.Une suspension avec effet immédiat. Telle est la décision de l’Union africaine (UA), à l’encontre de Madagascar, rapportent différentes agences de presse internationales. L’information a rapidement fait le tour des réseaux sociaux, hier, en fin de soirée.
La décision a été prise au cours de la 1306e session du Conseil de paix et de sécurité de l’organisation continentale, hier. Dans sa dépêche sur le sujet, l’Agence France-Presse (AFP) rapporte les propos de Mahamoud Ali Youssouf, président de la Commission de l’UA, affirmant que « le pays est suspendu avec effet immédiat ».
Dans un communiqué, lundi, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a déjà fait part du fait qu’il « réitère le principe de tolérance zéro de l’UA à l’égard des changements anticonstitutionnels de gouvernement » et « rejette catégoriquement toute tentative de changement anticonstitutionnel de gouvernement dans le pays ».
Union Africaine: la célérité est de mise pour la SADC et l’UA
Les Organes de l’Union Africaine et de la SADC en charge de la Paix et de la Sécurité n’ont jamais cessé de suivre de près l’évolution socio-politique de Madagascar. Ils sont actuellement amplement documentés sur le cas, et ne manqueront pas de mettre en rapport la Feuille de Route établie avec la Médiation africaine mettant fin à la Crise malgache de 2009 avec la situation actuellement en cours dans le pays.
Pour l’opinion publique suivant de près ce dossier, de nombreux éléments essentiels (« existentiels », diront certains) de cette Feuille de Route sous l’égide de l’Union Africaine et de sa représentation régionale SADC, non pas été entièrement appliqués dans leurs substances. D’où la résurgence de la crise actuelle engageant pleinement l’autorité morale et politique de ces entités continentales quant au suivi de l’effectivité des dispositions entérinées .
Bref rappel: la chronique de prise de pouvoir en 2009
►Prévenir et gérer les conflits : de quels moyens dispose l’Union africaine ? Pour quels résultats ? Peut-elle être plus efficace ? Décryptage des instruments et des limites de l’UA en matière de paix et sécurité sur le continent avec « Les Mots de la Paix ».
►Crises, coups d’état, guerres, menaces transnationales, ingérences extérieures ou encore réchauffement climatique mettent en péril la stabilité en Afrique et la sécurité des populations civiles. Dans « Les Mots de la Paix », la politologue Niagalé Bagayoko, présidente de l’African Security Sector Network, décrypte les défis sécuritaires et les dynamiques en cours de l’Ouest à la Corne, du Maghreb à l’Afrique australe, en passant par le Sahel et l’Afrique centrale.
Le président sud-africain a salué vendredi 13 septembre le soutien des États-Unis à la création de deux sièges permanents au Conseil de sécurité de l’ONU pour des pays africains, mais il a estimé que leur refuser un droit de veto en feraient des « citoyens de seconde zone ».
Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, pose à l’Union Buildings, à Pretoria, le 13 septembre 2024.
Dans le cadre d’une réforme hypothétique de cet organe clé des Nations unies, les États-Unis ont annoncé jeudi leur soutien à la création de ces deux sièges, mais sans droit de veto. Alors que le Conseil est largement paralysé, les Africains, qui réclament depuis longtemps deux membres permanents, veulent qu’ils soient sur un pied d’égalité.
Le fait qu’un continent d’1,3 milliard de personnes ne soit pas représenté au Conseil de sécurité amoindrit le rôle de l’ONU, a estimé le président sud-africain ce vendredi, ajoutant qu’« il n’est pas possible que l’Afrique ait une participation de seconde zone au Conseil de sécurité de l’ONU ».
Une injustice reconnue
Le Conseil de sécurité compte 15 membres : cinq permanents (États-Unis, Royaume-Uni, France, Chine, Russie) qui détiennent un droit de veto et dix élus pour deux ans qui représentent les différentes régions géographiques, dont trois pour l’Afrique.
Si la plupart des États membres de l’ONU reconnaissent l’injustice de la représentation au Conseil de sécurité largement héritée de l’après Seconde Guerre mondiale, la question de sa réforme est un véritable serpent de mer à l’aboutissement plus qu’incertain compte tenu des vues diverses sur la future composition et l’avenir du droit de veto.
Cette réforme nécessiterait l’adoption puis la ratification de deux- tiers des 193 États membres, dont les cinq membres permanents du Conseil. Un des points les plus délicats est l’avenir du droit de veto des membres permanents.
Lors d’une conférence de presse jeudi, l’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, a clairement indiqué que les États-Unis ne soutenaient pas l’extension du droit de veto pour de nouveaux membres, ni son abolition pour les membres actuels.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté jeudi à l’unanimité une résolution portant sur le financement des opérations de soutien de paix conduite par l’Union africaine.
Un projet porté par l’ A3, le Gabon, le Ghana et le Mozambique. Ces opérations doivent inclure des mesures appropriées pour la protection des civils.
Le Représentant permanent du Mozambique auprès des Nations Unies a salué la résolution 2719 : _cette résolution cadre, qui vient d’être adoptée, traduit notre objectif de répondre aux préoccupations de l’Afrique qui sont en suspens depuis de nombreuses années. Il est essentiel de donner des réponses appropriées aux défis croissants et évolutifs en matière de sécurité sur le continent africain. Les défis comprennent les conflits, l’insurrection, l’africanisation progressive du terrorisme et la prolifération des groupes armés extrémistes.
La résolution demande également au Secrétaire général, en consultation avec le Président de la Commission de l’Union africaine, de présenter un rapport conjoint au Conseil de sécurité des Nations Unies tous les six mois sur l’état d’avancement des opérations de maintien de la paix menée par l’Union africaine.
L’adhésion de l’Union africaine au « G21 » est une victoire diplomatique notable pour le premier ministre indien, Narendra Modi, hôte du G20.
Narendra Modi et le dirigeant actuel de l’Union africaine, le président comorien Azali Assoumani, le 9 septembre lors du sommet du G20. LUDOVIC MARIN / AFP
Le premier ministre indien et hôte du G20 a annoncé, samedi 9 septembre, l’adoption de la déclaration finale du sommet. « Grâce au travail acharné de notre équipe et à votre soutien, un consensus s’est dégagé sur la déclaration du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du G20 de New Delhi », a déclaré Narendra Modi. « J’annonce l’adoption de la déclaration. »
L’Union africaine nouveau membre permanent
L’Union africaine a par ailleurs officiellement pris place en tant que nouveau membre du G20, à l’invitation de l’hôte du sommet à New Delhi. L’élargissement de l’Union africaine au « G21 » est une victoire diplomatique notable pour M. Modi, qui devrait briguer un nouveau mandat lors des élections nationales de l’an prochain, redorant le blason du chef d’Etat indien à l’étranger.
« L’Inde a proposé d’accorder le statut de membre permanent du G20 à l’Union africaine. Je crois que nous avons l’accord de tous sur ce point », a déclaré M. Modi dans son discours d’ouverture du sommet.
« Crise de confiance »
Le premier ministre indien, Narendra Modi (au centre), salue le ministre de l’économie français, Bruno Le Maire, lors de la première session du sommet des dirigeants du G20 à New Delhi, le 9 septembre 2023. LUDOVIC MARIN / AFP
Avant son discours, M. Modi avait donné une chaleureuse accolade à Azali Assoumani, président des Comores, à la tête de l’Union africaine. M. Assoumani a ensuite pris place parmi les dirigeants du groupe à l’invitation du ministre indien des affaires étrangères, Subrahmanyam Jaishankar.
Les membres du G20 sont en revanche confrontés à de profondes divisions notamment sur la guerre en Ukraine. « Le monde connaît une énorme crise de confiance », a déclaré M. Modi. « La guerre a aggravé ce déficit de confiance. Si nous parvenons à vaincre le Covid, nous pourrons également vaincre cette crise de confiance mutuelle. »
A l’issue d’une réunion « tendue » et « interminable », selon des diplomates, le CPS, organe chargé de statuer sur les questions de règlement des conflits, a refusé l’usage de la force. Cette position devait être officialisée mercredi.
Bola Ahmed Tinubu (au centre), président du Nigéria et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, lors du deuxième sommet extraordinaire de la Cedeao sur la situation au Niger, à Abuja, le 10 août 2023. KOLA SULAIMON / AFP
Plus les jours passent, plus l’état de fait qui prévaut à Niamey, depuis la prise du pouvoir par les militaires, le 26 juillet, semble s’imposer et plus le doute s’immisce dans l’esprit de leurs adversaires. Alors que la junte menée par le général Tiani ne fléchit ni devant les sanctions économiques et financières imposées par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), ni devant les menaces d’un recours à la force agitées par les pays de la région, les divisions se creusent entre les pays africains sur l’attitude à adopter. Une réunion « tendue », « interminable », « de plus de dix heures », selon plusieurs diplomates présents, du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA), l’organe chargé de statuer sur les questions de règlement des conflits, en a été le révélateur.
D’après plusieurs sources, lors de cette rencontre, qui s’est tenue lundi 14 août, le CPS a décidé de rejeter l’usage de la force face à la junte nigérienne. Cette position devait être officialisée par un communiqué officiel mercredi. Dans le même temps, le CPS a choisi de suspendre temporairement le Niger de toutes les activités de l’UA.
Cette position se désolidarise de la Cedeao qui, même si elle continue à privilégier le « dialogue », a ordonné l’ « activation immédiate de [sa] force en attente », et elle affaiblit considérablement l’organisation ouest-africaine. Lancer une offensive militaire rejetée par l’UA « serait une contradiction inédite, explique Paul-Simon Handy, chercheur au sein de l’Institute for Security Studies. La Cedeao aura du mal à recourir à la force sans l’approbation de l’UA », alors même que plusieurs voix questionnent la légalité d’une telle opération.
« Tout en rappelant notre politique de tolérance zéro face aux changements anticonstitutionnels de gouvernement, nous avons choisi de ne pas soutenir une intervention militaire au Niger, parce qu’elle pourrait déboucher sur un bain de sang et causer plus de dégâts qu’il n’en existe actuellement », confie un diplomate de l’UA.
« De profondes divergences »
Cette décision est d’autant plus surprenante qu’elle va à l’encontre des us et coutume de l’UA, qui a pour habitude de s’aligner sur les positions des organisations régionales. Elle contredit aussi le président de la commission de l’UA, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, qui avait affirmé « son ferme soutien aux décisions de la Cedeao », dans un communiqué du 11 août. « M. Mahamat a une fonction très importante au sein de l’organisation, mais il ne peut pas faire de déclarations définitives au nom de l’UA. Pour être considérée comme une position définitive de l’UA, elle doit être adoptée par un organe compétent, qui est, dans ce cas précis, le Conseil paix et sécurité », précise Solomon Dersso, fondateur du centre de réflexion Amani Africa.