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Isabelle Delattre, convoquée par le MAE : Ambassadrice de l’Union européenne

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Isabelle Delattre connaît bien le dossier Madagascar même avant sa nomination en tant qu’ambassadrice de l’Union européenne dans le pays en 2022.

Les relations diplomatiques entre Madagascar et l’Union européenne vont-elles connaître un coup de froid après la convocation de l’ambassadrice de l’Union européenne, Isabelle Delattre, par la ministre des Affaires étrangères, jeudi dernier ? Cette rencontre, qui a duré plus d’une heure, fait suite aux déclarations publiques de l’ambassadrice, jugées controversées par le gouvernement.

L’ambassadrice de l’Union européenne, Isabelle Delattre, a été convoquée par la ministre des Affaires étrangères, Rafaravavitafika Rasata. Jeudi dernier, dans la matinée, cette diplomate s’est rendue au bureau de la cheffe de la diplomatie à Anosy pour répondre à sa convocation. La rencontre aurait duré plus d’une heure entre les deux personnalités. L’intervention d’Isabelle Delattre lors d’une conférence de presse le lundi 26 février dernier a été au centre des discussions.

Manque de suivi

Les propos de l’ambassadrice de l’Union européenne ont suscité de vives réactions au sein du gouvernement. La diplomate a critiqué ouvertement certaines politiques nationales, notamment la nouvelle disposition pénale relative à la castration des auteurs de viol, qualifiant cela de « violation de la Constitution malgache ». Elle a également exprimé des préoccupations quant à l’état des routes dans le pays et à l’insuffisance de moyens financiers pour leur entretien, ainsi que sur le manque de suivi des recommandations de l’Union européenne en matière électorale.

Avertissement

L’ambassadrice de l’Union européenne n’a pas mâché ses mots pour aborder ces réalités face à la presse. Puis, elle a visiblement touché la corde sensible du régime et s’est vite fait remonter les bretelles. Ses propos ont déclenché une réaction rapide de la part du gouvernement, qui a donc convoqué Isabelle Delattre pour clarifier ses déclarations. Cette démarche, bien que courante dans le cadre diplomatique, est interprétée comme un avertissement à l’égard de la diplomate en poste dans le pays.

France

Il convient de noter que cette convocation n’est pas sans précédent. En 2019, l’ancien ambassadeur de France, Christophe Bouchard, avait été également convoqué par le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Liva Tehindrazanarivelo, pour discuter des questions sensibles concernant les îles Éparses. Cependant, c’est la première fois qu’un ambassadeur de l’Union européenne subit une telle réaction sous le régime actuel.

Tension

Face à la réaction du gouvernement, les partisans du régime ont pris la défense de celui-ci, contredisant les déclarations de l’ambassadrice. Isabelle Delattre a essuyé des critiques de la part de certains hauts responsables, notamment des députés et ministres. Cette confrontation souligne les tensions entre Madagascar et l’Union européenne, mettant en lumière les divergences d’opinion sur des questions clés. Dans ce contexte de tension diplomatique, il reste à voir comment les relations entre Bruxelles et Antananarivo évolueront dans les prochaines semaines.

(source: Rija R – Midi M/kara)

Energie: L’Union européenne souligne l’urgence du projet Volobe

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Isabelle Delattre Burger, ambassadrice de l’Union européenne (UE), multiplie les rencontres avec les autorités malgaches ces derniers temps. Dans l’un de ces entretiens, elle a notamment souligné l’urgence de démarrer la construction de la centrale hydroélectrique de Volobe, mettant en avant son importance pour le développement humain et économique. L’UE soutient le projet avec un don de 20 millions d’euros, représentant environ un tiers de la contribution de l’État. Cependant, malgré la signature du mémorandum d’entente en 2016, le projet a pris du retard, notamment en raison de négociations sur le prix du kilowattheure.

La centrale hydroélectrique de Volobe, une fois opérationnelle, produira 120 mégawatts, couvrant 40% de la consommation annuelle nationale d’électricité. Cela bénéficiera à plusieurs régions du pays en résolvant partiellement le problème de l’insuffisance énergétique. Les retards dans le projet ont des conséquences financières et structurelles, entraînant des surcoûts dus à la production d’électricité par des moyens plus coûteux, comme les solutions thermiques.

Le financement du projet, estimé à environ 550 millions d’euros, reste un obstacle majeur à son avancement. Alors que la Compagnie générale d’hydroélectricité de Volobe (CGHV) cherche des partenaires et des bailleurs, le manque de fonds retarde le début des travaux. Des discussions sont en cours avec des acteurs tels qu’Électricité de France (EDF) pour soutenir le projet. Ce retard impacte également les finances publiques, augmentant les dettes et affectant les fonds d’entretien des routes.

Isabelle Delattre Burger souligne l’importance de concrétiser rapidement les projets hydroélectriques de Volobe et Sahofika pour éviter des dommages collatéraux sur l’économie et les infrastructures du pays. Malgré les efforts pour réduire les coûts pour les consommateurs, les retards ont des répercussions négatives, nécessitant une action urgente pour assurer le développement énergétique et économique de Madagascar.

(source: madagascar-tribune.com)

Guerre en Ukraine: Emmanuel Macron provoque un tollé mais persiste sur l’envoi éventuel de militaires occidentaux

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(image: lemonde.fr)

Une nouvelle fois, les déclarations d’Emmanuel Macron suscitent une levée de boucliers internationale. Vingt mois après avoir suggéré de « ne pas humilier » la Russie, voilà le président français accusé d’ouvrir un débat intempestif sur l’envoi éventuel de troupes alliées en Ukraine, afin de la défendre contre les assauts du Kremlin.

A ce sujet, « rien ne doit être exclu », a lâché M. Macron, à l’issue de la conférence qu’il venait de présider lundi à l’Elysée, dans l’objectif de faire « plus et mieux » en soutien à Kiev. La suggestion n’a pas tardé à susciter de vives réactions, voire une certaine consternation parmi les Alliés.

Le point sur la situation mercredi 28 février, à 6 h 15

    • Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, participe mercredi en Albanie à une conférence sur la sécurité, son premier déplacement dans les Balkans depuis l’invasion russe lancée il y a deux ans.
    • Les Etats-Unis n’enverront pas de soldats combattre en Ukraine, a fait savoir mardi la Maison Blanche, au lendemain des déclarations du président français, Emmanuel Macron, qui n’a pas exclu cette hypothèse à terme.
    • Outre les Etats-Unis, l’OTAN, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et le Royaume-Uni ont notamment opposé, mardi, une fin de non-recevoir aux propos d’Emmanuel Macron.
    • Le Kremlin a mis en garde contre « l’inévitabilité » d’un conflit direct entre l’OTAN et la Russie en cas d’envoi de troupes alliées en Ukraine.
    • « Les conséquences de l’inaction quotidienne concernant l’Ukraine sont terribles », a déclaré le président des Etats-Unis, qui recevait mardi les responsables du Congrès, où un nouveau plan d’aide en faveur de Kiev est toujours bloqué.
    • L’armée russe affirme mardi avoir pris le contrôle de Sieverne (📍), village tout proche d’Avdiïvka récemment tombée, au moment où les troupes de Moscou poursuivent leur offensive dans cette zone et ont revendiqué plusieurs succès.
    • De « violents combats » se déroulent près de Tchassiv Yar (📍), ville du Donbass proche de Bakhmout, vers laquelle les forces russes « tentent activement d’avancer », a annoncé mardi un porte-parole de l’armée ukrainienne.
    • L’armée ukrainienne annonce avoir abattu mardi deux chasseurs bombardiers russes Su-34 et quatre drones de reconnaissance, dans son point du soir, publié sur Facebook.

(source: lemonde.fr)

 

La RDC s’insurge contre un protocole d’accord entre l’UE et le Rwanda

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« C’est comme si l’Union européenne nous faisait la guerre par procuration » : le président de la RDC, Félix Tshisekedi, a vivement critiqué jeudi 22 février le protocole d’accord signé cette semaine entre l’Union européenne et le Rwanda.

Le président de la RCD, Felix Tshisekedi lors de la 37e session ordinaire de la Conférence de l’Union africaine à Addis-Abeba, le 18 février 2024. © Michele Spatari / AFP

Mercredi 21 février, le ministre congolais des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, avait déjà dénoncé un « protocole d’accord sur les chaînes de valeur durables pour les matières premières » signé lundi entre l’Union européenne (UE) et le Rwanda. Un protocole qui selon lui « encourage le pillage des ressources naturelles congolaises par le Rwanda ».

Le lendemain, 21 février, c’est le président de la RDC, Félix Tshisekedi, qui a poursuivi sur le sujet lors d’une conférence de presse : « Quand vous achetez le produit d’un receleur, vous êtes vous-même coupable de vol. » « Donc, l’Union européenne, j’espère, ne va pas jouer ce jeu-là », a-t-il renchérit, en affirmant que son pays allait « user de toutes les voies, diplomatiques et judiciaires, pour faire annuler ce “MoU” » [Memorandum of Understanding, NDLR], pour « empêcher cette ignominie ».

Les ressources au cœur du conflit

Le gouvernement de Kinshasa accuse le Rwanda de vouloir faire main basse sur les ressources, minières notamment, de l’Est congolais, une des raisons pour lesquelles, selon lui, Kigali soutient la rébellion du M23, à l’offensive depuis plus de deux ans dans la province du Nord-Kivu, dont elle contrôle de larges territoires.

« L’UE est très mal engagée, car c’est comme si elle nous faisait la guerre par procuration », a déclaré Félix Tshisekedi. Elle « qui voulait venir surveiller nos élections ici pour dire qui a gagné, qui a perdu. Qui nous donne à longueur de journée des leçons sur le respect des droits de l’Homme » est maintenant « en train de prêcher par le plus mauvais exemple qui soit », a-t-il encore asséné.

Au pouvoir depuis janvier 2019, Félix Tshisekedi a été réélu pour un second mandat aux élections du 20 décembre dernier avec plus de 73 % des voix.

(source: Jeune Afrique – Avec AFP)

U.E. – Ukraine : l’élargissement en question – L’essentiel

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L’Ukraine a vitalement besoin de l’aide européenne. Pourtant, certains veulent limiter la levée des droits de douane dont bénéficie Kiev sur ses produits agricoles, dénonçant une concurrence déloyale. L’Ukraine, pour qui les négociations d’adhésion à l’U.E. ont commencé. L’occasion de retracer l’histoire de ces élargissements successifs.

Les armées africaines et le développement : une transformation nécessaire

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Bulletin du maintien de la paix


L’histoire politique des Etats d’Afrique subsaharienne est aussi celle des actions militaires contre les gouvernements civils. Ce prétorianisme africain est encore visible, cinquante ans après les indépendances, à la faveur de « zones grises » marquées par des situations nationales de ni guerre, ni paix, et placées dans des processus de normalisation politique. En 2010, le peuple guinéen a élu un président civil, suite à une élection compétitive organisée par la junte militaire au pouvoir. En mars 2011, la Côte d’ivoire sort d’une situation de blocage politique, après une crise postélectorale longue de plusieurs mois. Si l’action militaire contre les institutions et le gouvernement se porte bien en Afrique subsaharienne, l’évolution des missions confiées aux armées, certes encore trop confidentielles, engendre tout autant des actions vertueuses, au nom de la stabilité politique et du développement national. La figure du soldat africain n’est plus seulement dominée par celle du « sobel », barbarisme désignant le militaire africain comme étant à la fois un soldat et un rebelle, ennemi de la paix ; il devient aussi un faiseur de paix en casque bleu (de l’ONU) ou vert (de l’Union Africaine), constructeur des territoires où il est déployé et impliqué dans les missions de sécurité, de soutien humanitaire des populations et de développement.

Reconstruire autrement : redéfinition géostratégique et nouveau savoir-faire

Le rôle des soldats de la paix et des forces déployées sur le territoire national subit une mutation sur les théâtres des conflits. Leur mission consiste à contrôler, sécuriser et développer les territoires où ils sont déployés. Dans les opérations de peacebuilding ou de peacekeeping la victoire stratégique relève de l’action indirecte au profit des populations. Cette inflexion opérationnelle vers les missions de développement vient du changement de sens de l’action militaire : si la victoire militaire est essentielle au processus de reconstruction post-conflit, la conquête des « cœurs et des esprits » propre à la guerre au sein des populations est l’effet final recherché (EFR) aussi bien par les forces de paix que par les armées nationales.

L’intervention, dans les conflits africains des forces africaines de maintien de la paix, est indispensable pour imposer l’ordre et la sécurité et permettre la fin des hostilités. Le recours à la coercition est nécessaire ; même s’il se résume souvent à un déploiement, comme en République centrafricaine. Cette phase d’intervention prépare la stabilisation du territoire qui donne lieu à un abaissement du niveau de violence et consolide la paix obtenue pour permettre le retour à la confiance entre les protagonistes. Son succès amorce la phase de normalisation. Cette phase dépend moins des tâches militaires que des actions civiles utiles à la reconstruction c’est-à-dire au retour à la paix et à l’affermissement du système politique, juridique, économique et social. Le processus de reconstruction est alors renforcée par des actions au profit du développement, venant renforcer les trois réponses apportées, trop souvent de manière découplée, en matière de sortie de crise : une réponse militaire centrée sur le déploiement d’une force militaire, une réponse humanitaire fondée sur la gestion et la prise en charge humanitaire des réfugiés et une réponse politique basée sur l’organisation d’élections ouvertes et pluralistes, gage du retour à la paix.

Les résultats peu convaincants auxquels ces trois réponses aboutissent, n’incitent guère à l’optimisme. Par exemple, les mesures de désarmement, de démobilisation, de rapatriement, de réintégration et de réinstallation (DDRRR) donnent des résultats mitigés (1) (en République démocratique du Congo, en République centrafricaine, Côte d’ivoire). Les causes de cet échec tiennent à l’absence de solutions adaptées au contexte local permettant aux combattants de trouver plus d’intérêt à s’intégrer dans une activité sociétale que d’appartenir à une bande armée.

La réponse humanitaire, indispensable pour répondre à l’urgence de la situation conflictuelle, présente également des insuffisances majeures liées à la « fatigue des donneurs » en particulier lorsque l’action humanitaire s’inscrit dans la longue durée. Dans ce contexte, les personnels humanitaires n’assurent que des tâches de gestion des réfugiés et de sécurisation de l’aide internationale. À cela s’ajoute l’esprit du mécanisme européen de soutien à la paix signé avec l’Union Africaine, le programme Facilité pour la Paix en Afrique, dont le financement est exclusivement réservé aux missions de maintien de la paix et ne peut servir au soutien des armées africaines et au renforcement éventuel de leurs capacités. Or la problématique principale, celle du développement et de la redistribution nationale des richesses, à la source des conflits et des guerres en Afrique, n’est pas réellement traitée par des solutions adaptées. Aussi les limites aux solutions appliquées dans les crises africaines conduisent-elles à explorer de nouvelles pistes à partir desquelles le soldat africain, acteur d’instabilité dans certains contextes, doit se muer en vecteur de paix et de sécurité collective. Dans les opérations de consolidation de la paix, les formes d’actions opérationnelles changent : le modus operandi des forces déployées les conduit à agir en faveur du renforcement de la sécurité des institutions étatiques mais aussi de plus en plus au profit du développement des territoires sur lesquels elles interviennent.

Développer par les forces duales : une autre manière de conquérir les cœurs et les esprits de la population

Dans la plupart des pays où la réforme des systèmes de sécurité (RSS) est appliquée (République Démocratique du Congo, Guinée, République centrafricaine), les principaux opérateurs (l’Etat, les agences internationales, les forces armées et de sécurité) s’attachent aux seules restructurations de l’armée et des forces de sécurité et non à la redéfinition des missions confiées aux militaires dotés, du reste, de capacités duales c’est-à-dire de matériels et d’une expertise permettant d’assurer des missions opérationnelles certes, mais également des missions humanitaires relatives à la sauvegarde des populations, à la reconstruction et au développement des territoires où ils interviennent. Par exemple, en Côte d’Ivoire, suite aux changements politiques intervenus en 2011, la France, à travers ces agences spécialisées, met en œuvre une réforme du secteur de la sécurité (RSS), en coopération avec les nouvelles autorités de l’armée ivoirienne. L’objectif de cette réforme est de construire une armée nouvelle qui rassemble en une entité unique les ex-forces des armées nationales de Côte d’Ivoire (FANCI) et les ex-forces armées des forces nouvelles (FAFN). Cette nouvelle armée est dénommée « Forces républicaines de Côte d’ivoire » (FRCI) par ordonnance n°2011-33 du 17 mars 2011 des autorités ivoiriennes. L’armée nouvelle intègre, selon le séminaire sur la réforme de l’armée organisé à Bassam en mars 2011, 11000 hommes issus des ex-FAFN. Les principales orientations pour une approche française de la réforme sécuritaire en Côte d’ivoire repose sur la doctrine française en matière de RSS et se décline en trois principes fondamentaux : la relégitimation et le rétablissement de l’Etat de droit (cadre étatique), la constitution de forces professionnelles de sécurité, destinées à être plus efficaces et mieux formées (cadre institutionnel et militaire), la mise en place d’institutions chargées de la gestion du contrôle démocratique (cadre législatif). Les principaux axes d’efforts sur lesquels porte la réforme sont la formation et la professionnalisation des forces (recrutement, entraînement et cohésion), l’amélioration des conditions de vie des militaires (l’environnement humain, soldes des militaires, prise en charge des dépenses de santé des forces) et la réorganisation des services et la gestion des forces (optimisation de la ressource humaine, transparence sur l’avancement en grade).

La réforme de l’appareil de défense constitue un enjeu central dans la capacité des armées africaines à assumer des missions de reconstruction et de développement. L’ingénierie de la réforme des systèmes de sécurité doit désormais intégrer le « volet développement » dans ses programmes de restructuration de l’outil militaire en Afrique subsaharienne. Les actions de développement confiées aux soldats servent un but supplémentaire : réconcilier « les corps habillés » avec la population civile à partir de travaux d’intérêt général et permettre, ce faisant, le passage de la méfiance populaire à la confiance du civil donnée aux militaires.

Autrement dit, il s’agit de réformer les armées en élargissant la gamme des missions qu’elles pourraient conduire à la fois dans le cadre du maintien de la paix comme dans celui de la bataille du développement menée au quotidien par une partie de la population d’Afrique subsaharienne, dépourvue de ressources, voire d’espoir et dont la sécurité humaine est menacée.

Sans transformer les forces armées en forces de développement, ne peut-on pas imaginer d’alternative voyant une plus grande implication des militaires aussi bien dans les missions de reconstruction et de consolidation de la paix, que dans les actions de développement local, avec leurs propres moyens (génie, transport terrestre, maritime ou aérien) ou en encadrant des corps de volontaires, en d’autres termes des forces civilo-militaires (youth national services) – dont l’Union africaine elle-même recommande le développement – et qui conduiraient des actions dans les domaines de la sécurité humaine, de la reconstruction des infrastructures ou encore au profit du développement stricto sensu par des actions de soutien à la production agricole, dans le secteur du bâtiment et des travaux publics ou encore dans le traitement des eaux.

L’exemple des nouvelles missions confiées à l’armée de la République Démocratique du Congo (FARDC), issues de la réforme des forces armées de ce pays, rend concret l’implication des soldats dans le développement local des territoires où ils sont déployés. Le projet de feuille de route pour la mise en œuvre du « Plan directeur global de la réforme de l’Armée » édité par le ministère de la défense nationale et des anciens combattants congolais en octobre 2007 donne des précisions sur la place des actions de développement local dans la stratégie globale de sortie de crise dans ce pays.
En matière de reconstruction par exemple, le Plan directeur du ministère de la défense congolais propose plusieurs missions confiées aux armées déployées à l’intérieur de son vaste territoire. Une première mission de développement consiste à réaliser des travaux d’intérêt général en vue de réconcilier les forces armées avec la population civile des territoires où ils interviennent et où ils sont stationnés. Dans ce cadre, les actions à mener concerne la construction et la réhabilitation des ouvrages civils d’intérêt général comme les écoles, les dispensaires, les hôpitaux, les routes, les ponts.

Dans la province de l’Equateur en République démocratique du Congo, le Plan directeur prévoit la réhabilitation du tronçon routier Mobayi-Mbongo-Kotakoli. Ces travaux sont accomplis par le corps du Génie et les unités du Génie des régions militaires appuyées par les éléments des forces territoriales. Une deuxième mission de développement confiée aux militaires consiste à assurer la construction et la réhabilitation des infrastructures militaires à moindre coût. Les actions à mener concernent l’assainissement des lieux, la construction et la reconstruction des écoles et des centres de formation, la réhabilitation des écoles maternelles, primaires et secondaires dans les camps militaires. Dans le plan directeur de l’armée congolaise, ces actions sont dotées d’un budget de 12 342 700 dollars. (2)

L’évolution des missions confiées aux soldats de la paix concerne également les forces de la mission de consolidation des accords de paix (MICOPAX) déployées en République centrafricaine.

L’objectif de la MICOPAX est de contribuer durablement à la paix et la sécurité en République centrafricaine par la création des conditions préalables au développement dans ce pays. Sur le terrain, son rôle est de protéger la population civile, de sécuriser le territoire, de contribuer au processus de réconciliation nationale, de faciliter le dialogue politique et la réconciliation nationale.

Composée de militaires camerounais, gabonais, congolais, tchadiens et guinéens, cette force a été chargée de veiller à la sécurisation du processus électorales tenu en 2011 et à la sécurité intérieure. La force militaire contribue par ailleurs à la réhabilitation des voies de circulation en zone rurale, grâce au bataillon de génie qui y est impliqué.

Les Etats africains et les communautés économiques régionales (3) utilisent désormais de façon innovante les forces militaires pour répondre aux véritables besoins des populations affectées par la guerre, une crise humanitaire ou une catastrophe naturelle. En situation de sortie de crise, le premier besoin d’une population appauvrie et victime de violence est la sécurité. Le second besoin est le sentiment de dignité engendré par le retour à l’ordre politique. Ces deux facteurs (sécurité et dignité) sont le produit de l’action civilo-militaire conduite par…le militaire. Autrement dit, il s’agit de renforcer les actions de statebuilding par delà les opérations de peacebuilding.

Les dispositifs de mise en œuvre de telles capacités existent et reposent sur le réseau des quatorze écoles nationales à vocation régionale (ENVR) implantées en Afrique centrale et de l’ouest, assurant la formation de telles unités. L’école de santé et d’adduction d’eau du Mali se place déjà dans cette optique en Afrique de l’ouest. L’école du génie et des actions de reconstruction de ponts forme dès à présent des militaires à des actions de reconstruction. Ce dispositif de formation demande à être développé et à évoluer afin de pouvoir correspondre dans le futur aux exigences déontologiques du programme de formation et d’entraînement militaire d’origine française « Eurorecamp » et aux principes du partenariat stratégique entre l’Union européenne et l’Afrique, signé en décembre 2007 à Lisbonne.

Grâce au renforcement de leurs capacités duales et par leur implication dans les actions de développement, les armées africaines jouent un rôle majeur aussi bien en temps de paix pour renforcer le lien armée-nation, qu’en opération extérieure pour nouer avec la population une relation de confiance.

Les nouvelles missions des armées africaines : reconstruire et développer

L’élargissement des missions confiées aux soldats de la paix correspond bien à une tendance double marquée par la nécessité d’accomplir des actions de combat et de sécurité, de soutien humanitaire et de développement d’une part, et par la nécessité de contribuer à restaurer la mission souverainiste des forces armées d’autre part : défendre le territoire, enjeu permanent de la bataille du développement, de la préservation et de la restauration de la sécurité. Le cœur du métier des armées africaines doit en effet se recentrer sur la défense et la sécurisation des territoires nationaux aux frontières poreuses en raison des crises africaines faisant du territoire un enjeu central. Dans leur grande majorité, les frontières des pays africains et notamment des régions du centre et de l’ouest sont mal contrôlées.

Cette situation tient d’abord à la faiblesse de l’Etat, au vieillissement des équipements et de l’armement des militaires aux frontières mais également aux mauvaises conditions de travail et de vie des militaires chargés d’une telle mission. L’armement des forces est obsolète et inadapté à des frontières à la sécurisation difficile : la vétusté des postes de surveillance, l’absence de véhicule tout terrain pour parcourir la frontière, l’inexistence de moyens employant une technologie récente comme la détection thermique ou des jumelles à vision nocturne engendrent la démotivation voire le découragement des soldats. A l’armement obsolète s’ajoute les difficultés liées à la géographie physique des régions désertiques ou forestières à contrôler : les liaisons routières entre les Etats sont mal assurées dès lors que la frontière est loin des zones urbaines : plus on s’éloigne du centre et plus l’Etat et son administration disparaît. La porosité des frontières et l’incapacité des forces armées à assurer leur contrôle facilitent la circulation transfrontalière des bandes armées et des groupes terroristes, notamment dans la partie sahélienne du continent. Par exemple, en Afrique de l’ouest, le trafic de drogue et le trafic d’arme de petits calibres à la base d’une criminalité devenue nomade profitent, pour prospérer, de la porosité des frontières et de la faillite de l’Etat. Hamédine Fall retrace, dans un rapport pour l’institut des nations unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR), la route de la criminalité transfrontalière en Afrique de l’ouest. (4) Il nous rappelle par exemple que le cannabis produit au Sénégal dans la région de la basse Casamance est transporté en Guinée et atteint le Mali méridional à partir duquel une quantité est commercialisée dans les pays frontaliers du Mali comme le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. Mais la route de la drogue est aussi celle des conflits nomades. L’instabilité politico-militaire touchant plusieurs pays ouest-africains au début des années 1990 trouve ses origines lointaines dans la porosité des frontières des pays de cette sous région donnant, à des conflits locaux, une « épaisseur » régionale en favorisant l’armement de la population villageoise, le déplacement des populations vers les pays voisins, le trafic d’armes et la criminalité. L’enjeu majeur de la frontière est bien sa sécurisation, indispensable pour juguler la nature fluide des conflits africains selon laquelle des groupes armées font de la frontière la base arrière de leurs actions déstabilisatrices des Etats voisins.

Le poids des logiques sociologiques pour expliquer la difficulté des forces armées à mener efficacement leur mission de contrôle des frontières est également à prendre en compte. La faiblesse de l’Etat et sa déliquescence au fur et à mesure que l’on s’éloigne des centres urbains pour aller vers la frontière, complique les missions de surveillance du territoire, auxquelles s’ajoute le primat des allégeances ethniques des communautés locales sur les allégeances civiques, trop lointaines pour la population de l’hinterland. Tous ces facteurs affaiblissent l’efficacité des armées en matière de contrôle du territoire et constituent des aspects prioritaires dans l’édification d’armées africaines refondées et réformées. Comme tel, le « territoire », lieu du conflit mais aussi de la normalisation et du développement, est à reconstruire comme objet sociologique et anthropologique et comme réalité pragmatique au cœur de l’engagement opérationnel de l’African Peacekeeper.

(1) Même si l’on peut retrouver dans l’histoire immédiate des conflits africains de rares succès du processus de DDRR comme au Mali avec la « Flamme de la paix ». En Côte d’ivoire, la réinsertion des combattants des Forces Nouvelles (ex-rébellion) dans les Forces armées nationales ivoiriennes (FANCI) est loin d’être un succès ; et pour cause : elle signe pour les « commandants de zones (comzones) » la cession de leur autorité sur une partie du territoire qu’ils administraient, les privant de facto du pouvoir personnel qu’ils détenaient et des richesses matérielles qu’ils se sont constituées. Les commandants de l’ex-rébellion les plus médiatisés sont Morou Ouattara (commandant la zone 1 de Bouna), Chérif Ousmane (commandant la zone 3 de Bouaké) et Wattao, chef d’état-major adjoint des Forces Nouvelles, restées fidèles au président de Côte d’Ivoire Alassane D. Ouattara.

(2) Source : Ministère de la défense et des anciens combattants de la RDC. Plan Directeur de la réforme.

(3) La Communauté des États d’Afrique de l’ouest (Cedeao), la Communauté économique des États d’Afrique centrale (Ceeac), l’Igad, la SADC (South African Development Community) et l’Union Africaine.

(4) FALL Hamédine, « Contrôle des frontières et criminalité transfrontalière en Afrique de l’Ouest », dans AYISSI Anatole et SALL Ibrahima (ed.) Lutte contre la prolifération des armes légères en Afrique de l’Ouest : Manuel de formation des forces armées et de sécurité, UNIDIR/2003/13, 2003.

Pologne : l’opposition manifeste à Varsovie contre les réformes de l’administration pro-UE

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Des partisans du parti Droit et Justice (PiS) se rassemblent pour protester contre la réforme des médias d’État et l’arrestation de l’ancien ministre de l’Intérieur et de son adjoint à Varsovie, le 11 janvier 2024. KUBA ATYS/AGENCJA WYBORCZA.PL / REUTERS

Des milliers de partisans du parti Droit et Justice (PiS) sont descendus dans les rues de Varsovie pour protester contre les réformes de la nouvelle administration de Donald Tusk.

Des milliers de manifestants sont descendus dans les rues de Varsovie jeudi 11 janvier pour protester contre les réformes, notamment dans les médias publics, décidées par la nouvelle administration pro-UE au pouvoir. La coalition dirigée par l’ancien président du Conseil européen, Donald Tusk, a évincé les populistes de droite du parti Droit et Justice (PiS) lors des élections d’octobre.

En décembre, les nouvelles autorités ont limogé la direction de tous les organismes publics de radiodiffusion, qui, selon elles, avaient diffusé la propagande du précédent gouvernement populiste et nationaliste. «La liberté de la Pologne est en jeu», a déclaré Jaroslaw Kaczynski, chef du PiS, à la foule rassemblée devant le bâtiment du Parlement, dans le centre de la capitale polonaise.

«Anarchie»

Il a été rejoint sur l’estrade par d’autres personnalités du PiS, dont l’ancien premier ministre Mateusz Morawiecki, qui a appelé ses partisans à «défendre la Pologne». «Nous étions censés assister à un retour à l’État de droit, mais ce que nous voyons, c’est l’anarchie», a déclaré Mateusz Morawiecki.

La manifestation a démarré peu après l’annonce faite par le président conservateur polonais sur le lancement d’une procédure de grâce concernant deux ex-députés populistes, dont l’ex-ministre de l’Intérieur, condamnés à deux ans de prison et incarcérés cette semaine.

Les deux hommes, Mariusz Kaminski et Maciej Wasik, ont été arrêtés mardi soir au palais présidentiel par la police où ils avaient passé la journée sur l’invitation du chef de l’État. Leur arrestation a provoqué de vives protestations de l’actuelle opposition. Les deux camps échangent des accusations de violations de l’État de droit.

(source: lefigaro.fr)

Ce que contient l’accord « historique » européen qui réforme la politique migratoire dans l’UE

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Les cinq nouveaux règlements réformant le système européen d’asile ont vocation à accélérer le traitement des demandes infondées, à venir en aide plus vite aux pays sous pression et à mieux contrôler qui arrive sur le territoire européen. FREDERICK FLORIN/AFP

Les eurodéputés et représentants des États membres sont parvenus ce mercredi à un accord sur un ensemble de mesures destiné à mieux gérer les flux migratoires vers l’Union européenne.

Bruxelles

Solidarité à la carte et procédures d’asile accélérées d’application presque immédiate une fois qu’ils auront été approuvés, les cinq nouveaux règlements réformant le système européen d’asile ont vocation à accélérer le traitement des demandes infondées, à venir en aide plus vite et plus substantiellement aux pays sous pression ou encore à mieux contrôler qui arrive sur le territoire européen et de quelle manière.

Ces nouvelles dispositions sont par ailleurs créées pour lutter contre l’instrumentalisation des flux migratoires par des États tiers. Alors que l’UE a enregistré cette année 355.000 arrivées irrégulières, les pays dits de première entrée comme l’Italie et la Grèce devront faire plus pour retenir les personnes n’ayant aucune chance de recevoir la protection.

En cas d’afflux massif ou d’instrumentalisation manifeste des migrants, comme ce fut le cas en 2021 à l’initiative de la Biélorussie, ces mêmes pays auront le droit de moins bien les accueillir.

Une solidarité obligatoire… À la carte

Les États membres s’étaient écharpés en 2015 sur l’obligation, imposée par la Commission Juncker, de relocaliser 160.000 migrants depuis l’Italie et la Grèce, ce qui n’a jamais été fait. L’accord vise à mettre fin à ces psychodrames et laisse à chaque État membre le soin de choisir comment il pourra aider. Il fixe tout de même un objectif de 30.000 relocalisations chaque année, et chaque pays membre qui ne voudra pas accueillir de demandeur d’asile devra payer 20.000 euros par personne concernée.

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L’UE devient le premier régulateur de l’IA dans le monde

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Des lettres de motivation générées automatiquement par Chat GPT, en passant par des lA utilisées pour des diagnostics médicaux, pour évaluer votre dangerosité ou votre droit d’entrée à l’université … l’intelligence artificielle est partout dans nos vies.

Mais jusqu’à présent, aucune loi ne l’encadrait ni ne nous protégeait de potentielles atteintes à nos libertés fondamentales, à notre santé, notre sécurité. Cela a changé vendredi dernier : l’UE a conclu un véritable marathon de négociations et s’est accordée sur l’IA Act, Le monde regardait : car jamais 27 pays ne s’étaient mis d’accord pour encadrer l’IA. Ces règles devront s’imposer aux géants de la tech…Mais ce texte n’est pas sans limites. On fait le point avec Laurence Benhamou, journaliste au sein du service qui couvre l’actualité du numérique de l’AFP, Angela Müller, de l’ONG Algorithm Watch et Gary Marcus, spécialiste américain de l’IA.


Alors qu’un compromis a été trouvé au sein de l’Union européenne dans la nuit de vendredi 8 décembre sur la régulation de l’IA, Le Meilleur des Mondes se penche sur ce texte réglementaire en construction depuis quatre ans, qui soulève de nombreuses questions.

❓ Peut-on réellement parler « d’avancée historique » ? ❓ Pourquoi ne peut-on accéder à aucun texte lié à ce projet de plusieurs années ? ❓ Comment s’est déroulé le travail législatif européen depuis 2019 ?

Des questions auxquelles tenteront de répondre les trois invités de François Saltiel :

🎙️ Raja Chatila, professeur de robotique, d’intelligence artificielle et d’éthique des technologies à Sorbonne Université

🎙️ Caroline Lequesne, maître de conférences en droit public à l’université Côte d’Azur (Nice), directrice du Master 2 en droit algorithmique et gouvernance des données

🎙️ Marianne Tordeux, directrice des affaires publiques de France Digitale, conseillère au CESE

Pologne : Donald Tusk, chef de file des pro-européens, élu Premier ministre par le Parlement

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Donald Tusk, chef d’une coalition des forces pro-européennes en Pologne, a été élu premier ministre lundi 11 décembre par un vote du Parlement. L’élection de l’ancien président du Conseil européen était quasiment assurée après l’échec du premier ministre sortant. Même si la coalition de forces pro-européennes a remporté les législatives du 15 octobre, c’est au pouvoir nationaliste sortant que le président Andrzej Duda, son allié, avait d’abord confié la tâche de constituer un gouvernement, retardant de près de deux mois la fin des huit ans du camp nationaliste populiste au pouvoir. Analyse.