Caritas
Pendant le Jubilé, Caritas veut «transformer la dette en espoir»

Au cours d’une conférence en ligne ce mercredi 28 mai, l’organisation catholique Caritas a fait un point sur sa campagne internationale de lutte contre les dettes financières qui étouffent les pays les plus pauvres. En célébrant les 10 ans de l’encyclique Laudato si’ du Pape François, les différents intervenants ont alerté contre les conséquences de la crise écologique, intimement liées à celles de la crise des dettes.
Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican
Depuis janvier, l’organisation Caritas Internationalis promeut une campagne intitulée «Transformer la dette en espoir». À la moitié de l’Année Sainte consacrée à l’espérance, une webconférence était organisée ce mercredi 28 mai, en lien avec le dicastère pour le Service du développement humain intégral.
Un chiffre a été rappelé à plusieurs reprises: 3,3 milliards d’êtres humains vivent dans des pays qui dépensent plus d’argent dans les intérêts de leur dette que pour leurs services publics, comme l’éducation, la santé ou l’adaptation au changement climatique.
La dette des pays pauvres, «un échec moral»
«Des millions de personnes sont ainsi coincées dans un cercle de pauvreté et d’inégalité», a expliqué Mgr Gabriel Caccia, observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations unies à New-York. «C’est avant tout un échec moral», a assuré l’archevêque, pour qui il s’agit d’une des questions les splus importantes de notre temps. «Quel type de système international voulons nous? Un système qui protège les intérêts de quelques-uns ou un système au service de la dignité de tous?», a-t-il interrogé.
Pour Alistair Dutton, secrétaire général de la Caritas, la réponse est claire: s’attaquer au problème des dettes des pays pauvres est urgent. «Si nous voulons vraiment un chemin de paix, il nous faut supprimer les causes de l’injustice, particulièrement l’injustice des dettes impayables», a-t-il lancé en introduisant la première intervention, celle de sœur Alessandra Smerilli.
La secrétaire du dicastère pour le Service du développement humain intégral s’est appuyé sur une citation de l’Évangile de Jean : «Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance». Cette «vie en abondance» apportée par le Christ est mise à mal par deux crises «qui vont main dans la main», surtout dans les pays du Sud: les dettes financières et le désastre écologique. Appelant à un changement, «impératif moral et spirituel», sœur Smerilli a pointé du doigt les différences injustes de la dette écologique entre les pays du Nord et ceux du Sud. «Les pays les plus pauvres paient le double» selon elle, car ils subissent de plein fouet les conséquences dévastatrices de l’exploitation de la planète par les pays les plus riches.
Tenir les rêves éveillés
Depuis le Brésil, le cardinal Jaime Spengler a ensuite pris la parole. L’archevêque de Porto Alegre et président de la conférence des évêques du Brésil, a souligné l’apport de son pays dans la réflexion sur le lien entre justice sociale et écologique. Citant Aristote, «l’espérance est le rêve d’un homme éveillé», le cardinal brésilien a estimé que l’Église a la mission de soutenir ces «rêves éveillés» en partageant l’espérance avec chaque personne sur Terre.
«Chacun est un invité sur la Terre», a-t-il poursuivi, et il reconnait dans l’annulation de dette une forme d’égalité, et non de générosité, revenant sur la notion de proportionnalité de l’usage des ressources naturelles. Lire la suite »
Le Cameroun s’enfonce dans un conflit armé entre gouvernement et forces séparatistes
Depuis plusieurs mois, le pays du golfe de Guinée s’enfonce dans un conflit armé opposant les forces séparatistes qui souhaitent la création d’un état indépendant anglophone et le gouvernement. Un conflit qui a déjà fait plus de 160 000 déplacés.
Marine Henriot – Cité du Vatican

Dans l’ouest du Cameroun, les combats sont devenus quasi quotidiens entre les forces de sécurité camerounaises et des hommes armés se faisant appeler «forces de restauration» d’un Etat anglophone qui avait brièvement vu le jour entre les deux guerres mondiales, alors que le pays était sous mandat britannique. En octobre 2017, des activistes des régions des minorités anglophones proclamaient unilatéralement la création de la «République d’Ambazonie». Une auto-indépendance au mépris du gouvernement à majorité francophone. Des manifestations d’enseignants et juristes protestant contre l’hégémonie du français ont ensuite été organisées, sévèrement réprimées par le gouvernement. Selon des victimes rencontrées par la Caritas locale, «quiconque était suspecté de sympathie envers ces activistes était la cible de l’armée».
Exactions de la part des deux camps
Selon les derniers chiffres de l’ONU, la «Crise anglophone», comme elle est maintenant surnommée, a causé le déplacement de 160 000 personnes à l’intérieur du pays.
Caritas Nigeria a de son côté enregistré 25 624 réfugiés et demandeurs d’asiles Camerounais, un nombre qui pourrait s’élever à 40 000 selon l’ONU. La population «paniquée», décrit Caritas Nigeria, traverse la frontière pour fuir ce que les évêques camerounais décrivent comme une «violence aveugle, inhumaine et monstrueuse». «Il ne se passe pas une semaine sans que des maisons soient incendiées, des personnes kidnappées ou tuées. C’est la peur qui a pris le contrôle du territoire», raconte Hippolyte Sando de Caritas Cameroun. Des exactions commises par les rebelles sécessionnistes et l’armée nationale. Le fait pour une personne de parler anglais ou français semble être une raison suffisante pour se faire tuer, note Caritas internationalis. Les deux camps s’accusent mutuellement de diverses violences et de propagation de fausses informations.