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Herilaza Imbiky : Participation à une formation sur la réforme sécuritaire à Addis-Abeba

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Par sa participation active, Madagascar, à travers Herilaza Imbiky, confirme son engagement à soutenir la réforme sécuritaire continentale

Alors que la Grande Île fait face à un défi sécuritaire majeur, Herilaza Imbiky est à Addis-Abeba pour une formation de haut niveau dont la réforme de ce secteur est le principal sujet.

Dans le cadre de la réforme du secteur de la sécurité en Afrique, Herilaza Imbiky, expert malgache reconnu et député de Sainte-Marie, a pris part à une formation pilote organisée par l’Union africaine (UA) les 23 et 24 juillet 2025 à Addis-Abeba, en Éthiopie. Cette rencontre s’inscrit dans le projet de Note d’orientation opérationnelle (NOO) de l’UA, qui vise à renforcer la supervision et la reddition de comptes dans le secteur sécuritaire. Depuis l’adoption du cadre stratégique en 2013, la réforme du secteur de la sécurité (RSS) est perçue comme un levier crucial pour améliorer les institutions en charge de la sécurité et garantir un contrôle démocratique effectif. L’objectif est de répondre aux attentes légitimes des populations africaines en matière de sécurité et de justice, en transformant en profondeur les structures et mécanismes existants.

Contrôle démocratique

La Commission de l’Union africaine a élaboré cette NOO, fruit de larges consultations menées en 2024 et finalisées début 2025. Elle propose des lignes directrices claires destinées aux États membres, aux communautés économiques régionales ainsi qu’aux mécanismes régionaux, impliquant également les parlementaires, les points focaux RSS et la société civile. Un des axes majeurs de cette réforme est le renforcement de quatre mécanismes de contrôle démocratique : le contrôle gouvernemental, le contrôle parlementaire, la supervision judiciaire et la surveillance indépendante assurée par des institutions civiles. La société civile y occupe un rôle central pour garantir transparence et responsabilité.

Bonnes pratiques

Au cours de cette formation, Herilaza Imbiky et les participants ont renforcé leurs compétences sur la Note d’orientation opérationnelle (NOO), en partageant bonnes pratiques et expériences pour promouvoir la responsabilité des institutions de sécurité. L’objectif est de concrétiser ces mécanismes au profit des populations. Alors que l’Afrique progresse sur le plan institutionnel, la mise en œuvre des réformes reste un défi. La NOO propose une approche concrète pour combler ce fossé. Par son engagement, Madagascar, à travers Herilaza Imbiky, réaffirme sa volonté de contribuer à une sécurité transparente, responsable et respectueuse des droits humains.

(source: Julien R. – Midi M/kara)

Les Mots de la Paix : Union Africaine – mission et moyens

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Prévenir et gérer les conflits : de quels moyens dispose l’Union africaine ? Pour quels résultats ? Peut-elle être plus efficace ? Décryptage des instruments et des limites de l’UA en matière de paix et sécurité sur le continent avec « Les Mots de la Paix ».

►Crises, coups d’état, guerres, menaces transnationales, ingérences extérieures ou encore réchauffement climatique mettent en péril la stabilité en Afrique et la sécurité des populations civiles. Dans « Les Mots de la Paix », la politologue Niagalé Bagayoko, présidente de l’African Security Sector Network, décrypte les défis sécuritaires et les dynamiques en cours de l’Ouest à la Corne, du Maghreb à l’Afrique australe, en passant par le Sahel et l’Afrique centrale.

Pour Cyril Ramaphosa, deux sièges à l’ONU pour l’Afrique, oui, mais avec droit de veto

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Le président sud-africain a salué vendredi 13 septembre le soutien des États-Unis à la création de deux sièges permanents au Conseil de sécurité de l’ONU pour des pays africains, mais il a estimé que leur refuser un droit de veto en feraient des « citoyens de seconde zone ».

Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, pose à l’Union Buildings, à Pretoria, le 13 septembre 2024.

« Nous demandons et exigeons de participer sérieusement au Conseil de sécurité de l’ONU », a martelé Cyril Ramaphosa lors d’un point de presse ce vendredi 13 septembre. Le président sud-africain a d’abord salué le soutien des États-Unis à la création de deux sièges permanents au Conseil de sécurité de l’ONU pour des pays africains, mais refuser à l’Afrique le droit de veto « signifie que nous devenons encore une fois des citoyens de seconde zone », a-t-il lancé.

Dans le cadre d’une réforme hypothétique de cet organe clé des Nations unies, les États-Unis ont annoncé jeudi leur soutien à la création de ces deux sièges, mais sans droit de veto. Alors que le Conseil est largement paralysé, les Africains, qui réclament depuis longtemps deux membres permanents, veulent qu’ils soient sur un pied d’égalité.

Le fait qu’un continent d’1,3 milliard de personnes ne soit pas représenté au Conseil de sécurité amoindrit le rôle de l’ONU, a estimé le président sud-africain ce vendredi, ajoutant qu’« il n’est pas possible que l’Afrique ait une participation de seconde zone au Conseil de sécurité de l’ONU ».

Une injustice reconnue

Le Conseil de sécurité compte 15 membres : cinq permanents (États-Unis, Royaume-Uni, France, Chine, Russie) qui détiennent un droit de veto et dix élus pour deux ans qui représentent les différentes régions géographiques, dont trois pour l’Afrique.

Si la plupart des États membres de l’ONU reconnaissent l’injustice de la représentation au Conseil de sécurité largement héritée de l’après Seconde Guerre mondiale, la question de sa réforme est un véritable serpent de mer à l’aboutissement plus qu’incertain compte tenu des vues diverses sur la future composition et l’avenir du droit de veto.

Cette réforme nécessiterait l’adoption puis la ratification de deux- tiers des 193 États membres, dont les cinq membres permanents du Conseil. Un des points les plus délicats est l’avenir du droit de veto des membres permanents.

Lors d’une conférence de presse jeudi, l’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, a clairement indiqué que les États-Unis ne soutenaient pas l’extension du droit de veto pour de nouveaux membres, ni son abolition pour les membres actuels.

(source: jeune afrique (avec AFP))


Fikambanana Nosy Malagasy: vela-kevitra mampifandray ny voambolana sy ny Tantara

RWANDA – Paul Kagame, le “leader le plus clivant d’Afrique”

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À la tête du Rwanda depuis près de 30 ans, Paul Kagame dirige le pays d’une main de fer. Alors qu’il vante la reconstruction et l’unité de son pays depuis la fin du génocide, au point de donner des conseils aux autres dirigeants africains, ses détracteurs pointent du doigt ses pratiques politiques autoritaires, et son rôle dans le conflit armé en RDC.

UA: adoption des propositions de l’Algérie pour renforcer l’intégration économique continentale

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L’Algérie raflera la troisième place des économies africaines cette année à la faveur du déclin nigérien, certes, mais plus encore à celle de l’efficacité de son économie depuis la fin de la crise de la Covid. Comme souvent avec l’Algérie, il faut faire un détour du côté de son secteur pétrogazier pour prendre le pouls l’économie.

Grand gagnant de la crise énergétique, le pays a su profiter depuis du maintien à haut niveau des cours des hydrocarbures et de la réorientation géographique des approvisionnements en gaz de l’Europe. Et pour cause, l’Algérie est un acteur incontournable du marché. Dixième producteur mondial de gaz naturel, le pays est surtout le 1er exportateur de gaz naturel liquéfié d’Afrique et se place dans le top 10 mondial. […]

Après l’adoption du cadre politique relatif aux start-up, la Commission de l’UA a été appelée à élaborer la stratégie africaine sur les start-up et à soutenir les incubateurs d’innovation, et ce conformément à la Déclaration de la Conférence ministérielle africaine des start-up, organisée en Algérie en décembre 2022, en vertu de la décision 1205 du Conseil exécutif de l’UA », a précisé la même source.

UA: adoption des propositions de l’Algérie pour renforcer l’intégration économique continentale © Algeria Press Service قدمت بواسطة

A la fin des travaux, le Comité a souligné « l’importance des start-ups comme principal moteur de la croissance économique, saluant les efforts de l’Algérie dans ce domaine ».

Le Comité s’est félicité également « des propositions de la délégation algérienne visant à renforcer l’intégration économique entre les pays africains et à soutenir le développement durable ».

L’Algérie a participé « activement » aux travaux de cette session avec une délégation de haut niveau, présidée par la Cheffe de cabinet du ministère du Commerce et de la Promotion des exportations, Mme Souhila Abellache. « Une série de propositions innovantes visant à renforcer l’environnement pionnier et à soutenir le développement des start-ups en Afrique a été présentée ».

Ces propositions ont « été accueillies favorablement par les ministres participants qui ont exprimé leur grand intérêt en vue d’adopter ces initiatives, au vu de leur rôle central dans la réalisation d’un développement économique durable ».

Le Comité ministériel s’est également félicité de l’organisation par l’Algérie de la 4e édition de la Foire commerciale intra-africaine (IATF) en septembre 2025, qui verra de nombreuses activités économiques et culturelles continentales, ajoute le communiqué.

Les travaux de 4e session ordinaire du Comité technique spécialisé de l’Union Africaine (UA) pour le commerce, le tourisme, l’industrie et les ressources minérales se sont déroulés du 13 au 17 mai, sous le thème « Renforcer la compétitivité commerciale de l’Afrique à travers le développement des ressources touristiques, industrielles et minières ».

(source: Algerie Presse Service)

Hery Rajaonarimampianina : Candidat à la présidence de la commission de l’Union africaine

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Hery Rajaonarimampianina reste pourtant discret à propos de cette course

Des murmures se propagent dans les cercles diplomatiques et politiques alors que l’ancien président Hery Rajaonarimampianina semble se positionner pour briguer le poste de président de la commission de l’Union africaine. Bien que l’annonce officielle reste en suspens, les spéculations gagnent en force, alimentées par des sources proches de l’ancien chef d’État.

Bataille politique

Malgré le silence radio de son parti politique, le HVM, les médias étrangers ont déjà commencé à évoquer le nom de Hery Rajaonarimampianina comme prétendant sérieux à cette fonction prestigieuse au sein de l’Exécutif de l’Union africaine. Une bataille politique intense se profile, d’autant plus que le futur titulaire du poste devrait provenir de l’Afrique de l’Est, selon l’organisation en vigueur, et sera élu lors de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’UA en février 2025.

Vétéran

Parmi les autres prétendants évoqués, le vétéran kényan Raila Odinga, âgé de 79 ans, est souvent cité comme favori. Cependant, la possible candidature de Hery Rajaonarimampianina apporte une nouvelle dynamique à la course, avec son expérience en tant qu’ancien chef d’État et ses potentiels atouts pour la commission de l’Union africaine.

Nouvelle page

Alors que les mois à venir seront marqués par des tractations politiques intenses, la candidature de l’ancien président Hery Rajaonarimampianina pourrait ouvrir une nouvelle page à sa carrière politique et soulève des questions sur la direction qu’elle pourrait prendre sous un nouveau leadership à la tête de l’exécutif de l’Union africaine.

(source: Rija R. – Midi M/kara)

Les armées africaines et le développement : une transformation nécessaire

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Bulletin du maintien de la paix


L’histoire politique des Etats d’Afrique subsaharienne est aussi celle des actions militaires contre les gouvernements civils. Ce prétorianisme africain est encore visible, cinquante ans après les indépendances, à la faveur de « zones grises » marquées par des situations nationales de ni guerre, ni paix, et placées dans des processus de normalisation politique. En 2010, le peuple guinéen a élu un président civil, suite à une élection compétitive organisée par la junte militaire au pouvoir. En mars 2011, la Côte d’ivoire sort d’une situation de blocage politique, après une crise postélectorale longue de plusieurs mois. Si l’action militaire contre les institutions et le gouvernement se porte bien en Afrique subsaharienne, l’évolution des missions confiées aux armées, certes encore trop confidentielles, engendre tout autant des actions vertueuses, au nom de la stabilité politique et du développement national. La figure du soldat africain n’est plus seulement dominée par celle du « sobel », barbarisme désignant le militaire africain comme étant à la fois un soldat et un rebelle, ennemi de la paix ; il devient aussi un faiseur de paix en casque bleu (de l’ONU) ou vert (de l’Union Africaine), constructeur des territoires où il est déployé et impliqué dans les missions de sécurité, de soutien humanitaire des populations et de développement.

Reconstruire autrement : redéfinition géostratégique et nouveau savoir-faire

Le rôle des soldats de la paix et des forces déployées sur le territoire national subit une mutation sur les théâtres des conflits. Leur mission consiste à contrôler, sécuriser et développer les territoires où ils sont déployés. Dans les opérations de peacebuilding ou de peacekeeping la victoire stratégique relève de l’action indirecte au profit des populations. Cette inflexion opérationnelle vers les missions de développement vient du changement de sens de l’action militaire : si la victoire militaire est essentielle au processus de reconstruction post-conflit, la conquête des « cœurs et des esprits » propre à la guerre au sein des populations est l’effet final recherché (EFR) aussi bien par les forces de paix que par les armées nationales.

L’intervention, dans les conflits africains des forces africaines de maintien de la paix, est indispensable pour imposer l’ordre et la sécurité et permettre la fin des hostilités. Le recours à la coercition est nécessaire ; même s’il se résume souvent à un déploiement, comme en République centrafricaine. Cette phase d’intervention prépare la stabilisation du territoire qui donne lieu à un abaissement du niveau de violence et consolide la paix obtenue pour permettre le retour à la confiance entre les protagonistes. Son succès amorce la phase de normalisation. Cette phase dépend moins des tâches militaires que des actions civiles utiles à la reconstruction c’est-à-dire au retour à la paix et à l’affermissement du système politique, juridique, économique et social. Le processus de reconstruction est alors renforcée par des actions au profit du développement, venant renforcer les trois réponses apportées, trop souvent de manière découplée, en matière de sortie de crise : une réponse militaire centrée sur le déploiement d’une force militaire, une réponse humanitaire fondée sur la gestion et la prise en charge humanitaire des réfugiés et une réponse politique basée sur l’organisation d’élections ouvertes et pluralistes, gage du retour à la paix.

Les résultats peu convaincants auxquels ces trois réponses aboutissent, n’incitent guère à l’optimisme. Par exemple, les mesures de désarmement, de démobilisation, de rapatriement, de réintégration et de réinstallation (DDRRR) donnent des résultats mitigés (1) (en République démocratique du Congo, en République centrafricaine, Côte d’ivoire). Les causes de cet échec tiennent à l’absence de solutions adaptées au contexte local permettant aux combattants de trouver plus d’intérêt à s’intégrer dans une activité sociétale que d’appartenir à une bande armée.

La réponse humanitaire, indispensable pour répondre à l’urgence de la situation conflictuelle, présente également des insuffisances majeures liées à la « fatigue des donneurs » en particulier lorsque l’action humanitaire s’inscrit dans la longue durée. Dans ce contexte, les personnels humanitaires n’assurent que des tâches de gestion des réfugiés et de sécurisation de l’aide internationale. À cela s’ajoute l’esprit du mécanisme européen de soutien à la paix signé avec l’Union Africaine, le programme Facilité pour la Paix en Afrique, dont le financement est exclusivement réservé aux missions de maintien de la paix et ne peut servir au soutien des armées africaines et au renforcement éventuel de leurs capacités. Or la problématique principale, celle du développement et de la redistribution nationale des richesses, à la source des conflits et des guerres en Afrique, n’est pas réellement traitée par des solutions adaptées. Aussi les limites aux solutions appliquées dans les crises africaines conduisent-elles à explorer de nouvelles pistes à partir desquelles le soldat africain, acteur d’instabilité dans certains contextes, doit se muer en vecteur de paix et de sécurité collective. Dans les opérations de consolidation de la paix, les formes d’actions opérationnelles changent : le modus operandi des forces déployées les conduit à agir en faveur du renforcement de la sécurité des institutions étatiques mais aussi de plus en plus au profit du développement des territoires sur lesquels elles interviennent.

Développer par les forces duales : une autre manière de conquérir les cœurs et les esprits de la population

Dans la plupart des pays où la réforme des systèmes de sécurité (RSS) est appliquée (République Démocratique du Congo, Guinée, République centrafricaine), les principaux opérateurs (l’Etat, les agences internationales, les forces armées et de sécurité) s’attachent aux seules restructurations de l’armée et des forces de sécurité et non à la redéfinition des missions confiées aux militaires dotés, du reste, de capacités duales c’est-à-dire de matériels et d’une expertise permettant d’assurer des missions opérationnelles certes, mais également des missions humanitaires relatives à la sauvegarde des populations, à la reconstruction et au développement des territoires où ils interviennent. Par exemple, en Côte d’Ivoire, suite aux changements politiques intervenus en 2011, la France, à travers ces agences spécialisées, met en œuvre une réforme du secteur de la sécurité (RSS), en coopération avec les nouvelles autorités de l’armée ivoirienne. L’objectif de cette réforme est de construire une armée nouvelle qui rassemble en une entité unique les ex-forces des armées nationales de Côte d’Ivoire (FANCI) et les ex-forces armées des forces nouvelles (FAFN). Cette nouvelle armée est dénommée « Forces républicaines de Côte d’ivoire » (FRCI) par ordonnance n°2011-33 du 17 mars 2011 des autorités ivoiriennes. L’armée nouvelle intègre, selon le séminaire sur la réforme de l’armée organisé à Bassam en mars 2011, 11000 hommes issus des ex-FAFN. Les principales orientations pour une approche française de la réforme sécuritaire en Côte d’ivoire repose sur la doctrine française en matière de RSS et se décline en trois principes fondamentaux : la relégitimation et le rétablissement de l’Etat de droit (cadre étatique), la constitution de forces professionnelles de sécurité, destinées à être plus efficaces et mieux formées (cadre institutionnel et militaire), la mise en place d’institutions chargées de la gestion du contrôle démocratique (cadre législatif). Les principaux axes d’efforts sur lesquels porte la réforme sont la formation et la professionnalisation des forces (recrutement, entraînement et cohésion), l’amélioration des conditions de vie des militaires (l’environnement humain, soldes des militaires, prise en charge des dépenses de santé des forces) et la réorganisation des services et la gestion des forces (optimisation de la ressource humaine, transparence sur l’avancement en grade).

La réforme de l’appareil de défense constitue un enjeu central dans la capacité des armées africaines à assumer des missions de reconstruction et de développement. L’ingénierie de la réforme des systèmes de sécurité doit désormais intégrer le « volet développement » dans ses programmes de restructuration de l’outil militaire en Afrique subsaharienne. Les actions de développement confiées aux soldats servent un but supplémentaire : réconcilier « les corps habillés » avec la population civile à partir de travaux d’intérêt général et permettre, ce faisant, le passage de la méfiance populaire à la confiance du civil donnée aux militaires.

Autrement dit, il s’agit de réformer les armées en élargissant la gamme des missions qu’elles pourraient conduire à la fois dans le cadre du maintien de la paix comme dans celui de la bataille du développement menée au quotidien par une partie de la population d’Afrique subsaharienne, dépourvue de ressources, voire d’espoir et dont la sécurité humaine est menacée.

Sans transformer les forces armées en forces de développement, ne peut-on pas imaginer d’alternative voyant une plus grande implication des militaires aussi bien dans les missions de reconstruction et de consolidation de la paix, que dans les actions de développement local, avec leurs propres moyens (génie, transport terrestre, maritime ou aérien) ou en encadrant des corps de volontaires, en d’autres termes des forces civilo-militaires (youth national services) – dont l’Union africaine elle-même recommande le développement – et qui conduiraient des actions dans les domaines de la sécurité humaine, de la reconstruction des infrastructures ou encore au profit du développement stricto sensu par des actions de soutien à la production agricole, dans le secteur du bâtiment et des travaux publics ou encore dans le traitement des eaux.

L’exemple des nouvelles missions confiées à l’armée de la République Démocratique du Congo (FARDC), issues de la réforme des forces armées de ce pays, rend concret l’implication des soldats dans le développement local des territoires où ils sont déployés. Le projet de feuille de route pour la mise en œuvre du « Plan directeur global de la réforme de l’Armée » édité par le ministère de la défense nationale et des anciens combattants congolais en octobre 2007 donne des précisions sur la place des actions de développement local dans la stratégie globale de sortie de crise dans ce pays.
En matière de reconstruction par exemple, le Plan directeur du ministère de la défense congolais propose plusieurs missions confiées aux armées déployées à l’intérieur de son vaste territoire. Une première mission de développement consiste à réaliser des travaux d’intérêt général en vue de réconcilier les forces armées avec la population civile des territoires où ils interviennent et où ils sont stationnés. Dans ce cadre, les actions à mener concerne la construction et la réhabilitation des ouvrages civils d’intérêt général comme les écoles, les dispensaires, les hôpitaux, les routes, les ponts.

Dans la province de l’Equateur en République démocratique du Congo, le Plan directeur prévoit la réhabilitation du tronçon routier Mobayi-Mbongo-Kotakoli. Ces travaux sont accomplis par le corps du Génie et les unités du Génie des régions militaires appuyées par les éléments des forces territoriales. Une deuxième mission de développement confiée aux militaires consiste à assurer la construction et la réhabilitation des infrastructures militaires à moindre coût. Les actions à mener concernent l’assainissement des lieux, la construction et la reconstruction des écoles et des centres de formation, la réhabilitation des écoles maternelles, primaires et secondaires dans les camps militaires. Dans le plan directeur de l’armée congolaise, ces actions sont dotées d’un budget de 12 342 700 dollars. (2)

L’évolution des missions confiées aux soldats de la paix concerne également les forces de la mission de consolidation des accords de paix (MICOPAX) déployées en République centrafricaine.

L’objectif de la MICOPAX est de contribuer durablement à la paix et la sécurité en République centrafricaine par la création des conditions préalables au développement dans ce pays. Sur le terrain, son rôle est de protéger la population civile, de sécuriser le territoire, de contribuer au processus de réconciliation nationale, de faciliter le dialogue politique et la réconciliation nationale.

Composée de militaires camerounais, gabonais, congolais, tchadiens et guinéens, cette force a été chargée de veiller à la sécurisation du processus électorales tenu en 2011 et à la sécurité intérieure. La force militaire contribue par ailleurs à la réhabilitation des voies de circulation en zone rurale, grâce au bataillon de génie qui y est impliqué.

Les Etats africains et les communautés économiques régionales (3) utilisent désormais de façon innovante les forces militaires pour répondre aux véritables besoins des populations affectées par la guerre, une crise humanitaire ou une catastrophe naturelle. En situation de sortie de crise, le premier besoin d’une population appauvrie et victime de violence est la sécurité. Le second besoin est le sentiment de dignité engendré par le retour à l’ordre politique. Ces deux facteurs (sécurité et dignité) sont le produit de l’action civilo-militaire conduite par…le militaire. Autrement dit, il s’agit de renforcer les actions de statebuilding par delà les opérations de peacebuilding.

Les dispositifs de mise en œuvre de telles capacités existent et reposent sur le réseau des quatorze écoles nationales à vocation régionale (ENVR) implantées en Afrique centrale et de l’ouest, assurant la formation de telles unités. L’école de santé et d’adduction d’eau du Mali se place déjà dans cette optique en Afrique de l’ouest. L’école du génie et des actions de reconstruction de ponts forme dès à présent des militaires à des actions de reconstruction. Ce dispositif de formation demande à être développé et à évoluer afin de pouvoir correspondre dans le futur aux exigences déontologiques du programme de formation et d’entraînement militaire d’origine française « Eurorecamp » et aux principes du partenariat stratégique entre l’Union européenne et l’Afrique, signé en décembre 2007 à Lisbonne.

Grâce au renforcement de leurs capacités duales et par leur implication dans les actions de développement, les armées africaines jouent un rôle majeur aussi bien en temps de paix pour renforcer le lien armée-nation, qu’en opération extérieure pour nouer avec la population une relation de confiance.

Les nouvelles missions des armées africaines : reconstruire et développer

L’élargissement des missions confiées aux soldats de la paix correspond bien à une tendance double marquée par la nécessité d’accomplir des actions de combat et de sécurité, de soutien humanitaire et de développement d’une part, et par la nécessité de contribuer à restaurer la mission souverainiste des forces armées d’autre part : défendre le territoire, enjeu permanent de la bataille du développement, de la préservation et de la restauration de la sécurité. Le cœur du métier des armées africaines doit en effet se recentrer sur la défense et la sécurisation des territoires nationaux aux frontières poreuses en raison des crises africaines faisant du territoire un enjeu central. Dans leur grande majorité, les frontières des pays africains et notamment des régions du centre et de l’ouest sont mal contrôlées.

Cette situation tient d’abord à la faiblesse de l’Etat, au vieillissement des équipements et de l’armement des militaires aux frontières mais également aux mauvaises conditions de travail et de vie des militaires chargés d’une telle mission. L’armement des forces est obsolète et inadapté à des frontières à la sécurisation difficile : la vétusté des postes de surveillance, l’absence de véhicule tout terrain pour parcourir la frontière, l’inexistence de moyens employant une technologie récente comme la détection thermique ou des jumelles à vision nocturne engendrent la démotivation voire le découragement des soldats. A l’armement obsolète s’ajoute les difficultés liées à la géographie physique des régions désertiques ou forestières à contrôler : les liaisons routières entre les Etats sont mal assurées dès lors que la frontière est loin des zones urbaines : plus on s’éloigne du centre et plus l’Etat et son administration disparaît. La porosité des frontières et l’incapacité des forces armées à assurer leur contrôle facilitent la circulation transfrontalière des bandes armées et des groupes terroristes, notamment dans la partie sahélienne du continent. Par exemple, en Afrique de l’ouest, le trafic de drogue et le trafic d’arme de petits calibres à la base d’une criminalité devenue nomade profitent, pour prospérer, de la porosité des frontières et de la faillite de l’Etat. Hamédine Fall retrace, dans un rapport pour l’institut des nations unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR), la route de la criminalité transfrontalière en Afrique de l’ouest. (4) Il nous rappelle par exemple que le cannabis produit au Sénégal dans la région de la basse Casamance est transporté en Guinée et atteint le Mali méridional à partir duquel une quantité est commercialisée dans les pays frontaliers du Mali comme le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. Mais la route de la drogue est aussi celle des conflits nomades. L’instabilité politico-militaire touchant plusieurs pays ouest-africains au début des années 1990 trouve ses origines lointaines dans la porosité des frontières des pays de cette sous région donnant, à des conflits locaux, une « épaisseur » régionale en favorisant l’armement de la population villageoise, le déplacement des populations vers les pays voisins, le trafic d’armes et la criminalité. L’enjeu majeur de la frontière est bien sa sécurisation, indispensable pour juguler la nature fluide des conflits africains selon laquelle des groupes armées font de la frontière la base arrière de leurs actions déstabilisatrices des Etats voisins.

Le poids des logiques sociologiques pour expliquer la difficulté des forces armées à mener efficacement leur mission de contrôle des frontières est également à prendre en compte. La faiblesse de l’Etat et sa déliquescence au fur et à mesure que l’on s’éloigne des centres urbains pour aller vers la frontière, complique les missions de surveillance du territoire, auxquelles s’ajoute le primat des allégeances ethniques des communautés locales sur les allégeances civiques, trop lointaines pour la population de l’hinterland. Tous ces facteurs affaiblissent l’efficacité des armées en matière de contrôle du territoire et constituent des aspects prioritaires dans l’édification d’armées africaines refondées et réformées. Comme tel, le « territoire », lieu du conflit mais aussi de la normalisation et du développement, est à reconstruire comme objet sociologique et anthropologique et comme réalité pragmatique au cœur de l’engagement opérationnel de l’African Peacekeeper.

(1) Même si l’on peut retrouver dans l’histoire immédiate des conflits africains de rares succès du processus de DDRR comme au Mali avec la « Flamme de la paix ». En Côte d’ivoire, la réinsertion des combattants des Forces Nouvelles (ex-rébellion) dans les Forces armées nationales ivoiriennes (FANCI) est loin d’être un succès ; et pour cause : elle signe pour les « commandants de zones (comzones) » la cession de leur autorité sur une partie du territoire qu’ils administraient, les privant de facto du pouvoir personnel qu’ils détenaient et des richesses matérielles qu’ils se sont constituées. Les commandants de l’ex-rébellion les plus médiatisés sont Morou Ouattara (commandant la zone 1 de Bouna), Chérif Ousmane (commandant la zone 3 de Bouaké) et Wattao, chef d’état-major adjoint des Forces Nouvelles, restées fidèles au président de Côte d’Ivoire Alassane D. Ouattara.

(2) Source : Ministère de la défense et des anciens combattants de la RDC. Plan Directeur de la réforme.

(3) La Communauté des États d’Afrique de l’ouest (Cedeao), la Communauté économique des États d’Afrique centrale (Ceeac), l’Igad, la SADC (South African Development Community) et l’Union Africaine.

(4) FALL Hamédine, « Contrôle des frontières et criminalité transfrontalière en Afrique de l’Ouest », dans AYISSI Anatole et SALL Ibrahima (ed.) Lutte contre la prolifération des armes légères en Afrique de l’Ouest : Manuel de formation des forces armées et de sécurité, UNIDIR/2003/13, 2003.

Fanambaran’i Christine Razanamahasoa: mijoro ny Vovonana iraisan’ny PAN sy ny FFKM hitady vahaolana maharitra ho an’ny Fifidianana « eken’ny rehetra »

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Tonga teny Tsimbazaza nihaona tamin’ny PAN (Filohan’ny Antenimierampirenena) ireo Masoivohon’ny Afrika Atsimo, sy ny Firaisambe Afrikana ary ny solontenan’ny Firenena Mikambana (ONU) eto Madagasikara.

Tafatsangana ny Vovonana iraisan’ny PAN sy ny FFKM hitady vahaolana maharitra hisian’ny « Fifidianana eken’ny rehetra » eto amintsika. « Fadio ny herisetra sy ny fampiasan-kery », hoy izy

Niger : l’Union africaine rejette toute intervention militaire et se désolidarise de la Cedeao

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A l’issue d’une réunion « tendue » et « interminable », selon des diplomates, le CPS, organe chargé de statuer sur les questions de règlement des conflits, a refusé l’usage de la force. Cette position devait être officialisée mercredi.

Bola Ahmed Tinubu (au centre), président du Nigéria et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, lors du deuxième sommet extraordinaire de la Cedeao sur la situation au Niger, à Abuja, le 10 août 2023. KOLA SULAIMON / AFP

Plus les jours passent, plus l’état de fait qui prévaut à Niamey, depuis la prise du pouvoir par les militaires, le 26 juillet, semble s’imposer et plus le doute s’immisce dans l’esprit de leurs adversaires. Alors que la junte menée par le général Tiani ne fléchit ni devant les sanctions économiques et financières imposées par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), ni devant les menaces d’un recours à la force agitées par les pays de la région, les divisions se creusent entre les pays africains sur l’attitude à adopter. Une réunion « tendue », « interminable », « de plus de dix heures », selon plusieurs diplomates présents, du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA), l’organe chargé de statuer sur les questions de règlement des conflits, en a été le révélateur.

D’après plusieurs sources, lors de cette rencontre, qui s’est tenue lundi 14 août, le CPS a décidé de rejeter l’usage de la force face à la junte nigérienne. Cette position devait être officialisée par un communiqué officiel mercredi. Dans le même temps, le CPS a choisi de suspendre temporairement le Niger de toutes les activités de l’UA.

Cette position se désolidarise de la Cedeao qui, même si elle continue à privilégier le « dialogue », a ordonné l’ « activation immédiate de [sa] force en attente », et elle affaiblit considérablement l’organisation ouest-africaine. Lancer une offensive militaire rejetée par l’UA « serait une contradiction inédite, explique Paul-Simon Handy, chercheur au sein de l’Institute for Security Studies. La Cedeao aura du mal à recourir à la force sans l’approbation de l’UA », alors même que plusieurs voix questionnent la légalité d’une telle opération.

« Tout en rappelant notre politique de tolérance zéro face aux changements anticonstitutionnels de gouvernement, nous avons choisi de ne pas soutenir une intervention militaire au Niger, parce qu’elle pourrait déboucher sur un bain de sang et causer plus de dégâts qu’il n’en existe actuellement », confie un diplomate de l’UA.

« De profondes divergences »

Cette décision est d’autant plus surprenante qu’elle va à l’encontre des us et coutume de l’UA, qui a pour habitude de s’aligner sur les positions des organisations régionales. Elle contredit aussi le président de la commission de l’UA, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, qui avait affirmé « son ferme soutien aux décisions de la Cedeao », dans un communiqué du 11 août. « M. Mahamat a une fonction très importante au sein de l’organisation, mais il ne peut pas faire de déclarations définitives au nom de l’UA. Pour être considérée comme une position définitive de l’UA, elle doit être adoptée par un organe compétent, qui est, dans ce cas précis, le Conseil paix et sécurité », précise Solomon Dersso, fondateur du centre de réflexion Amani Africa.