Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a rencontré le président rwandais Paul Kagame en marge du Forum économique mondial de Davos. Washington soutiendra la diplomatie régionale pour mettre un terme au conflit dans l’Est de la RDC.
Des militants, au cours de la campagne électorale en vue des élections du 20 décembre 2023 en RD Congo. (ANSA)
«C’est maintenant que nous devons choisir de nouveaux dirigeants du pays», a écrit Mgr Donatien Bafuidinsoni, évêque d’Inongo, en République Démocratique du Congo, à six jours des élections générales dans ce pays. L’ordinaire invite particulièrement les ressortissants de Mai-Ndombe à la vigilance pour ne pas se laisser imposer des personnes non élues. Il appelle à dire «Non» aux opportunistes sans conscience et sans projet de société.
Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican
C’est ce 20 décembre que les congolais seront appelés aux urnes pour élire leur président, ainsi que leurs députés nationaux, provinciaux et leurs conseillers municipaux. Au moment où la campagne électorale touche à sa fin, les candidats sont à la manœuvre pour gagner un plus grand nombre d’électeurs possibles. C’est aussi le moment où plusieurs appels sont lancés pour conscientiser et inviter à un vote responsable. Mgr Donatien Bafuidinsoni, évêque d’Inongo, dans le sud-ouest de la République Démocratique du Congo, s’est livré à cet exercice dans un message daté du 14 décembre et intitulé: «Allons choisir de nouveaux dirigeants !». Il souligne notamment que ces élections constituent une occasion cruciale pour renouveler la classe politique congolaise, avec des dirigeants «beaucoup plus responsables»
Une campagne où tous les coups sont permis
Dans son message adressé particulièrement à ses diocésains et diocésaines, le prélat commence par faire un état de lieu du déroulement de la campagne électorale. Il constate que certains candidats ou leurs «commissionnaires électoraux», dont certains n’ont jamais mis pied dans la province du Mai-Ndombe pendant tout le mandat qui s’achève, y défilent pour battre campagne. D’aucuns vantent le bilan et continuent encore à abreuver la population de promesses, d’autres critiquent ce bilan et promettent de faire mieux. «Et tout cela ne va pas sans insultes ou dénigrements, sur les réseaux sociaux, sur les places publiques ou les antennes de radio, avec de la violence verbale et physique». Avec regret, l’évêque trouve qu’il est «honteux, inqualifiable de la part des hommes et des femmes qui prétendent assumer des responsabilités politiques», d’agir de la sorte. On se serait plutôt attendu à des meetings en fonction d’un projet de société, mais cela n’est malheureusement pas le cas. «Que nenni!».
Voter des dirigeants qui sortiront le Mai-Ndombe de son enclavement
C’est face à une telle situation que l’évêque s’est senti le devoir de donner son avis et d’attirer l’attention de ses chers diocésains et diocésaines «pour qu’ils assument et exercent, avec conscience et en connaissance de cause, leur devoir citoyen pour un avenir meilleur de notre pays». Il les exhorte à voter pour le bien de Mai-Ndombe, afin de donner des vrais responsables qui vont sortir cette province de son enclavement. Il les appelle aussi à la vigilance, surtout devant des bureaux de vote «avant, pendant et après» les élections, pour se rassurer qu’on leur imposera pas des personnes qu’ils n’auront pas choisies. Lire la suite »
Conférence de presse conjointe d’Emmanuel Macron et Félix Tshisekedi
À Kinshasa, le président français s’est engagé à jouer un rôle central dans le pont aérien humanitaire vers Goma, annoncé par l’UE samedi matin.
Emmanuel Macron est retourné sur le difficile terrain de la diplomatie de guerre ce samedi 4 mars en République démocratique du Congo, dernière étape de sa tournée africaine, où ses efforts de paix dans l’est du pays face à la rébellion du M23 sont contestés. Après un sommet sur les forêts tropicales à Libreville, un accord de coopération agricole à Luanda et un hommage à la France Libre à Brazzaville, place au grand «chaudron» de Kinshasa.
Le chef de l’État est arrivé vendredi soir dans la capitale du plus grand pays francophone du monde et a tenu une conférence de presse samedi midi avec son homologue Félix Tshisekedi. «C’est dans le malheur qu’on reconnaît ses amis, les relations entre la RDC et la France sont au beau fixe», a assuré le président de la RDC en guise d’introduction.
34 millions d’aide humanitaire
En premier lieu, le dirigeant a indiqué que la France serait le premier État à répondre à l’initiative de l’UE de mettre en place un pont aérien humanitaire vers Goma, ville de l’est de la RDC touchée par la résurgence de la rébellion du M23. L’Hexagone y participera à hauteur de «34 millions d’aide humanitaire, qui s’ajouteront aux 50millions promis par l’Union européenne». Emmanuel Macron a également déclaré que tous les acteurs du conflit, y compris les membres du M23, ont «apporté un soutien clair» à un cessez-le-feu dès «mardi prochain».
Le président français a ensuite exposé les quatre grands domaines de coopération à venir entre l’Hexagone et la RDC. «Le Congo ne peut être le Congo sans la grandeur», a-t-il justifié, paraphrasant le général de Gaulle. Emmanuel Macron a ainsi annoncé un «partenariat nouveau sur le plan sécuritaire et militaire», rappelant que la RDC était déjà «le premier partenaire dans le domaine de la formation militaire».
Sur le plan économique ensuite, le président français a insisté sur une plus grande collaboration, «du numérique jusqu’au domaine minier, pour une exploitation au service des Congolais».
Mettre l’accent sur les domaines scientifique et culturel
Emmanuel Macron a également appelé à ne pas négliger les domaines scientifiques et de recherche. Il a rappelé que la France s’était engagée dans la lutte contre Ebola et s’est félicité de la collaboration avec l’Afrique sur la pandémie de Covid-19. «Mais je souhaite qu’on aille plus loin sur les échanges scientifiques et universitaires», a-t-il ajouté, tout en mettant l’accent sur «la biodiversité».
Enfin, le président de la République a annoncé vouloir mettre l’accent sur le domaine culturel, en fournissant à la RDC «outils et réseaux pour l’aider à se développer» dans plusieurs domaines comme les jeux vidéo, la bande dessinée ou encore l’e-sport, qui sont à ses yeux des «moyens d’expression de la jeunesse».
Avant de conclure sur l’importance de la langue française, soulignant que la RDC était «le premier pays francophone au monde de par sa démographie». «À mes yeux, la langue française n’est pas seulement un trait d’union mais un trésor en partage, dont vous êtes devenu le centre de gravité», a-t-il déclaré, s’adressant au président Félix Tshisekedi.
Depuis la reprise des violences fin 2021, perpétrés par les milices du M23 dans l’est de la RDC, 72 000 personnes ont franchi la frontière rwandaise.
Le Rwanda ne peut plus accueillir de réfugiés en provenance de République démocratique du Congo (RDC), en proie dans l’est aux violences de groupes armés, a déclaré lundi le président rwandais Paul Kagame, dernier épisode en date des vives tensions entre Kigali et Kinshasa.
Le Rwanda ne peut plus accueillir de réfugiés en provenance de République démocratique du Congo (RDC), en proie aux violences de groupes armés dans l’est du pays, a déclaré, lundi 9 janvier, le président rwandais Paul Kagame. Cette annonce est le dernier épisode en date des vives tensions entre Kigali et Kinshasa.
Dans l’est de la RDC, région instable, riche en ressources minières, les combats entre forces gouvernementales et rebelles du Mouvement du 23 mars (M23), une ancienne rébellion tutsi, ont exacerbé les tensions avec le Rwanda voisin, que la RDC accuse d’encourager la milice. Kigali nie toute implication.
Ces violences ont poussé de nombreux Congolais à migrer dans les pays voisins, dont le Rwanda. Selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (UNHCR), le Rwanda comptait en novembre 2022 quelque 72 000 réfugiés congolais.
« Nous ne pouvons pas continuer d’accueillir des réfugiés » en provenance de RDC, a déclaré Paul Kagame devant le Sénat, poursuivant : « Ce n’est pas le problème du Rwanda. Et nous allons faire en sorte que tout le monde se rende compte que ce n’est pas le problème du Rwanda. » « Je refuse que le Rwanda supporte ce fardeau », a-t-il encore ajouté.
Dans un rapport publié en décembre 2022, des experts mandatés par les Nations unies affirment avoir collecté des « preuves substantielles » démontrant « l’intervention directe des forces de défense rwandaises (RDF) sur le territoire de la RDC », au moins entre novembre 2021 et octobre 2022. L’Union européenne a appelé le Rwanda à « cesser de soutenir le M23 ».
Le roi des Belges a exprimé dans une lettre ses « profonds regrets » pour les crimes commis par son pays au Congo pendant la période coloniale.
Un buste vandalisé du roi Léopold II, à Gand, en Belgique, le 30 juin 2020. JOHN THYS / AFP
Tous les regards se sont tournés vers la présidence congolaise… en vain. C’est la ministre des affaires étrangères qui s’est finalement chargée de la réaction officielle de la République démocratique du Congo (RDC) aux « profonds regrets » exprimés, mardi 30 juin, par le roi Philippe de Belgique pour les crimes commis par son pays pendant la période coloniale. Un mea culpa qui a mis « du baume sur le cœur des Congolais », selon Marie Tumba Nzeza, et qui pourrait marquer le début d’un « changement profond » dans les relations entre les deux pays.
Si globalement, le message du souverain a été bien accueilli, beaucoup de Congolais ont émis des réserves sur la démarche, regrettant que la lettre adressée au président Félix Tshisekedi ne comporte pas d’excuses au sens strict. Un repentir par trop « incomplet », selon Martin Fayulu, candidat malheureux à la présidentielle de 2018, interrogé par Le Monde Afrique.
Dans sa lettre, Philippe évoque en effet les crimes commis par la Belgique au Congo lorsque le pays était la propriété personnelle de son ancêtre, le roi Léopold II, et pendant la période coloniale de 1908 à 1960. Il ne dit rien des années qui ont suivi l’indépendance, le 30 juin 1960. Or « il y a encore beaucoup de questions sur les responsabilités de chacun, dont la Belgique, dans la mort de Patrice Lumumba [premier chef du gouvernement du Congo indépendant] », pointe son petit-neveu, le militant anticorruption Jean-Jacques Lumumba.