Dans l’idéal, il faudra repeigner le style de ChatGPT, aiguiser les formules et actualiser l’argumentaire, mais la démonstration est faite : l’intelligence artificielle (IA) sera sans doute un outil inédit dans l’élection présidentielle à venir. « Les ingénieurs républicains et démocrates font la course dans le développement d’outils exploitant l’IA afin de rendre la publicité plus efficace, de s’engager dans l’analyse prédictive du comportement populaire, de produire du contenu de plus en plus personnalisé et de découvrir de nouveaux modèles dans les montagnes de données électorales », résumait le New York Times dans un article passionnant publié le 28 mars. On y apprenait notamment que le Comité national démocrate utilisait déjà l’IA pour rédiger des brouillons, corrigés ensuite par des mains humaines.
Erosion de la vérité
Les stagiaires employés par les équipes de campagne pour des tâches subalternes et souvent répétitives ont du souci à se faire : les ordinateurs risquent de les remplacer, en toute autonomie, grâce à leur capacité d’apprentissage. Mais cette intrusion de l’IA dans la politique est surtout lourde de menaces pour la santé du débat public, déjà très abîmé par les deux derniers cycles présidentiels. On connaît, au sein du monde MAGA (« Make America great again », le slogan de Donald Trump), la tendance à rejeter des faits établis, à ne pas reconnaître une expertise (scientifique ou médicale), à succomber aux théories conspirationnistes. Cette érosion de la vérité, renvoyant chacun à ses seules convictions en carton, risque de s’accroître dans des proportions effrayantes avec l’IA.
(source: lemonde.fr)