, ces deux puissances ne savent comment régler leurs multiples contentieux, notamment au Yémen.

La réunion de Bagdad a été l’occasion d’afficher une alliance entre le président Abdel Fattah al-Sissi (Égypte) et le roi Abdallah II (Jordanie) pour gérer (et non pas résoudre) le problème Palestinien. Elle a immédiatement été suivie d’une rencontre au Caire des deux chefs d’État avec leur homologue palestinien, le président Mahmoud Abbas. Celui-ci s’est montré d’autant plus conciliant qu’il a conscience que, désormais, aucun pays arabe ne viendra plus au secours de son peuple. Il n’est pas possible de réclamer justice pendant 70 ans tout en trahissant soi-même tous ceux qui vous apportent de l’aide.

La présence française a été interprétée comme l’annonce d’une intervention militaire de Paris après le retrait états-unien. Le président Emmanuel Macron ambitionnerait de déployer des troupes au Liban pour y défendre les intérêts occidentaux alors que le pays passe sous tutelle conjointe des USA et de la Russie.

La Turquie trainait la patte durant tout le sommet. Elle n’entend pas quitter les régions d’Iraq et de Syrie qu’elle a envahies sans encaisser de contrepartie occidentale. Mais elle ne souhaite pas que les mercenaires kurdes, eux aussi alliés des États-Unis, soient traités comme elle. Pourtant, la France continue de penser que les Turkmènes et les Kurdes du Nord de la Syrie pourraient chacun obtenir une forme d’autonomie au sein de la République arabe syrienne. Il semble que la Russie y soit favorable, elle qui est une fédération d’ethnies, mais que Damas ne veuille toujours pas en entendre parler car sa population est intimement mélangée. Avant la guerre, les Turkmènes et les Kurdes n’étaient majoritaires à aucun endroit. Le Rojava, territoire « auto-administré » par les Kurdes de Syrie, n’est qu’une façade masquant la présence militaire états-unienne. Les États-Unis craignent que leur retrait militaire d’Iraq ne signifie la même panique pour leurs Collaborateurs kurdes de Syrie que leur retrait d’Afghanistan pour leurs Collaborateurs pachtouns.

La Syrie était la grande absente du sommet qui bruissait de rumeurs. On aurait vu une délégation syrienne secrète à Washington. Moscou envisagerait de faire adhérer la Syrie à l’Organisation du Traité de Sécurité collective (OSTC) ; l’équivalent russe de l’Otan.

En pointillé, le sommet de Bagdad a été hanté par la question des hydrocarbures en Méditerranée. On a identifié maintenant les champs pétroliers et gaziers. Leur exploitation reste largement impossible car il faut fixer les frontières qui ne l’ont pas été, puis accorder des autorisations à des sociétés capables de forer en profondeur sous une grande quantité d’eau et enfin sécuriser les installations. La répartition entre les pro-USA et les pro-Russie n’est toujours pas clairement établie. Elle dépendra de la docilité de chacun à se fondre dans le moule politique qu’on lui propose.

Le sommet intergouvernemental libano-syrien

L’impossible cas du Liban

L’avenir du Liban n’a pas été évoqué à Bagdad, mais il se précise. En théorie, ce pays qui a participé à la guerre contre la Syrie côté occidental, sera le seul où le Pentagone n’appliquera pas la doctrine Rumsfeld/Cebrowski de « guerre sans fin ».

Il semble impossible de réformer la loi électorale actuelle qui divise le pays en multiples circonscriptions liées à chacune des 17 communautés religieuses entre lesquelles le territoire est divisé. Pourtant ce système est à bout de souffle et a montré son inanité. Mais si l’on devait adopter un système démocratique de représentation politique, il ne fait aucun doute qu’Hassan Nasrallah serait élu président de la République et que le Hezbollah serait majoritaire au Parlement. Cela nul ne le veut.

Peut-être pourrait-on cependant toucher au partage du pouvoir entre le président de la République (chrétien), le président du gouvernement (sunnite) et le président de l’Assemblée (chiite). Dans cette optique, le Conseil européen a adopté le 30 juillet un cadre de sanctions contre les leaders politiques libanais qui refuseraient tout changement structurel. Pour le moment, aucune personnalité n’a été désignée, mais cette arme est prête à servir.

La chose est d’autant plus compliquée que, dans l’administration, la division du pouvoir est entre trois super-communautés, mais pas à égalité : 50 % pour les chrétiens, 30 % pour les chiites et 20 % pour les sunnites. Or, la composition de la population n’a cessée d’évoluer depuis la guerre civile des années 80. Aujourd’hui, autant qu’on le sache, les chrétiens ne sont plus que 20 %, les sunnites 35 % et les chiites 45 %. Le président de la République, le général chrétien Michel Aoun, défend ses « prérogatives » bec et ongles, c’est-à-dire la domination historique de sa communauté sur les autres.

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Antoine Basbous: «Le Liban doit préférer un mandat international à la tutelle iranienne»

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FIGAROVOX/TRIBUNE – Le 4 août 2020, une double explosion avait lieu sur le port de Beyrouth, révélant les fragilités intrinsèques du Liban. Selon le directeur de l’Observatoire des pays arabes, qui raconte l’histoire tourmentée du Liban, il faut désormais le protéger des puissances régionales.

La double explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020 a fait plus de 200 morts et 6500 blessés. , AFP

Antoine Basbous est fondateur et directeur de l’Observatoire des pays arabes.

Dans sa configuration géographique actuelle, le Liban a survécu un siècle à un environnement pour le moins hostile, avant de tomber en ruine et de se déliter. Coincé entre deux voisins impitoyables : Israël et la Syrie, il n’a pas bénéficié d’une réelle protection internationale pour leur résister. Sa faiblesse intrinsèque est due à sa diversité : dix-huit « peuples » cohabitent sur 10.450 km² et tirent souvent leurs forces de leurs parrains respectifs. Au point que le Liban est resté le théâtre de confrontation privilégié entre ses parrains qui aspirent à exercer leur tutelle sur le pays du Cèdre et à le soumettre. La présence et la puissance de ces parrains successifs sont fonction de la fluctuation du rapport de force international.

Si la France mandataire avait proclamé le Grand Liban dans ses frontières actuelles, le 1er septembre 1920, et imprimé sa marque sur la vie institutionnelle, culturelle et sociale du pays, la deuxième guerre mondiale a réduit son influence au Levant. Après l’accès à l’indépendance des pays arabes, le Liban s’est inséré dans le concert régional et, très vite, a été rattrapé par des puissances émergentes qui avaient mobilisé à leur profit des communautés nationales au sein d’une «nation» libanaise peu soudée. Aux multiples ingérences syriennes, a succédé l’hégémonie de Nasser qui a cultivé l’illusion de l’unité arabe. Une mini-guerre avait alors germé en 1958 opposant les Libanais entre eux et leurs parrains respectifs. L’élection du chef de l’armée, Fouad Chehab, à la Présidence de la République avait permis un répit mais sa tentative de créer un État de droit et une méritocratie ne lui a pas survécu.

En effet, une succession de conflits a éclaté à partir de 1969 entre l’OLP d’Arafat et ses adversaires libanais. Tous les pays de la région y ont participé. Le tissu national libanais était largement déchiré au point que le Mufti de la République a décrété en 1976 que l’OLP était l’armée des musulmans libanais, insinuant que l’armée officielle multiconfessionnelle ne les représentait pas.

L’invasion israélienne de 1982, soutenue par une partie des chrétiens qui souhaitaient démanteler l’État palestinien construit par Arafat au Liban, a permis à l’Etat hébreu de s’imposer à peine un an avant de céder la place au duo syro-iranien.

Antoine Basbous

L’OLP n’était pas la seule force qui piétinait la souveraineté du Liban. Outre le rôle central d’Israël et de la Syrie, l’Irak, L’Égypte, l’Arabie, la Libye de Kadhafi tiraient les ficelles ou intervenaient directement dans ce conflit qui n’est toujours pas clos. L’invasion israélienne de 1982, soutenue par une partie des chrétiens qui souhaitaient démanteler l’État palestinien construit par Arafat au Liban, a permis à Tel-Aviv de s’imposer à peine un an avant de céder la place au duo syro-iranien.

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« Biens mal acquis » : Rifaat al-Assad, l’oncle du président syrien, condamné à 4 ans de prison

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Rifaat al-Assad, oncle du président syrien Bachar al-Assad, a été condamné par la justice française à quatre ans de prison pour blanchiment en bande organisée, détournement de fonds publics et fraude fiscale aggravée.

Rifaat Al-Assad, oncle de l’actuel dirigeant syrien et exilé en Europe, a été condamné mercredi 17 juin à Paris à quatre ans de prison pour s’être bâti frauduleusement dans l’Hexagone un vaste patrimoine immobilier estimé à 90 millions d’euros, dont le tribunal correctionnel de Paris a prononcé la confiscation, suivant ainsi les réquisitions du parquet.

Les chrétiens d’Orient: 2.000 ans d’Histoire

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Origine …

Qui sont les chrétiens d’Orient? Quelle est leur Histoire ? Ce film propose de comprendre la place de ces chrétiens enracinée en terre sainte depuis toujours. Un peuple qui vit, meurt et renaît au sein du monde arabe depuis deux mille ans.

Construit grâce à des archives exceptionnelles et aux interventions de spécialistes reconnus, ce documentaire met en lumière l’influence ancienne de l’Occident au Moyen-Orient et ses conséquences complexes pour les chrétiens d’Orient en terre d’Islam.

Les Chrétiens d’Orient, de la coéxistence à l’exode UNE COPRODUCTION KTO/GRAND ANGLE PRODUCTIONS 2019 – Réalisé par Marc Wattrelot

.. Exils

Pour les chrétiens d’Orient, le XXème siècle qui s’ouvre est celui de tous les changements : dans un monde bouleversé par la première guerre mondiale, l’Empire Ottoman vit ses derniers instants.

Les puissances européennes se partagent des continents entiers et la révolution des transports change la destinée de millions d’hommes et de femmes. Face à ces bouleversements, les chrétiens arabes se nourrissent d’idées nouvelles.

Polyglottes, ouverts sur ‘l’extérieur, fiers de leur identité, ils veulent participer à la construction de ce nouveau monde… Quelle contribution les chrétiens d’Orient apportent ils à ce monde arabe qui tente de retrouver son unité ? Pourquoi est-on passé du panarabisme ou panislamisme ? Comment peut-on expliquer la disparition des chrétiens du Proche Orient ?