Quatorze ans après la suspension du service militaire obligatoire, le pays prévoit d’ouvrir aux jeunes de 18 ans la possibilité d’effectuer un service militaire d’une durée minimale de six mois, pour une rémunération mensuelle de 2 600 euros.
De nouvelles recrues de l’armée prêtent serment devant le Parlement du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, à Düsseldorf, en Allemagne, le 4 septembre 2025. MARTIN MEISSNER / AP
Quand la France relance tout juste l’idée d’un retour du service militaire, l’Allemagne, elle, en débat depuis plus d’un an. Le Bundestag en a acté formellement le rétablissement, vendredi 5 décembre, par un vote définitif (323 pour, 272 contre).
Le projet, qui figurait sous des formes différentes au programme des principaux partis de gouvernement pour les élections législatives du 23 février, continue pourtant de susciter des réticences dans le pays. Dans plusieurs villes allemandes, des « grèves scolaires » sont organisées vendredi, sur le format des « Fridays for Future », emprunté au mouvement pour la protection du climat. Les organisateurs s’opposent à ce qu’ils considèrent comme un retour de la conscription, alors que le projet de loi soumis au Bundestag ne prévoit, comme en France, qu’un service volontaire. Du moins dans un premier temps.
Au terme d’un vif débat au sein de la coalition au pouvoir, entre des conservateurs (CDU-CSU) favorables à un service obligatoire et des sociaux-démocrates (SPD) qui ne veulent pas en entendre parler, un compromis minimaliste a émergé : le service militaire demeurera volontaire.
Mais il permettra de procéder à un recensement de toute la population éligible, ce dont le pays ne disposait plus. Dès janvier 2026, les jeunes Allemands, hommes et femmes, nés en 2008 recevront un questionnaire de la Bundeswehr, auquel seuls les hommes auront l’obligation de répondre, une révision constitutionnelle étant nécessaire pour que celle-ci s’étende aux femmes.
Un groupe transpartisan de 124 députés avait inscrit à l’ordre du jour une motion visant à saisir la Cour constitutionnelle fédérale d’une procédure d’interdiction du parti d’extrême droite, crédité de plus de 20 % des voix aux élections législatives du 23 février.
Les députés du SPD, des Verts et de la gauche tournent le dos à Martin Trefzer (AfD), lors de la soixantième session plénière de la Chambre des représentants de Berlin, le 30 janvier 2024. SEBASTIAN GOLLNOW / AP
Vingt-quatre heures après le choc provoqué en Allemagne par l’alliance inédite entre l’Union chrétienne-démocrate (CDU) et le parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) à l’occasion du vote d’une motion sur l’immigration, les députés en ont examiné une autre, jeudi 30 janvier, au Bundestag, portant sur… l’interdiction de l’AfD.
Il s’agissait d’un hasard de calendrier : lancée il y a plusieurs mois par un groupe transpartisan de 124 députés, à l’initiative de l’élu CDU Marco Wanderwitz, ancien délégué du gouvernement fédéral pour les Länder de l’Est (2020-2021) celle-ci visait à discuter de l’opportunité d’un examen, par la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, du caractère anticonstitutionnel de l’AfD en vue d’une interdiction, alors que le parti, qui n’a que douze ans d’existence, ne cesse de progresser : dans les derniers sondages, il est crédité de plus de 20 % des intentions de vote aux élections législatives du 23 février.
C’est la première fois que le débat sur l’interdiction de l’AfD se tenait au Bundestag, réuni en séance plénière. Et il s’est déroulé dans des circonstances particulièrement tendues. La veille, le rapprochement historique de la CDU avec l’AfD, à l’initiative de Friedrich Merz, candidat des chrétiens-démocrates à la chancellerie et grand favori des sondages pour les élections législatives du 23 février, a suscité des réactions virulentes dans le pays, où des manifestations ont éclaté à Berlin et à Dresde.
Plus d’un mois après l’effondrement de sa coalition gouvernementale, le chancelier allemand Olaf Scholz affronte le vote de confiance des députés ce lundi 16 décembre.
Lors d’une précédente conférence internationale sur la paix qui s’est tenue en juin en Suisse, 78 pays ont exprimé leur soutien à l' »intégrité territoriale » de l’Ukraine, mais le sommet s’est tenu sans la participation de la Russie.
Vladimir Poutine prévient Olaf Scholz qu’il n’y aura pas d’accord de paix sans concessions territoriales de Kiev, leur premier échange depuis deux ans
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a accusé l’Allemagne de faire le jeu de Vladimir Poutine, après qu’Olaf Scholz eut parlé au président russe, vendredi 15 novembre, pour évoquer les conditions de la paix en Ukraine. Il s’agissait du premier entretien depuis près de deux ans entre les deux dirigeants.
Le chancelier allemand, Olaf Scholz, s’entretient au téléphone avec le président russe, Vladimir Poutine, en présence du conseiller en politique étrangère et de sécurité, Jens Plötner, et du porte-parole du gouvernement, Steffen Hebestreit, à Berlin, le 15 novembre 2024. STEFFEN KUGLER / VIA REUTERS
Cet appel d’une heure a provoqué la colère de l’Ukraine, qui y voit « une tentative d’apaisement » de l’Allemagne envers Moscou.
La définition de l’antisémitisme figurant dans le texte a soulevé des débats dans une partie du monde académique, culturel et associatif.
Le Bundestag, à Berlin, le 7 novembre 2024. LIESA JOHANNSSEN / REUTERS
En pleine crise politique, les députés allemands ont adopté à une large majorité, jeudi 7 novembre, une résolution contre l’antisémitisme au terme de plus d’un an de débats. Proposé par les groupes parlementaires du SPD (sociaux-démocrates), de la CDU-CSU (conservateurs), du FDP (libéraux) et des Verts dans le sillage de l’attaque commise par le Hamas en Israël le 7 octobre 2023, ce texte se voulait à l’origine un simple message de soutien déclaratif aux juifs d’Allemagne. Mais il s’est vite enlisé dans des débats portant sur la définition de l’antisémitisme et sur les mesures répressives proposées pour le combattre, ratant au bout du compte en partie son objectif. Prévu pour l’été, puis pour le premier anniversaire du 7-Octobre, il a finalement été conclu à temps pour le 9 novembre, date du grand pogrom antisémite de 1938 connu sous le nom de Nuit de cristal.
Au cœur des discussions figurait la définition de l’antisémitisme proposée par le texte, jugée glissante par une partie du monde académique, culturel et associatif, où l’on craint une entrave à la liberté d’expression concernant l’Etat d’Israël. La résolution s’appuie en effet sur la définition de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA) selon laquelle, entre autres, « l’antisémitisme peut se manifester par des attaques à l’encontre de l’Etat d’Israël lorsqu’il est perçu comme une collectivité juive. Cependant, critiquer Israël comme on critiquerait tout autre Etat ne peut pas être considéré comme de l’antisémitisme ».
Cette définition fait l’objet de débats au motif qu’elle considère la critique d’Israël comme de l’antisémitisme. « Les définitions ne sont pas des vérités ultimes, mais des instruments de travail », affirme la rectrice du Collège scientifique de Berlin, Barbara Stollberg-Rilinger, qui s’est exprimée dans différents médias depuis un an, notamment après que le Land de Berlin a entrepris de conditionner ses financements à une profession de foi contre l’antisémitisme reprenant cette même définition. Or, à ses yeux, celle-ci est vague, ce qui la rend « incroyablement vulnérable aux abus ». L’accusation d’antisémitisme est « un excellent moyen de réduire au silence et de diffamer les opposants politiques », juge l’historienne.
« L’Etat ne peut pas faire autorité en la matière »
Un groupe de juristes et de chercheurs a tenté de remédier aux lacunes de la résolution du Bundestag en formulant, fin octobre, une série de propositions dans le journal Frankfurter Allgemeine Zeitung. « La définition exacte de l’antisémitisme et les situations dans lesquelles il se manifeste font l’objet d’une réflexion scientifique et sociale permanente ; l’Etat ne peut pas faire autorité en la matière », soulignent-ils, invitant à utiliser la définition de l’IHRA comme une « orientation » et à plutôt promouvoir le financement «de chaires de recherche sur la Shoah et d’études sur le Proche-Orient ».
Alors que l’extrême droite obtient des résultats élevés aux élections locales et après un attentat meurtrier en août, le gouvernement d’Olaf Scholz multiplie les mesures volontaristes concernant les réfugiés.
La ministre allemande de l’intérieur, Nancy Faeser, et le président de l’Office fédéral de la police criminelle (BKA), Holger Münch, lors d’une conférence de presse sur le crime organisé en 2023 dans le pays, à Berlin, le 5 septembre 2024. ANNEGRET HILSE/REUTERS
Pourrait-on encore voir des images comme celles de l’été 2015, montrant des Allemands en liesse à l’arrivée des premiers réfugiés syriens ? Neuf ans plus tard, ce sont les interrogations sur la capacité du pays à intégrer les réfugiés qui accaparent une grande partie du débat public, alors que l’Allemagne a été frappée ces dernières années par plusieurs attentats meurtriers perpétrés par des personnes radicalisées. Dernier en date : l’attaque au couteau, dans la nuit du 23 au 24 août, à Solingen, dans l’ouest de l’Allemagne, par un réfugié syrien de 26 ans sous le coup d’une mesure d’expulsion, qui a fait trois morts et huit blessés. Une tentative d’attentat contre le consulat israélien a également été déjouée à Munich le 5 septembre.
Alors que des scrutins régionaux ont été dominés par une forte poussée de l’extrême droite, le gouvernement d’Olaf Scholz multiplie les mesures de fermeté. Lundi 9 septembre, la ministre de l’intérieur, Nancy Faeser (SPD), a annoncé son intention de restaurer, à partir du 16 septembre, des contrôles temporaires à l’ensemble des frontières terrestres de l’Allemagne, dans le cadre du renforcement de la lutte contre l’immigration illégale. Les réfugiés entrés illégalement pourront être refoulés, a-t-elle indiqué. Les mesures, présentées comme temporaires, ne dureront dans un premier temps que six mois. Mme Faeser a dit avoir informé la Commission européenne de son initiative.
La Shoah (dico), entreprise d’extermination systématique des Juifs d’Europe, a été menée par les nazis de 1941 à 1945 sans qu’il en fut jamais fait état dans les déclarations publiques et les documents écrits. Malgré cela, elle n’a pas échappé dès son commencement à la vigilance de quelques observateurs de bonne volonté ainsi qu’aux représentants de la Croix-Rouge.
– Le gouvernement britannique savait…
Dès 1941, grâce à la machine Enigma qui leur a permis de casser les codes secrets de la Wehrmacht, les Alliés sont informés que les Allemands massacrent d’innombrables civils dans les zones soviétiques soumises à leur joug. Ils restent discrets sur leurs informations pour ne pas dévoiler leurs sources. Winston Churchill, Premier ministre du Royaume-Uni, n’en lance pas moins un avertissement aux nazis dans son discours à la Nation du 24 août 1941 : « Depuis les invasions mongoles au XIIe siècle, on n’a jamais assisté en Europe à des pratiques d’assassinat méthodique et sans pitié à une pareille échelle. Nous sommes en présence d’un crime sans nom (…). Quand sonnera l’heure de la libération de l’Europe, l’heure sonnera aussi du châtiment ».
À ce moment-là, il est encore difficile pour les Britanniques de faire la différence entre le crime de guerre et le crime de « génocide » (le mot n’existe pas encore). En effet, les victimes, massacrées à la mitrailleuse dans des fosses communes (la « Shoah par balles »), sont désignées par les Allemands comme des saboteurs juifs, des bolcheviks ou des partisans. Mais, après le discours du 24 août 1941, les renseignements adressés au gouvernement britannique laissent de moins en moins de doutes sur la volonté nazie d’exterminer la population juive.
– La presse anglo-saxonne savait…
À l’automne 1941, ne sachant que faire des millions de Juifs tombés sous leur coupe dans les territoires conquis à l’Est, les Allemands mettent en place les premiers camps d’extermination dans le cadre de l’opération Reinhardt. C’est Chelmno en décembre pour recevoir les Juifs du ghetto de Lodz, puis Belzec (mars 1942), Sobibor (mai 1942) et Treblinka II (juillet 1942) pour les Juifs des ghettos du Gouvernement Général (Pologne centrale).
Dans son numéro du 25 juin 1942 et les suivants, le Daily Telegraph de Londres publie une série d’articles incendiaires. Le premier révèle : « Plus de 700 000 Juifs polonais ont été exterminés par les Allemands dans le plus grand massacre de tous les temps ».
Ces informations sont reprises par le New York Times et suscitent des manifestations de protestation à New York. Elles proviennent d’une dépêche reçue par Samuel Zygelbojm, membre du Conseil national polonais de Londres. Meurtri par l’indifférence de l’opinion publique, celui-ci se suicidera le 12 mai 1943 (« Puisse ma mort être un cri contre l’indifférence avec laquelle le monde regarde la destruction du monde juif et ne fait rien pour l’arrêter »).
Trois avions Eurofighter de la Bundeswehr des forces armées allemandes lors de l’exercice du Bouclier de Hanovre le 27 novembre 2023. RONNY HARTMANN / AFP
Alors que le veto allemand bloque un contrat conclu il y a plusieurs années, la ministre allemande des Affaires étrangères a souligné le rôle constructif joué par Ryad dans la crise sécuritaire au Proche-Orient.
L’Allemagne est désormais disposée à autoriser de nouvelles ventes d’avions de combat Eurofighter à l’Arabie saoudite, a déclaré dimanche la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, alors que le veto allemand bloque un contrat conclu il y a plusieurs années. «Nous ne nous voyons pas, en tant que gouvernement fédéral allemand, nous opposer aux considérations britanniques sur d’autres Eurofighters», a déclaré la cheffe de la diplomatie à des journalistes lors d’un voyage en Israël, soulignant le rôle constructif joué par Ryad dans la crise sécuritaire au Proche-Orient depuis l’attaque du Hamas palestinien contre Israël le 7 octobre.
L’Allemagne a gelé les ventes d’armes à Ryad depuis l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi fin 2018, imputé au prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman notamment par le renseignement américain, bloquant ainsi une importante commande de 48 Eurofighter Typhoon, signée à Londres lors d’une visite du prince saoudien il y a plusieurs années. L’Eurofighter est un programme conduit par le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne rassemblant les industriels BAE Systems, Airbus et Leonardo.
Embargo de l’Allemagne
Lors de sa visite en Israël, Annalena Baerbock a souligné que l’Arabie saoudite et Israël n’avaient «pas renoncé à leur politique de normalisation» après l’attaque du 7 octobre. «Le fait que l’Arabie saoudite intercepte désormais les missiles tirés par les Houthis sur Israël le souligne, et nous en sommes reconnaissants», a-t-elle ajouté. «Le fait que l’armée de l’air saoudienne utilise également des Eurofighter dans ce cadre est un secret de polichinelle», a poursuivi la ministre. «L’Arabie saoudite contribue de manière déterminante à la sécurité d’Israël, même ces jours-ci, et elle contribue à endiguer le risque d’une conflagration régionale», a-t-elle ajouté.
L’embargo de l’Allemagne irrite depuis plusieurs années ses partenaires britannique et français. Cette position arrêtée sous le mandat de l’ex-chancelière conservatrice Angela Merkel a été ancrée dans le contrat de coalition de la coalition SPD-Verts-libéraux du chancelier Olaf Scholz, les écologistes – parti d’Annalena Baerbock – étant particulièrement fermes dans ce refus du fait, également, du rôle de l’Arabie saoudite dans la guerre au Yémen.
«Le monde, en particulier ici au Moyen-Orient, est devenu un endroit complètement différent depuis le 7 octobre», a justifié Annalena Baerbock dimanche. Le ton était de nouveau monté récemment contre l’attitude de Berlin, le président d’Airbus, Guillaume Faury, estimant que ce gel des ventes entachait la «crédibilité» du pays vis-à-vis de ses partenaires.
Le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius (droite) et le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant (gauche) à Berlin, le 28 septembre 2023. TOBIAS SCHWARZ / AFP
Arrow-3, le niveau supérieur de ce dispositif antimissiles, est destiné à intercepter des engins au-dessus de l’atmosphère avec une portée qui pourrait aller jusqu’à 2400 km. Le contrat est estimé à 3,5 milliards de dollars.
L’Allemagne, en phase de réarmement depuis l’invasion russe de l’Ukraine, a entériné jeudi 28 septembre l’achat à Israël du système de défense antimissiles Arrow-3, un accord «historique» qui doit aussi contribuer à sécuriser le ciel européen. Le système Arrow, dont la livraison est attendue en 2025, «préparera la défense aérienne allemande pour l’avenir», a déclaré le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius lors de la signature de l’accord commercial à Berlin avec son homologue israélien Yoav Gallant. «C’est, sans exagération, un jour historique pour nos deux nations», a souligné M. Pistorius.